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74. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Triomphe. » pp. 112-160

Il estoit revestu d’une Robe de Pourpre, toute brodée & toute couverte d’estoiles d’or, ou mesme quelquefois on écrivoit en Lettres d’or, appliquées par le Brodeur, les faits & la vie du Vainqueur. […] Il arriva pourtant quelquefois que le Senat se rendit separément au Capitole, & que les Captifs affranchis & sauvez suivoient le Char, sans chaînes & sans crainte d’estre immolez à la gloire du Vainqueur comme les autres : Mais ils en estoient distinguez, seulement par leurs testes rasées & couvertes d’une espece de bonnet & de chapeau, comme pour donner à entendre qu’ils estoient à couvert des souffrances de la servitude. […] T oute cette affluence de Vainqueurs & de Vaincus, alloient en cet ordre, & passoient de la Porte Triomphale par *le Marché couvert, & le long de la Voye sacrée jusqu’au Capitole : Là, on immoloit les Victimes destinées, & par mille Sacrifices & mille chants & ceremonies de ioye, on rendoit graces à Iupiter des succez qu’il avoit accordez au Vainqueur.

75. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

Donc pour le joindre de près, il suffira d'expliquer ici que jamais l'impudence de la débauche n'inventa rien de plus détestable que ces jeux, et que l'honnêteté n'en peut souffrir le discours ni la pensée ; il ne se trouva point de gens assez effrontés capables de divertir le peuple par bouffonneries, par Danses, par grimaces, par le récit de toute sorte de lascivetés, par l'image des actions que l'iniquité couvre même de la nuit et du silence, dont le peuple ne voulût composer cette horrible dévotion. […] « Flore ayant acquis de grandes richesses par ses débauches, fit le Peuple Romain son héritier, et ordonna une certaine somme, dont les intérêts seraient employés tous les ans à la célébration du jour de sa naissance, pour la dépense des Jeux qu'ils nommèrent Floraux ; et parce que les Romains ne les trouvaient pas honnêtes, ils leurs donnèrent son nom, afin que la turpitude fût couverte de quelque apparence d'honneur, et feignirent qu'elle était la Divinité des fleurs qu'il fallait avoir favorable, afin que les arbres et les plantes pussent heureusement fleurir et fructifier ; et c'est cette Nymphe nommée Claris Epouse de Zéphire, dont parle Ovide en ses Fastes.

76. (1666) Réponse à la lettre adressée à l'auteur des Hérésies Imaginaires « Ce I. avril 1666. » pp. 1-12

Vous vous êtes souvenu qu’on avait dit quelque part, que « le soin qu’on prend de couvrir des passions d’un voile d’honnêteté ne sert qu’à les rendre plus dangereuses »j  ; et sans savoir trop bien ce que cela signifie, vous avez cru que vous vous sauveriez par là, comme si, en retranchant les libertés des comédies de Térence, on avait rendu les passions qui y sont représentées plus dangereuses en les couvrant d’un voile d’honnêteté. […] Couvrir les passions d’un voile d’honnêteté, ce n’est pas ôter d’un livre ce qu’il y a d’impur et de déshonnête. […] Mais d’ailleurs ce n’est pas par ces passions couvertes et déguisées que Térence est dangereux, surtout dans les comédies qu’on a traduites, il y a des délicatesses admirables, mais elles ne sont pas de ce genre-là, et dès qu’on en a retranché ce qu’il y a de trop libre, il n’est plus capable de nuire.

77. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

où Cicéron, le sauveur de la république, Cicéron, de tous ceux qui portèrent le nom de pères de la patrie, le premier qui en fut honoré et le seul qui le mérita, nous est montré comme un vil rhéteur, un lâche : tandis que l’infâme Catilina, couvert de crimes qu’on n’oserait nommer, prêt d’égorger tous ses magistrats et de réduire sa patrie en cendres, fait le rôle d’un grand homme, et réunit par ses talents, sa fermeté et son courage, toute l’estime des spectateurs ? […] On y apprend à ne couvrir que d’un vernis de procédés la laideur du vice, à tourner la sagesse en ridicule, à substituer un jargon de théâtre à la pratique des vertus, à mettre toute la morale en métaphysique, à travestir les citoyens en beaux esprits, les mères de famille en petites maîtresses, et les filles en amoureuses de comédie. » Aussi, dit Houdar de La Mothead, « nous ne nous proposons pas en composant des pièces de théâtres d’éclairer l’esprit sur le vice et sur la vertu, en les peignant de leurs vraies couleurs ; nous ne songeons qu’à émouvoir les passions par le mélange de l’une et de l’autre, et les hommages que nous rendons quelquefois à la raison ne détruisent pas l’effet des passions que nous avons flattées. […] Qu’on ait donc soin d’inculquer de bonne heure aux jeunes gens qu’ils ne sont point faits, comme de vils animaux, pour se procurer des sensations voluptueuses ; que leur raison est le flambeau qui doit les éclairer ; que cette raison, épurée par la religion, dicte des devoirs ; que la satisfaction qui provient des actions vertueuses est le plus grand de tous les plaisirs, et le seul permanent ; qu’un homme qui néglige sa raison est plus à craindre que celui qui renoncerait volontairement à l’usage de ses yeux ; qu’il est aussi impossible d’être heureux avec une âme souillée de vices, que de se bien porter avec un corps couvert d’ulcères ; que la science est la source des biens, comme l’ignorance est la source de tous les maux. » « On nous dira peut-être que le théâtre épuré par le goût et la décence est devenu pour les modernes une école de mœurs.

78. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Le moyen de ne pas croire les élans de ces hommes sincères, l’abondance les couvre de ses aîles. […] Pauline couverte du sang de son Epoux abandonne les faux Dieux ; Félix frappé d’un rayon de lumière, sent entrer dans son ame le pouvoir des Vertus chrétiennes. […] Eut-on jamais cru que la mal-propreté aurait mis le sexe à couvert de la médisance ? […] Cosme lui commanda alors de lever le tapis qui couvrait le corps du Cardinal, dont les plaies dégoûtaient encore de sang. […] S’il y avait de l’infâmie pour ceux qui représentaient journellement, l’infâmie couvrait également ceux qui le faisaient pour leur plaisir.

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