On le joua, je crois, en 1680 ; on donnait douze francs pour entrer au parterre ; & malgré ce prix éxcessif, on y courait en foule. […] il serait absurde de le croire. […] Je crois qu’à présent on peut se dispenser de faire des Prologues, s’ils n’ont un certain rapport avec l’action du Drame qu’ils précèdent. […] Il n’est pas, je crois nécessaire d’èxpliquer ce qu’on entend par Tragédie au Théâtre de l’Opéra. […] Rousseau n’a pu nous faire croire qu’un Théâtre pour lequel il travailla avec succès fût aussi méprisable qu’il a voulu le persuader, sans doute par modestie.
Mais si des spectacles amusants et peu coûteux le captivent, qui sera assez hardi, assez imprudent pour croire qu’il abandonnera ce plaisir, pour aller s’occuper de projets dangereux qui l’en priveraient sans doute. […] Croyez-vous ces moyens impuissants pour assujettir les Comédiens ? […] Je me suis assis quelquefois sur les bancs du Collège de Cambrai, j’ai même barbouillé grosse et minute chez le Procureur ; je puis donc me croire un petit Solon, et vous le faire croire aussi. […] Puisque j’ai le même droit que vous, puisque j’ai tous les titres que vous croyez suffisants pour être aussi Législateur, je casse votre Cour d’honneur si elle ne suit pas les documents que je vais lui prescrire. […] Le véritable Philosophe alors fut Alexandre, puisqu’il ne se fâcha pas, et je crois qu’il est très louable d’avoir mieux aimé être Alexandre, qu’un Diogène.
Vous m’allez demander peut-être qui l’a donc si fort ruiné : je ne crois pas que le Docteur Molière y ait perdu ses soins ; il a par ses belles leçons mis les maris sur un certain pied de commodité, qu’ils sont les premiers à faire les honneurs de leurs femmes, quand elles-mêmes n’ont pas la charité de leur en épargner le soin : voilà peut-être un des endroits où Molière a le mieux réussi, et sur lequel sa morale a fait le plus de progrès ; car je crois que c’est sur Molière que vous voulez faire tomber toutes ces belles œuvres que la Comédie a faites. […] N’allez pas tousser au moins, Monsieur, comme si je passais à mon second point : je n’ai garde d’entreprendre sur le métier des Prédicateurs, quoique les Satiriques, au moins de certains, se croient tout permis. […] Mais croyez-moi, Monsieur, une Madelaine contrite, et qui n’a plus d’autre miroir que la mort, et des Vierges, dont le seul aspect prêche l’humilité, tout cela n’amorce point les libertins comme l’essor d’une Poésie amoureuse, quelque chastement que vous la puissiez traiter. […] Mon zèle m’a mené plus loin que je ne croyais, Monsieur, et votre patience aura plus à souffrir que vos arguments d’un fatras de paroles qui se sont amassées insensiblement sous ma plume.
Ils croient par un erreur étrange, et digne de larmes, qu’ils ne célèbreraient pas dignement ces Fêtes, s’ils ne les passaient dans les festins et dans la débauche, et s’ils renonçaient à ces divertissements si contraires à l’honneur de Dieu, et à la piété de son Eglise ; comme si la solennité des Fêtes que l’Eglise n’a instituées que pour honorer les Saints, suivant la doctrine du Concile de Trente, ne consistait que dans le luxe et dans les plaisirs sensuels. […] Il ne m’est donc point permis, très saint Père, de garder le silence, principalement après l’exemple de saint Charles, qui sur le même sujet des danses et des spectacles, a travaillé si constamment, et si fidèlement pour arracher les coutumes opposées à l’esprit Chrétien, qui s’étaient introduites dans son Diocèse ; et pour assujettir son peuple aux règles des Saints, et à la discipline de l’Eglise : et sa pensée n’était pas, lorsqu’il agissait dans cette réformation particulière, avec tant de fermeté, de vigueur, et de force, de procurer un moyen de perfection aux fidèles, que Dieu avait soumis à sa conduite ; mais il a cru qu’il s’agissait dans cette occasion de son salut, et de celui de ses Diocésains ; et qu’il était indispensablement obligé d’employer toute son autorité pour ôter les abus qu’il combattait. […] Et mon dessein aurait heureusement réussi pour la gloire de Dieu, et pour le bien des âmes, n’eût été l’exemple d’une permission, qu’on dit avoir été accordée à la ville d’Alatre, voisine de mon Diocèse, contre une ordonnance semblable à la mienne, et comme l’on croit sans que votre Sainteté en ait eu aucune connaissance ; En vertu de laquelle concession, néanmoins, le peuple de cette ville croit pouvoir en sûreté de conscience persévérer dans sa mauvaise coutume, de célébrer la fête de saint Sixte Pape et Martyr, qui est le Patron de ce lieu, en dansant, et en assistant à d’autres semblables spectacles. […] C’est pour cela, très Saint Père, que j'ai cru vous devoir écrire avec confiance ce peu de mots, et vous envoyer à même temps un excellent ouvrage, composé par saint Charles Borromée, qui porta Grégoire XIII. prédécesseur de votre Sainteté, à qui saint Charles même le fit voir, à terminer les contestations qui troublaient sur ce sujet la ville de Milan, par ses Lettres Apostoliques ; et à défendre même dans Rome, comme nous lisons dans la vie de saint Charles, et les masques, et toutes sortes de spectacles les jours des Fêtes, et les Vendredis.
Je crois que, depuis quelques années, les auteurs dramatiques travaillent trop rapidement. […] A la voir ainsi fourrée partout, on croirait que le peuple ne veut rien autre chose. […] Voilà cependant, (qui le croirait) ? […] Aussi croyons-nous qu’il y a des spectacles d’un genre à ne pas convenir aux femmes même. […] Vous n’en voyez pas un qui ne se croie assez de talent pour composer des pièces pareilles à celles dont il est spectateur.