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2. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE I. Que les Spectacles sont des plaisirs défendus. Preuves de cette défense tirées de l'Ecriture sainte, des Pères de l'Eglise, des Conciles, des Rituels, et des Lois civiles. » pp. 43-53

Si les spectacles sont absolument mauvais, d'où vient que l'Ecriture ne le condamne pas ? […] C'est une erreur que de croire que l'Ecriture ne condamne pas les spectacles. L'Ecriture les condamne quand elle condamne les concupiscences du siècle. […] L'idolâtrie n'était pas le seul mal que les Pères condamnaient dans les spectacles. […] L'Eglise a-t-elle condamné les spectacles dans ses Conciles ?

3. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

Les saints Peres ne les condamnent que par rapport à l’idolâtrie, aux superstitions & aux impuretés grossieres qui y régnoient de leur tems. […] Il est vrai que l’Ecriture ne condamne point formellement la comédie, l’opéra, ni les autres semblables spectacles, parce qu’elle ne les nomme point expressément. […] Les saints Peres ne condamnent les spectacles que par rapport à l’idolâtrie, aux superstitions & aux impuretés grossieres qui y régnoient de leur tems. […] qui vivoit dans un pays où l’idolâtrie ne régnoit plus, employent les mêmes raisons & d’autres semblables pour condamner les spectacles. […] Arnauld, qui dit expressément qu’il ne voudroit pas condamner de péché mortel les personnes qui n’auroient été aux spectacles que par la nécessité & dans les circonstances dont nous parlons ici.

4. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XII. Que la représentation des Comédies et Tragédies ne doit point être condamnée tant qu'elle sera modeste et honnête. » pp. 237-250

Que la représentation des Comédies et Tragédies ne doit point être condamnée tant qu'elle sera modeste et honnête. […] les Comédies étaient représentées dans les Eglises ; et durant plusieurs années, on n'y trouva rien à redire, mais lors que les Ecclésiastiques entreprirent d'y paraître avec des masques et diverses bouffonneries indignes de la sainteté des lieux, Innocent III condamna ce désordre sans condamner ces représentations, ni même chasser ces Jeux de Théâtres hors des Eglises. […] Mais aujourd'hui les femmes d'honneur et de qualité s'y trouvent en foule avec toute liberté ; au lieu que celles dont le désordre a signalé la vie et le nom, n'osent plus y paraître que sous le masque, et dans un déguisement qui les condamne. Il est certain néanmoins que depuis quelques années notre Théâtre se laisse retomber peu à peu dans sa vieille corruption, et que les Farces impudentes, et les Comédies libertines, où l'on mêle bien des choses contraires au sentiment de la piété, et aux bonnes mœurs, ranimeront bientôt la justice de nos Rois, et y rappelleront la honte et les châtiments ; et j'estime que tous les honnêtes gens ont intérêt de s'opposer à ce désordre renaissant, qui met en péril, et qui sans doute ruinera le plus ordinaire et le plus beau des divertissements publics ; Car l'opinion des doctes Chrétiens, est que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être condamnée quand elle est innocente, quand elle est honnête. […] Thomas parle des Histrions au sens des derniers siècles, et qu'il comprenne sous ce nom les Acteurs des Poèmes Dramatiques ; Car si l'on n'entendait par ce terme que les Mimes et les Farceurs, son autorité serait encore plus avantageuse aux autres, que l'on ne pourrait pas condamner contre la résolution de ce grand Théologien, qui serait favorable à ceux-là même que les Grecs méprisaient, que les Romains tenaient infâmes, et que jamais on ne leur doit comparer.

5. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

Enfin si l’on condamne la Comédie, on doit donc condamner pareillement les Tragédies des Collèges. A l’égard des Ouvriers qui travaillent pour la Comédie, on ne peut point les condamner. […] Tertullien dans son Livre des Spectacles les condamne dans plusieurs endroits par des raisons si particulières, que l’on peut s’en servir tant pour condamner les Comédies d’aujourd’hui, que pour répondre aux raisons de ceux qui en entreprendraient la défense. […] On ne peut pas douter que du temps de saint Bernard on n’ait condamné les Comédies. […] Quant à l’exemple que donnent ceux qui vont à la Comédie ; on répond qu’il ne peut rendre légitime ce que l’Eglise a toujours condamné, et condamne encore aujourd’hui.

6. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XI. Que les Poèmes Dramatiques n'ont point été condamnés. » pp. 230-236

Tertullien le plus austère de tous nos Ecrivains, dit que les Comédies et les Tragédies étaient les meilleurs Spectacles des anciens, et n'y blâme autre chose que les adultères, et les autres crimes de leurs Dieux, que l'on y représentait avec beaucoup de mépris ; il en condamne le sujet par le peu de respect qu'ils portaient à leur Religion ; mais il ne charge ni d'infamie ni d'anathème ceux qui les représentaient. […] observer la différence dont Saint Cyprien se sert pour condamner les Mimes et les Poèmes Dramatiques ; car à l'égard des premiers il blâme leur corruption et leur mollesse plus honteuse que celle des femmes les plus perdues ; mais à l'égard des autres, il blâme seulement les soins et les pensées inutiles que les Comédiens peuvent donner, et ces voix extravagantes et fortes des Tragédiens ; et l'on jugera si ces choses leur pouvaient donner sujet de prononcer contre eux la censure qu'ils ont prononcée contre l'impudence des Histrions et Farceurs « Et hæc sunt tolerabiliora ludorum Comœdiae scilicet et Tragediae. » August de Civit. c. 8. […] Mais lorsqu'il condamne quelques désordres dans les représentations Théâtrales, il parle de celles qui étaient accompagnées de danses honteuses, et de gestes impudents, c'est-à-dire, celles des Histrions. […] En quoi il donne un conseil aux Ecclésiastiques, et non pas un précepte à tous les Chrétiens, autrement il faudrait dire qu'un des plus Saints et des plus doctes Evêques de ce Royaume, qui se faisait lire ordinairement les Comédies de Terence au chevet de son lit, a vécu dans un désordre condamné par les Canons, et que la lecture de Virgile est pernicieuse et criminelle.

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