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333. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Charles IV & Charles V. » pp. 38-59

Je vois dans ces mémoires ce Prince donner des marques fréquentes de religion, entendre la Messe, honorer les reliques, respecter le Pape, parler décemment des choses saintes, ce qu’on ne trouve point dans les mémoires de nos jours où l’on rougit de paroître chrétien, même à la mort. […] Il raconte qu’une de ses maîtresses, qui étoit très-vertueuse, & menoit loin du monde une vie édifiante, & qu’il eut la bassesse de séduire par ses assiduités & ses caresses, eut à peine perdu le goût de la piété, qu’elle courut au théatre où elle n’alloit jamais, & où la premiere fois elle s’augmenta & se fortifia si bien, qu’elle devint scandaleuse, & assure que c’est au théatre que beaucoup de femmes tendent les pieges les plus dangereux, & font les plus honteuses conquêtes ; qu’il y fut pris par une femme très belle & très parée qu’il vit dans les loges, & dont il devint éperdument amoureux, malgré la résolution qu’il avoit prise de renoncer à l’amour, à toute sa vie licencieuse, qui n’a été que l’imitation du théatre, n’a été que le fuit de ce qu’il avoit entendu. […] Ce motif, sans être mauvais, n’est pas dicté par la continence, & fait assez entendre que, si au lieu d’aller follement avec éclat le tenter dans l’Eglise, & lui faire des présens devant tout le monde, cette si belle créature avoit su cacher son jeu, on n’eût pas été insensible à ses charmes.

334. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

Quoi de mieux entendu que l’équitable contrat de société entre le Geolier & le Receleur, leur rivalité de délicatesse sur l’honneur de leur métier, sans préjudice du sincère dessein de se vendre l’un l’autre à la premiere occasion ! […] Racine lui-même, qui les arrosoit de ses larmes, qui les arrachoit à ses enfans, dont la femme n’a jamais voulu, ni les voir représenter, ni les entendre lire, Racine étoit bien éloigné d’en faire un livre classique : absurdité qu’un homme sage ne sauroit avancer. […] Après ce dialogue, que tout le monde entendit, le tonnerre ne fut pas bien effrayant.

335. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

N’ai-je pas entendu éclater l’Auditoire ? […] peut-on l’entendre sans hausser les épaules de pitié ? […] … c’est ce qu’il veut faire entendre. […] Tout ce qu’ils entendent de la bouche d’Hécube leur semble croyable, parce qu’ils en ont la preuve devant les yeux. […] Je n’ai pas besoin d’en dire d’avantage : on m’entend.

336. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Malheur sur ceux qui sont sages en eux-mêmes, et entendus en se considérant eux-mêmes ». […] Aussi les constitutions Ecclésiastiques défendent l’un et l’autre, tant d’être acteur, que d’être spectateur ; ce que nous entendrons plus particulièrement ès témoignages des Anciens que nous allons produire. […] D’où on peut entendre combien doit plaire à Dieu, celui qui jouit du bonheur des choses agréables, puisqu’il n’est pas même licite de se plaindre de celles qui sont désagréables. […] Par les Romains, il entend partout les sujets de l’Empire romain, pour les discerner des Goths et Vandales qui les ravageaient. […] Sans parties ouïes : sans ouïr les parties, c’est-à-dire sans entendre les arguments et part et d’autre.

337. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « LA PREMIÈRE ATTEINTE CONTRE CEUX QUI ACCUSENT LES COMÉDIES » pp. 1-24

Voilà ce que j’ai appris d’un livre qui est tombé en mes mainsd, où l’Auteur ressemble l’archer qui tire sans adversaire, mais il ne décoche sans but, car le sien est d’offenser ceux qui ne combattent jamais que pour trouver la vérité, et non pour l’honneur d’une victoire où l’ennemi n’a entendu la trompette pour se préparer au combat. […] Pardonnez à l’insuffisance de mon esprit, belle âme, qui en la comparaison de chose incomparable, n’avez semblable que vous : La similitude des pierres précieuses vous offense, elles ont leur être en la terre, et votre origine est au ciel, si ce n’est de celles d’Egypte qui naissent au plus haut de l’Ether : Vous en avez le feu et l’éclair étincelant, et moi pour vous honorer j’en tiens la constance, qui m’a fait entreprendre cette matière qui est une pierre de prix : Voyez que dans ma main elle sera brute en la terre, sans être en œuvre ; donnez-lui sa vraie feuille, la chaleur et le teint selon l’aspect de votre Soleil : affinez son lustre pour la faire étinceler sans nuage, cendre, noirceur, paille, filandre, poudre qui puisse permettre à la lime de mordre ou d’altérer qu’elle ne perde sa couleur qu’en votre flamme, pour se changer, comme le mauvais Saphir en un bon diamant : Et au lieu que j’en fais une Charite sans grâce, relevez-le de celles que vous tenez qui vous font esclaver, dominer et triompher des âmes plus parfaites, pour ne parer vos trophées de dépouilles éteintes en ce combat qui est plus glorieux que ceux de Jupiter, d’Apollon, de Palémon, et d’Archémore : aussi en avez-vous un prix plus excellent que l’olivier, le pommier, l’ache, et le pin : car vous en rapportez les couronnes immortelles qui n’étaient dues qu’aux immortels : et décochant par paroles les sagettes des Muses, comme un second Anthée vous reprenez nouvelles forces, non pas en touchant la terre, mais en vous élevant au ciel, où vos propos nous ravissent, non sur les ailes d’or d’Euripide, mais sur les célestes de Platon, qui portent nos désirs jusques au lieu où la vertu fait sa demeure, nous rassasie du délicieux miel de Python, du nectar de Calliope, purifie nos oreilles, éclaire les yeux de notre esprit humecte nos âmes d’une rosée dont la douceur éteint toute amertume, et ne nous laisse que le regret de voir beaucoup d’hommes mal nésk, qui pour entendre la mélodie Phrygienne ne sont pas atteints d’une divine fureur : mais comme le Temple des Euménides en Athènes rendait frénétique celui qui n’y apportait le respect qui était dû, le vôtre a eu la même propriété : et ainsi que Lycaon fut changé en loup, vous les avez fait transformer en bêtes hurlantes.

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