Il est facile de faire connaître leur erreur.
Ce Gout nous a donc paru à tous, être le seul bon : ce qui est d’autant plus remarquable, que tout Poëme Dramatique ayant été fait pour plaire à une Nation, & non pas pour amuser les autres, pour être représenté dans cette Nation, & non pas pour y être lû, doit beaucoup perdre devant des Etrangers qui ne le peuvent connoître que par la lecture.
De faire connoître la mauvaise conduite des Administrateurs de la République, & des Généraux d’Armée, d’engager le Peuple à terminer par une Paix nécessaire, une Guerre qui duroit depuis plusieurs années, de lui faire sentir le ridicule de sa Religion, de lui reveler les fourberies de ses Prêtres, & de lui inspirer du mépris pour les Philosophes, qui ne débitent que de vaines subtilités.
Cette différence entre les Histrions ou Bateleurs, et les représentateurs des Poèmes Dramatiques a été si peu connue des Modernes, que depuis plusieurs siècles les plus doctes Ecrivains s'y sont lourdement trompés ; car ils ont attribué tous les défauts des Mimes et Bateleurs scéniques, aux Comédiens et Tragédiens ; ils en ont confondu les noms, l'exercice, le mérite, les qualités, la réputation, et généralement toutes choses ; et je me suis cent fois étonné qu'une infinité de savants critiques se soient laissés fasciner les yeux, sans discerner combien ces différents Acteurs ont été distingués parmi les Anciens.
Il n’y avait presque plus de sainteté, et on pouvait dire alors ce que dit autrefois le Prophète Jérémie : « Viæ Sion lugent eo quòd non sint qui veniant ad solemnitatem : Les rues de Sion pleurent, parce qu’il n’y a personne qui vienne à la grande solennité. » On ne parlait plus de piété, la dévotion n’était presque plus connue, je ne dis pas des gens du monde, mais même des Prêtres.