Jean Chrysostome1, qu’on est le plus éloigné de tout ce qui peut blesser la pudeur, il en coûte tant pour se conserver dans la pureté que Dieu exige de nous, de quel naufrage n’est-on pas menacé lorsqu’on s’expose sur la mer orageuse du Théâtre, & qu’on ajoute à l’inclination naturelle, l’art & l’étude de la volupté ? […] La fureur des Duels vient de l’opinion fausse que l’on doit conserver son honneur aux dépens de la vie de quiconque ose le flétrir, & pour le réparer, qu’il est indispensable de tuer un agresseur : or, cette opinion, aussi contraire à la raison qu’à l’Evangile, est préconisée dans le Cid, & c’est un pere qui donne cette horrible leçon à son fils : contre un arrogant éprouver ton courage, Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage, Meurs ou tue… On n’est pas moins choqué d’entendre dire à Chimene, s’adressant au meurtrier de son pere qu’elle va bientôt épouser : Tu n’as fait le devoir que d’un homme de bien.
Si pourtant le Conseil jugeait à propos d’en conserver quelques-unes, où la passion d’amour ne parût pas nuisible, ni capable de corrompre le cœur, il ne faudra l’insérer dans le Registre qu’après qu’on se sera assuré qu’elle est propre à corriger les mœurs, à inspirer une bonne morale, et à faire aimer la vertu ; ce qui doit être le premier objet de toutes les Pièces du nouveau Théâtre. […] Les Actrices, dont les rôles se bornent à représenter dans les Tragédies ou dans les Comédies, peuvent conserver dans leurs habillemens toute la modestie et toute la décence que le sexe et la société exigent : il n’en est pas de même des Danseuses ; en supposant du moins qu’elles sont forcées de faire ce qu’elles font, c’est-à-dire de porter des habits très courts, et souvent d’avoir la gorge découverte, c’en est assez, sans en dire d’avantage, pour prouver que la modestie ne peut s’accorder avec cette profession.
Je trouverais, dans le quatorzième siècle Thomas d’Albert Damoiseau, qui à la tête de dix-sept Ecuyers de sa Compagnie, conserva à son Souverain, une grande partie du Languedoc.
Ce jeune-homme a conservé son innocence, ou l’a déja perdue par le péché, & celui-ci ou veut la réparer par la pénitence, ou veut croupir dans le désordre. Ces trois états obligent également à fuir le théatre. 1.° Le trésor de l’innocence est très-rare & tres-difficile à conserver ; il faut donc prendre les plus grandes précautions, fuite des occasions, mortification des sens, prieres, recueillement, usage des sacremens. […] Qui doit conserver avec plus de soin qu’un jeune-homme la robe d’innocence dont il a été couvert, & remplir les engagemens qu’il a contracté ? […] On ménage mieux une santé délicate, un tempéramment foible, un petit corps qui n’est pas encore formé, on ne l’expose pas au grand air, on ne le surcharge pas d’un poids accablant, on ne lui sert pas des alimens nuisibles ; l’ame, plus délicate & plus foible, peu instruite, peu formée, sera-t-elle abandonnée sans ménagement au plus grand danger, le sera-t-elle par ceux même qui sont chargés de la conserver & de la former à la vertu ? […] Comment le Roi de Prusse, qui veut tant, dit-il, conserver la pureté des mœurs, a-t-il pu introduire, protéger la comédie dans cette même Allemagne d’où la pureté des mœurs l’avoit fait bannir, & lui-même la fréquenter avec tous ses Chevaliers, je veux dire ses Officiers, ses Ministres, sa Cour, & la tant préconiser dans ses ouvrages ?
-C. dans la sainte Communion ; toute votre attention doit être de l’y conserver avec soin comme la source de toutes les grâces nécessaires à votre salut et le gage, sans lequel vous ne pouvez prétendre à la possession du Ciel ; vous devez conserver J. […] Et vous pères et mères de famille, qui êtes assez aveugles pour engager, pour forcer même vos enfants à fréquenter le théâtre, vous ne comprenez pas que la Religion mise en pratique est l’unique moyen de conserver les mœurs, qu’elle est le plus sûr garant de l’obéissance de vos enfants envers vous, et que votre bonheur futur dépend de leur fidélité à la loi de Dieu et de l’Église. […] Au lieu d’engager vos enfants à fréquenter le spectacle, employez tout ce que vous avez d’autorité pour les en détourner ; ayez soin qu’ils conservent la pureté de la foi et des mœurs, et le Seigneur vous bénira dans vos enfans. […] D’ailleurs quand cette passion serait traitée avec plus de réserve sur le théâtre, il n’y aurait pas moins d’inconvénient, et si j’ose le dire, moins de cruauté à leur donner sur une matière si délicate, des leçons prématurées et infiniment dangereuses, et à leur faire courir le risque de perdre leur innocence avant même qu’ils sachent quel en est le prix, et combien cette perte est affreuse et irréparable ; mais les parents s’intéresseront-ils à conserver cette vertu, s’ils n’en connaissent pas eux-mêmes l’excellence ?