Ces deux solennités si différentes, pour faire mieux sentir l’esprit qui les anime, sont quelquefois mises en contraste dans le même jour et le même lieu ; car dans bien des villes, sans aucun égard pour la décence, on a bâti les théâtres auprès des Eglises : les deux foules, dont l’une va prier et l’autre offenser Dieu, se croisent et s’embarrassent ; et si l’office est un peu prolongé, comme il arrive certains grands jours, le chant des psaumes et les violons de l’orchestre se troublent mutuellement, et dans un concert très irréligieux, forment des dissonances plus insupportables à un cœur chrétien qu’à une oreille délicate. […] « Quoique d’une religion différente, dit la loi, ils ne connaissent point nos fêtes, ils doivent les respecter et s’abstenir du théâtre. » Sur ce principe on les obligeait de s’abstenir des œuvres serviles.
Ne sont-ce pas là autant de sources où l’Acteur puise les différentes qualités de son action ; d’où ses mouvemens coulent dans un dégré de chaleur, d’énergie ou de modération, toujours proportionné aux modéles que le Poëme lui offre, & combiné avec le caractère écrit des personnages ?
Deux idées trop différentes pour qu’elles ne s’affoiblissent pas réciproquement.
Les deux héros ridicules, Dom Quichotte & Sancho Pansa, tantôt foux, tantôt raisonnables par intervalles, font les actions & tiennent les discours les plus insensés, & bientôt après les plus sages, & même pieux : ce sont comme deux livres différens mêlés & confondus.
Il serait à souhaiter qu’il en fut aussi à couvert dans ses différentes parties.