Un plaideur persuadé de la bonté de sa cause, refusoit toutes les propositions d’accomodement, il va voir son rapporteur, chez qui enfin, après une douzaine de visites inutiles, il fut admis dans l’antichambre, il y attendit long-tems, enfin impatienté, il s’approche de la porte de la chambre où il entendoit du bruit, regarde par quelque fente, & voit son Juge en chemise, avec un danseur de la comédie, qui lui apprenoit à cabrioler & à danser sur la corde ; il y revient plusieurs fois pour s’en bien assurer, il s’enfuit aussi-tôt, & courut chez ses parties accepter les propositions qu’il avoit refusées, & s’accomoda.
Les femmes qui dansent se servent elles-mêmes de tabourins flûteurs & menétriers, ce qui est encore pis, puisque leur bouche est polluée par les chansons dissolues ; elles mêmes s’en excitent davantage au péché, & les hommes semblablement par le son de ces airs tendres & lubriques & dangereux ; combien l’est-il davantage quand ces notes sont jointes au chant ?
Si les jeunes gens vont danser dans la place publique, ce bal n’est point du tout de la cérémonie, & la Rosiere n’y paroît pas, Salenci n’est pas un théatre, la fête de la Rose n’est pas une comédie, la Rosiere & ses compagnes ne sont pas des actrices.
L’histoire Romaine parle d’un Scaurus, qui avec une dépense énorme avoit fait dresser un théatre singulier que de gros leviers faisoient tourner, pour présenter à l’amphitéatre, tantôt la salle à danser, tantôt la scène à jouer, &c.
Ce fut une vraie comédie de voir Naudé danser à la Romaine, & d’entendre Meibomius chanter à la Grecque.