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71. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Car ce que je puis encore compter parmi les divertissements criminels, et ce que je mets dans le même rang, ce sont ces histoires fabuleuses et romanesques dont la lecture fait une autre occupation de l’oisiveté du siecle, et y cause les mêmes désordres ; entretien ordinaire des esprits frivoles et des jeunes personnes : on emploie les heures entieres à se repaître d’idées chimériques, on se remplit la mémoire de fictions et d’intrigues toutes imaginaires, on s’applique à en retenir les traits les plus brillants ; on les sçait tous, et les sçachant tous on ne sçait rien. […] Principe de mille malheurs, et passion que je ne puis trop fortement combattre, puisqu’elle est la source de tant de désordres. […] Voilà le désordre de l’iniquité la plus criante : parce qu’on ne peut pas acquitter ses dettes si l’on joue, ou qu’on ne peut jouer, si l’on acquitte ses dettes, on laisse languir des créanciers, on se rend insensible aux cris de l’artisan et du marchand, on use d’industrie et de détours pour se soustraire à leurs justes poursuites et pour leur lier les mains ; on les remet de mois en mois, d’années en années, et ce sont des délais sans fin ; on n’a rien, dit-on, à leur donner, et néanmoins on trouve dequoi jouer. […] Quand votre vie seroit exempte de tous les autres désordres, ce seroit toujours assez de celui-ci pour vous condamner. […] Je ne m’explique point, mes chers Auditeurs, et je dois ce respect au saint lieu où nous sommes assemblés ; tel est le désordre que la pudeur même m’oblige de le taire, et qu’on ne peut mieux vous le reprocher que par le silence.

72. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « introduction » pp. 175-177

La comédie que j’entreprends de combattre aujourd’hui est de ce dernier genre, j’y joins le bal, ce sont des divertissements pernicieux dont il se faut absolument priver, pour cet effet je vous en ferai voir les désordres, et en même temps son opposition aux maximes de notre sainte religion, c’est ce que je traiterai dans mon premier Point, et dans le second je réfuterai les principales objections qu’ont coutume de faire pour la défense du théâtre et du bal, leurs partisans.

73. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — X.  » pp. 464-465

C'est pourquoi quelque soin que l'on prenne de séparer de la Comédie et des Romans ces images de dérèglements honteux, l'on n'en ôtera jamais le danger, puisque l'on y voit toujours une vive représentation de cette attache passionnée des hommes envers les femmes, qui ne peut être innocente; et que l'on n'empêchera jamais que les femmes ne se remplissent de l'objet du plaisir qu'il y a d'être aimées et d'être adorées d'un homme ; ce qui n'est pas moins dangereux ni moins contagieux pour elles que les images des désordres visibles et criminels.

74. (1675) Traité de la comédie « XI.  » pp. 288-289

C'est pourquoi, quelque soin que l'on prenne de séparer de la Comédie et des Romans ces images des dérèglements honteux, l'on n'en ôtera jamais le danger, puisque l'on y voit toujours une vive représentation de cette attache passionnée des hommes envers les femmes, qui ne peut être innocente; et que l'on n'empêchera jamais que les femmes ne s'y remplissent du plaisir qu'il y a d'être aimées et d'être adorées d'un homme ; ce qui n'est pas moins dangereux, ni moins contagieux pour elles que les images des désordres visibles et criminels.

75. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Ajoutons : si quelqu’un approuve le théâtre, ce ne sera pas ce fameux Orateur de Rome, homme d’une prudence si profonde & d’un discernement si exquis, qui citant nommément les auteurs les plus graves de la Grece & leurs pieces les plus sérieuses, attribuoit au plaisir qu’on prenoit à les voir représenter & à les lire, tous les déréglements de l’esprit & tous les désordres du cœur. […] Ensuite, quand vous entendrez les saintes Loix de l’Evangile, la pureté, l’austérité de sa morale combattues par tout ce que les maximes du monde ont de plus séducteur : vous entendrez ces héros de l’Antiquité, ces héros mêmes de la Religion traiter tout penchant de nécessité, de destinée invincible ; nommer devoir, appeler vertu, le désordre des sens & l’yvresse d’une ame qui s’y livre ; ce que la morale appelle crime, l’ériger en bonheur ! […] Allez à présent, sur-tout, allez dans vos sociétés particulieres les donner devant vous, & pour peut-être vous donner vous-mêmes devant eux en spectacle : amusement nouveau, nouvel artifice mis à la mode dans notre siecle ; sans doute pour arracher tout-à-fait un reste de répugnance qu’on avoit jusqu’à présent conservé pour le théâtre & ses acteurs ; mais sur-tout, infaillible moyen de rendre la séduction plus certaine encore & plus prompte, en imprimant plus fortement des passions, dans lesquelles on est obligé de mieux entrer pour les représenter soi-même ; en donnant plus de liberté & de hardiesse à parler le langage de la volupté ; en mettant dans l’occasion la plus prochaine d’inspirer & de prendre des sentiments, mieux réglés peut-être dans leur objet, mais aussi déréglés dans leur principe ; & communément plus dangereux encore dans leurs suites : désordre contre lequel nous ne voyons pas que se soient élevés les saints Docteurs, sans doute parce que les Chrétiens de leur siecle en étoient incapables ; mais désordre que nous avons la douleur de voir déploré par des sages du Paganisme, comme le présage le plus certain de le prochaine & de l’entiere décadence des bonnes mœurs. […] C’est quelque-fois un jeune dissolu plongé dans le désordre ; c’est un vieux Mondain qui va y rechercher l’image de ses anciennes miseres & tâcher d’y rallumer les étincelles du feu qui l’a brûlé ; c’est une femme livrée aux plaisirs, esclave de ses sens, idolâtre d’elle-même.

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