Quel compte doit-on donc renir à la comédie d’une pruderie de paroles qui n’est que le sauf-conduit & la gaze légère de ses mauvaises mœurs, parce que les grossieretés étant passées de mode, elle est obligée, pour n’être pas choquante, de donner un coup de rabot à ses termes, hypocryte vernis d’obscénité, dont le tartuffe se dédommage par la plus grande dépravation, & dont il secoue le joug toutes les fois qu’il trouve jour à s’en débarrasser ?
Parmi bien de vains efforts qu’il faisoit pour se dégager, il raconte que dans les Ouvrages qu’il a donnés il insinue la nécessité de réformer les abus du théatre, mais que crainte de déplaire, il avoit si bien enveloppé ses idées, que personne ne s’en étoit apperçu, & ne lui en savoit mauvais gré ; qu’enfin il lève le masque, puisque retiré du théatre il peut le faire sans risque ; & propose à découvert la nécessité de la réformation. rIl avoue sincèrement que la vraie réformation seroit de le supprimer tout-à-fait, il convient de tout ce qu’on a écrit contre lui, mais que ne lui appartenant pas de le prendre sur ce ton, & de fronder l’autorité publique, qui le tolère par des raisons qu’il doit respecter, & ne pouvant d’ailleurs espérer qu’on frappe jamais un si grand coup, il se tourne du côté de la réforme, pour diminuer du moins le mal, & tirer quelque bien du spectacle, ce qu’il ne croit pas impossible.
Gaussin : dans son Printemps, ce fut la plus belle des Grâces ; c’était Cypris, durant son Eté ; l’Hiver parut, elle ne fut plus que Psyché enlaidie, succombant sous les coups de Tisiphone.
Mais vous n’avez pas songé à tant de choses, et vous êtes venu dire tout d’un coup.
Un Magistrat, père du peuple, vengeur des crimes, protecteur des bonnes mœurs, interprète des lois, oracle d’une province, dont la sagesse, la modération, la décence font le caractère, qui tient à un Corps respectable, qui remplit les plus importantes fonctions, sur qui le public a les yeux fixés, à qui il doit son respect et sa confiance, est sans doute plus que personne obligé d’édifier : les scandales portent des coups mortels sur les cœurs.