Constance, comme Melanie, est une Religieuse forcée par ses parens ; Herigene son Amant, comme Monval, l’a connue au parloir, où il accompagnoit son frère, qui lui rendoit visite. […] Il est ridicule d’avoit placé la scène dans Paris, où toutes ces choses sont connues des moindres enfans, & d’avoir choisi pour Acteurs un Curé de Paris, un Conseiller au Parlement, que tout respecte, que tout connoît, & qu’il est moins possible de défigurer. […] Celle de Cornelie est héroïque : Connois-moi ; pense-tu, cruel Domitien, Qu’un seul moment mon cœur ait imité le tien ? […] Je ne me connois plus, vous osez attester le ciel qui vous condamne. […] Il eût pu citer en preuve, s’il l’eût connu, l’exemple de la Religieuse mourante qui détourna sa fille.
Paul même montre, qu’il a lu les Poètes, alléguant de leurs vers, et entre autres d’un Comiquew : je réponds, que cette permission de les savoir, n’infère pas la licence de les jouer, et que la connaissance en doit être rapportée à une fin, et usage tout autre, où visent les Théologiens, en lisant les écrits des hérétiques ; les Médecins, apprenant à connaître les poisons, et herbes dangereuses ; les Logiciens, étudiant aux Elenches sophistiquesx, etc. […] Et pourra être vêtu d’habit de femme, un roi en son Trône, un Juge en son Siège, un Ministre en sa chaire, sans aucun blâme, avec toute honnêteté, et bienséance ; pourvu qu’ils protestent, que ce qu’ils en font, n’est pour tromper personne, mais pour user de la permission, et liberté Chrétienne ; voire il suffira, de laisser seulement le masque de femme, et montrer la face, afin qu’étant connus, un chacun voie, et juge, par charité Chrétienne, qu’ils n’usent point de fraude. […] » Le lecteur voie toute cette Epître, et il connaîtra, que nous ne sommes pas les premiers, qui appliquons cette Loi de Dieu, à la défense des jeux Comiques. […] Car, comme ci-dessus nous avons dit ; outre ce, qu’ès Ballets, on contrefait quelquefois les anciennes Comédies, qu’on appelait, Palliatas, Togatas, Prætextatas, Trabeatas, Tabernarias, Atellanas, Fescenninos, Mimos, Satyras, etc., on essaie à en inventer toujours de nouvelles, se déguisant tantôt en Turcs, en Egyptiens ; tantôt en Sauvages, tantôt en Bergers ; quelquefois en Sorciers ; bien souvent en Diables où il faut représenter plus de chiffres, et de figures, que les anciens n’en connurent onc : Tous ces Ballets sont estimés comme la moelle, l’infusion, et quintessence, comme un nouveau sirop magistral, pour empoisonner les âmes : Car on commence à se dégouter des Comédies, et Tragédies simples ; et crois, qu’à la fin on surmontera l’horreurez des Bacchanales, et des Florales ; dont les Païens mêmes eurent honte : Est aussi à craindre qu’on ne se contentera plus, dans quelque temps, de déguiser les habits ; mais qu’on essaiera de changer le sexe tout à fait, à l’exemple de NéronDio in Ner fa , prenant à femme son Sporus, et se donnant pour femme à Pythagore : ou à celui d’Héliogabale, qui fit tout ce qu’il put, pour devenir femme. […] » Ils considèrent aussi, combien sont dangereuses les moindre ouvertures qu’on fait au péché ; Toute corruption étant semblable à la fièvre hectique, qui du commencement est malaisée à connaître, aisée à guérir ; au progrès trop facile à connaître, impossible à guérir : tellement qu’il nous advient, enfin, comme dit quelque Ancien, que nous ne pouvons plus supporter, ni les vices, ni les remèdes ; voire on se moque des remèdes, quand ce qui était vice est devenu coutume.
Les jeunes personnes vont au bal, & dans des assemblées pour se faire connoître ; mais c’est en effet pour se déshonorer elles-mêmes. […] Si, ne devant connoître que la mortification & la pénitence, il doit fréquenter des endroits où tout ne lui inspire que la mollesse, le plaisir. […] Voilà les péchés secrets dont on se charge, quoi qu’on feigne de ne les pas connoître. […] Je voudrois les connoître, poursuivoit cet inflexible Docteur ; si je les connoissois, je les prierois de sortir de l’Eglise. […] c’est qu’en effet vous ne connoissez le théâtre, que par l’idée qu’un préjugé trop soutenu de vos passions vous en donne.
Thespis a embelli la Tragédie des charmes de la Poésie, parce qu’il en connoissoit la véritable destination, parce que tous les grands Poétes qui avant lui avoient chanté les Héros & les Dieux, l’avoient connue comme lui.
Afin d’achever de faire connaître en peu de mots les Poèmes du grand-Opéra de nos voisins, je dois ajouter que la Musique n’en est pas toujours si admirable, puisque des Récitatifs d’une longueur énorme en composent la plus grande partie, & qu’on n’y rencontre que quatre ou cinq Ariettes travaillées avec soin, qui sont même les seuls morceaux que l’on écoute attentivement.