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222. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien cinquieme. Le danger de la Comedie en particulier, decouvert par le R. P. F. Guilloré de la Compagnie de Jesus. » pp. 67-79

Ils en ont été les organes, & les interprétes, pour dire plus clairement à tous les Chrétiens, ce que les saintes Ecritures n’ont dit souvent, que soüs des ombres ; c’est donc eux, qu’il faut écouter, quand il est question de bien faire le discernement des choses douteuses ; Et c’est eux aprés l’Evangile, que Dieu nous a donnez, pour être la juste regle de nos actions. […] C’est à vous de voir si en bonne conscience l’on peut faire contre les sentimens & les décisions de ceux, que Dieu a donné à l’Eglise, pour ses Docteurs. […] Ce qui fait mieux voir encore l’indignité de ce grand desordre, c’est que l’on donnera plus d’argent une seule fois, pour une place, & pour une loge à la comedie, qu’on n’en donnera toute une année, pour avoir place au Sermon. […] N’est-ce pas en quelque maniere donner l’avantage à un Comedien, pardessus les Députez, & les Ambassadeurs du Ciel ? […] Mais aujourd’huy, soûs ce pretexte trompeur, que le Theatre n’a plus rien, qui blesse ouvertement l’honnêteté, bien des ames innocentes y sont attirées, comme les autres, ne pensant qu’à se donner simplement le divertissement d’un spectacle, que l’on dit être maintenant innocent.

223. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « APOSTILLE » pp. 33-57

Le roi, qui fait tant de choses avantageuses pour la religion, comme il l’avoue lui-même, ce monarque qui occupe tous ses soins pour la maintenir, ce prince sous qui l’on peut dire avec assurance que l’hérésie est aux abois et qu’elle tire continuellement à la fin, ce grand roi qui n’a point donné de relâche ni de trêve à l’impiété, qui l’a poursuivie partout et ne lui a laissé aucun lieu de retraite, vient enfin de connaître que Molière est vraiment diabolique, que diabolique est son cerveaul, et que c’est un diable incarné ; et, pour le punir comme il le mérite, il vient d’ajouter une nouvelle pension à celle qu’il lui faisait l’honneur de lui donner comme auteur, lui ayant donné cette seconde, et à toute sa troupe, comme à ses comédiens. […] Il ne peut dire le contraire sans démentir ses propres ouvrages ; et après avoir dit que le roi fait tant de choses pour la religion, (comme je vous l’ai marqué par les endroits tirés de son livre et qui servent à le condamner), il ne peut plus dire que Molière est un athée, puisque le roi, qui ne donne ni relâche ni trêve à l’impiété, a reconnu son innocence. […] Il faudrait bien avoir perdu le jugement pour ne lui pas donner ce nom, puisque c’est là justement ce qui fait un athée. […] Puisqu’il m’a donné occasion de parler de Tartuffe, vous ne serez peut-être pas fâché que je dise deux mots en sa défense et que je combatte tout ce que les faux dévots ont dit contre cette pièce. […] L'expérience en fait foi : nous en avons depuis peu vu deux de suite à Paris, et, bien que la dernière fût plus considérable que l’autre, elle n’a trouvé, parmi la grande foule du peuple, que fort peu de gens qui se soient voulu donner la peine de la regarder.

224. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Rousseau, le conseil le plus dangereux qu’on put nous donner. […] a-t-il donné un coup de pinceau pour l’adoucir et le colorer ? […] Ces désirs, la nature les donne, elle sait bien les réveiller. […] Rousseau donne à la pudeur. […] C’est la leçon qu’il lui donnerait, et cette leçon est celle du théâtre.

225. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

quelles forces il donne ! […] donne-t-elle la vie à l'âme ? Ne serait-ce pas plutôt l'âme qui anime le corps et lui donne la vie ? […] Et on donnera cette pièce pour un modèle de religion ! […] On ne saurait guère donner d'une femme une idée plus affreuse.

226. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIII. Si les Comédiens doivent prendre le titre de Compagnie. » pp. 122-128

Les idées qu’on attache aux mots d’une langue, étant fondées sur une convention générale entre une ou plusieurs nations, il est visible qu’on ne peut y donner atteinte, sans jetter ces peuples dans une confusion dangéreuse & presque sans reméde. […] Les mauvaises acceptions qu’on s’est accoutumé à donner à un terme, empêchent qu’on ne lui en donne de bonnes. […] C’est lui qui désespére l’Etranger, par les peines qu’il lui donne, de réunir, sous une même expression, plusieurs idées contradictoires.

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