Songez, dit-il pag. 6. de ses maximes, &c si vous jugez digne du nom Chrétien, de trouver honnête la corruption réduite en maximes, dans les Opéra de Quinault… Pour moi, ajoute-t-il, je l’ai vu cent fois, déplorer ces égaremens. […] Augustin étoit assurément, un génie rare, un homme des plus célébres ; croyez-vous, Madame, que ceux, qui seroient les organes de ses désordres, dont il a fait pénitence ; de ses écarts, dont il a pleuré pendant le reste de sa vie ; de ses erreurs, qu’il a rétractées ; croyez vous, dis-je, que de tels organes fussent bien utiles, & bien dignes de considération. […] Mais, Madame, combien de personnes, dont la conduite nous paroit fort regulière, & qui, devant Dieu, sont jugées dignes des supplices éternelles ? […] Ce n’est donc pas seulement la fréquente communion, qui sanctifie ; mais la digne & fréquente communion. […] Illicites & criminels, parce qu’on n’y enseigne que l’ambition ; l’amour & les fureurs sont des passions dignes des grands cœurs ; comme dans Messala à Titus.
Cette conduite étoit digne d’un Prince dont la corruption est si connue. […] Et ils l’ont soutenue avec un zele digne de la Doctrine hétérodoxe qu’on leur a si souvent reprochée. […] Ils ont la force d’enlever les esprits, & le pouvoir de remuer les cœurs ; mais ces talens ne sont dignes d’éloges, que par le bon usage qu’on en fait. […] Ceux donc qui s’efforcent de confondre ces caracteres différens, de les effacer s’il se peut, & de les changer, ne sont-ils pas dignes de toute sorte de blâme ? […] Je doute que les Sibarites aient eu des Spectacles plus dignes de leur mollesse, & des passions auxquelles ils s’abandonnoient….
Voilà, me dis-je à moi-même, des hommes qui se damnent de propos délibéré pour me divertirn. » Quand même on ne prendrait aucun mal à la représentation des pièces théâtrales, ne se rend-on pas coupable en contribuant à entretenir les autres dans une profession frappée des anathèmes de l’Eglise, et digne de l’être par la vie scandaleuse et libertine de la plupart de ceux qui l’exercent, par tous les désordres secrets ou publics dont ils sont la cause ?
» « Songez, » dit Bossuet, « si vous jugez digne du nom de chrétien de trouver honnôte la corruption réduite en maximes dans les opéras de Quinault avec toutes les fausses tendresses et toutes les trompeuses invitations à jouir du beau temps de la jeunesse, qui retentissent partout dans ses poésies. […] Le saint nom de Dieu invoqué, voulant selon notre devoir pastoral écarter les piéges et les obstacles qui se multiplient au salut des âmes et réprimer, s’il est possible, cette passion effrénée pour le théâtre, conformément aux dispositions des SS. canons et aux règlements de plusieurs saints et dignes évêques, nous défendons aux fidèles de notre diocèse l’assistance aux théâtres, laquelle vu les grands dangers auxquels elle les expose, est un péché grief.
Et pourquoi affecte-t-on de mettre de tels discours dans la bouche de ces personnages qu’on nous représente d’ailleurs comme dignes de notre estime, sinon pour nous persuader que l’amour n’est pas aussi condamnable que l’Evangile veut nous le faire croire ; qu’il est ou un penchant légitime de la nature, ou tout au plus une foiblesse pardonnable, puisqu’enfin c’est celle des héros ? […] Rien n’honore plus l’humanité, rien n’est plus digne du Christianisme que de pareilles dispositions.