Les uns n’exercent aucune surveillance sur eux ; il les abandonnent à tous les désirs de leur cœur ; les autres, plus coupables encore, les y poussent aveuglément. […] Paul : Ceux qui font le mal et ceux qui l’autorisent par leur consentement, sont devant Dieu coupables du même péché. […] Un grand théologien des derniers temps, que l’Église vient de mettre au nombre des saints, saint Alphonse de Liguori, ne craint pas de regarder comme coupables de péché mortel ceux qui assistent aux très-mauvais spectacles. Écoutons Benoît XIV, un des plus grands et des plus savants Pontifes que l’Église ait eus ; « bien loin, dit-il, que les partisans de la morale même la plus relâchée exemptent de péché mortel les ecclésiastiques qui osent aller à de telles comédies, ils décident unanimement que les laïques même ne peuvent presque jamais y assister sans se rendre coupables d’un péché grief. […] Quel jugement terrible n’aurez-vous donc pas à craindre dans vos derniers moments pour vous être rendus coupables devant Dieu de toutes les suites funestes, que le goût du théâtre aura produites dans vos enfants ?
On ne doit pas calomnier même les coupables, la représentation dans l’Eglise est une fausseté ; il y avoit des salles exprès pour les spectacles. […] Je ne crois pas ces représentations convenables, elles nuisent aux mœurs, inspirent l’esprit du monde, donnent, le goût des spectacles, dissipent la jeunesse, lui font perdre beaucoup de tems, quoique moins rapidement & moins griévement que le théatre public ; mais il ne faut pas envénimer les choses même mauvaises, & calomnier même les coupables, même les Jésuites, quelque haine qu’on aie pour eux. […] C’est à-dire, des Saints qui ont vécu renfermés, rapporte, d’après quelques auteurs qu’il cite, que de deux comédiens fort unis d’amitié, l’un se convertit, & sans rien dire, alla s’enfermer dans une caverne, pour y faire pénitence ; son compagnon inconsolable, le chercha de tout côté, & enfin l’ayant trouvé, après plusieurs jours de sollicitation, le détermina à quitter sa prison, & à revenir dans le monde ; celui ci lui dit en chemin, qu’il avoit laissé dans un coin de la caverne, une somme d’argent, ramassée des aumônes qu’on lui avoit faites, je vais la chercher, dit le premier, & retourna dans la caverne ; son compagnon le suivit, & l’enferma, lui déclarant qu’il n’en sortiroit plus, qu’il faloit se résoudre à faire pénitence comme lui, puisqu’il n’étoit pas moins coupable ; il se passa plusieurs jours pendant lesquels il lui portoit à manger, sans pouvoir l’y déterminer. […] Poinsinet dans sa traduction du Plutus d’Aristophane, s’en déclare l’apologiste, d’après le sieur Diderot, dans le traité de l’art dramatique, ils la croient très-utiles aux mœurs, parce qu’elle previendroit le crime ou corrigeroit le coupable, par le ridicule. […] Tout a été soumis, la Magistrature a respecté en silence, les coupables ont obéi, le Seminaire même a reçu l’ordre des Dames, leur triomphe a été complet ; jamais encore un Supérieur de Seminaire n’avoit reçu d’ordre d’un tel Evêque, ni donné de certificat de séjour pour un tel sujet ; mais les Seminaires se soustraisent ils à la jurisdiction des Dames ?
Et, s’il est coupable il est toujours puni. […] Enfin, si Corneille est coupable, il est plus à redouter dans la solitude d’un cabinet, que dans la cohue du théâtre.
le savait-il, qu’il jugeait la vertu, s’immolant pour un coupable !
Sa personne est sacrée, et nul n’a le droit d’y attenter, sans encourir les anathèmes prononcés par les lois ecclésiastiques, contre les prêtres et les laïques qui se rendraient coupables d’un crime aussi infâme.