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70. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Préambule » pp. -

Fort de la pureté de mes intentions et de la certitude que mon opinion nouvelle, en cas d’erreur, et du reproche imminent d’avoir négligé ce précepte : Sumite materiam vestris qui scribitis æquam viribus , ne peut causer aucun mal, et pourrait encore, au contraire, donner quelques indications neuves et faire naître des idées utiles à d’autres écrivains plus exercés, qui considéreraient ce sujet sous de nouveaux points de vue ; j’aurai le courage d’écrire, de soumettre à la discussion la plus solennelle, et au jugement des hommes les mieux éclairés ce que je crois avoir remarqué de plus, en continuant de chercher de bonne foi, et sans d’autre passion que celle du bonheur commun, comment il s’est fait que, malgré toutes nos lumières et nos belles institutions, malgré nos immenses bibliothèques renfermant tant de plans et de systèmes, ou de bons livres destinés à nous améliorer, comme ceux qui paraissent encore tous les jours sous toutes les formes ; et malgré les exemples, les efforts successifs et continuels des orateurs les plus éloquents et les plus vertueux, et des sages les plus instruits, les plus persuasifs, secondés par les plus vigoureuses satires et censures ou critiques vivantes de nos personnes, de nos défauts et de nos vices, nous soyons toujours tombés en effet de plus en plus dans le relâchement, et soyons arrivés sitôt au degré de cette effrayante dissolution de mœurs dont un parti accuse aujourd’hui avec si peu de discernement ces moyens mêmes de réformation. […] Si cette considération ne renfermait pas une réponse suffisante, et que je fusse obligé d’en faire une au libelliste froid qui, à la vue de la plus grande misère, et du pouvoir commun à tous les hommes d’être immoral, m’a contesté l’affaire et le besoin pur d’écrire sur l’indigence et l’immoralité, et de traiter des moyens d’en détruire les causes, je pourrais y ajouter, qu’ayant vu dès mon enfance la maison de mon père, administrateur des pauvres, continuellement assiégée ou remplie de malheureux pleurant, souffrant la faim et le froid, marqués de tous les traits de la misère, ces tristes scènes, ont fait naître et laissé dans mon cœur un sentiment pénible que je n’ai pu soulager que par la composition de ce Traité ; et que ma mission fut, par conséquent, de la nature de celle que nous recevons tous de la pitié, pour tâcher de retirer notre semblable d’un abîme où nous le voyons périr.

71. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE V.  » pp. 415-435

De l’assistance aux Théâtres Ce ne sont pas seulement les gens du commun qui assistent aux spectacles pour y entendre les Comédiens, ou les Bateleurs ; mais aussi le plus souvent les personnes de condition, sans se mettre en peine s’ils violent les jours dédiés à Dieu, se persuadant, comme j’ai dit, qu’il leur suffit d’avoir entendu la sainte Messe, et de s’être abstenus du travail, pour bien célébrer ces saints jours : ce qui fait qu’ils ne font aucun scrupule de se rendre aux théâtres et aux farces publiques pendant ces célébrités. […] Saint Chrysostome en une Homélie de la Pénitence, nomme le Théâtre, « la boutique commune de la luxure, le collège public de l’incontinence, l’échafaud de l’impudicité, et la fournaise de BabyloneHomélie 8.

72. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « PRÉFACE. » pp. 3-6

Depuis qu’on a quitté la manière toute simple de traiter les matières de Théologie par l’Ecriture Sainte et par les Pères de l’Eglise, pour ne plus suivre que les vaines subtilités d’un raisonnement humain et philosophique ; il s’est fait peu à peu un si étrange changement dans la morale Chrétienne ; que les notions les plus communes de plusieurs vérités capitales, sur lesquelles la Discipline de l’Eglise était fondée, se sont insensiblement anéanties et éteintes.

73. (1674) Le Theâtre François pp. -284

Leur emulation tres vtile au bien commun. […] La Comedie est vne representation naïue & enjoüée d’vne auanture agreable entre des personnes communes ; à quoy l’on ájoûte souuent la douce Satyre pour la correction des mœurs. […] Cependant vne piece bien disposée en reüssit beaucoup mieux, & c’est l’interest commun de l’Autheur & de la Troupe, & méme de l’Auditeur, que chacun joüe le rôle dont il est capable, & qui luy conuient le mieux. […] L’authorité de l’Estat est partagée entre les deux sexes, les femmes luy estant vtiles autant ou plus que les hommes, & elles ont voix deliberatiue en toutes les affaires qui regardent l’interest commun. […] Les Comediens ont encore quelques autres maximes de cette nature, que ie blamerois d’auantage, si ces petites jalousies ne leur estoient communes auec toutes les Societez.

74. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Les droits communs à tous les hommes devroient-ils être refusés à des hommes entretenus par le roi, dévoués à l’amusement, à l’instruction, à la gloire de la nation, & devenus même, par le luxe des riches, une ressource pour les pauvres ? […] Le Brun, si connu par son livre critique des Pratiques superstitieuses, livre où il se donne pour une ame peu commune, étoit superstitieux comme un autre : on a dit que c’étoit un médecin malade lui-même. […] Il ne rapproche point les anciennes pièces des nouvelles ; il n’examine point si ce qu’on dit des unes peut s’appliquer aux autres ; si les farces qu’on représentoit sous les empereurs payens, & contre lesquelles les pères de l’église lançoient tant d’anathêmes, ont quelque chose de commun avec nos pièces régulières ; si les changemens arrivés à nos mœurs n’ont pas amené ceux du théâtre.

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