Il se commet d’adulteres en convoitant & étant convoité. Ces péchés sont sans nombre & mesure ; il s’en commet plusieurs à chaque pas. […] Le luxe le dispute à la bisarrerie ; nous ne parlons pas d’une folie bien plus funeste, les crimes sans nombre qui s’y commettent. […] A ces excès peuvent se rapporter les charivaris, especes de bal ambulant, où l’on insulte les veufs qui se remarient, & où, à la faveur de l’obscurité, se commettent les plus grands désordres, non par le peuple seul, mais par les personnes les plus distinguées que le masque & la nuit enhardissent, & que le vice dégrade au-dessous de la plus vile populace. […] Parmi tous ces ennemis qui nous font une cruelle guerre pour nous amuser, disent-ils, ils devroient dire pour nous perdre, la passion de l’amour est la plus dangereuse, par le penchant violent qu’y donne la concupiscence, par les crimes sans nombre qu’elle fait commettre, par l’empire souverain qu’elle exerce sur le théatre, ses attraits, ses dangers, ses objets, toutes les batteries qu’elle y dresse contre un cœur déjà demi vaincu, & qui aime sa défaite par les erreurs qui lui ouvrent toutes les avenues ; que c’est la foiblesse des Héros, l’amusement de la jeunesse, que la sévérité de la vertu est un ridicule ; par la réunion de mille autre ennemis, le chant, la danse, la pompe avec ses vanités, ses charmes & ses immodesties, par l’assemblage des deux sexes, avec tout ce qu’ils ont de séduisant, & de tous les libertins, avec tout ce que leur compagnie a de pernicieux.
Ils lui donneroient plus de confiance en sa théorie, il ne parleroit plus qu’élemens : il leur conféreroit sans cesse toutes les parties d’une Tragédie ; le tems que dure un spectacle ne seroit employé qu’à des disputes sur l’art d’attendrir & d’émouvoir, qu’à des puériles discussions sur les fautes que l’Auteur pourra avoir commises. […] Cette idée de la véritable grandeur, anime ceux qu’ils commettent aux différentes branches de l’administration.
Celui qui délivre son frère d’un si grand péril, se rend digne d’une récompense éternelle ; et celui qui néglige de l’aider, ne peut être que coupable devant Dieu ; parce que, comme dit saint Ambroise, celui qui pouvant empêcher le mal, ne l’empêche pas par négligence, sert à rendre plus hardi celui qui le commet, et participe par conséquent à son péché ; et celui-là semble commettre une mauvaise action, qui pouvant la défendre la souffre sans rien dire par lâcheté de cœur, et par défaut de zèle.
L’on peut dire aussi que celuy qui assiste à la comedie, commet une espece d’idolatrie, parce qu’il se rend coupable par sa presence de toutes les profanations qu’on y fait du Christianisme & de la Religion. […] Or demandez au plus indulgent de tous les Casuistes, mon Pere est-ce un grand peché d’aller au Sabat, d’assister à toutes les abominations qui s’y commettent, & d’applaudir à tous les honneurs qu’on y rend au demon. […] Oüy M. vous avez besoin d’un grand pardon & d’une grande misericorde, puisque les crimes qu’on commet à la comedie, sont plus grands que vous ne pensés ; la sainteté de la Religion y est profanée, les vœux du Baptême y sont violés, & pour comble d’iniquité, l’innocence des mœurs y est corrompuë. […] Enfin l’innocence de vos mœurs y est corrompuë par vos pechez, ou par ceux d’autruy, puisque vous étes aussi coupables des crimes que vous faites commettre aux autres, que de ceux que vous commettez vous-même. […] Enfin, erubescant ordines omnes, que tous ceux qui font profession de pieté & de Christianisme, rougissent de ce que des yeux qui ne devroient contempler que le Ciel, ou pleurer leurs crimes, s’ouvrent pour contempler de foles & dangereuses representations, qui leur font commettre de nouveaux crimes.
Je tais aussi l'abus qui se commet en souffrant les Comiques, et Jongleurs, qui est une autre peste de la République des plus pernicieuses qu'on saurait imaginer : car il n'y a rien qui gâte plus les bonnes mœurs, et la simplicité, et bonté naturelle d'un peuple, ce qui a d'autant plus d'effet, et de puissance, que les paroles, les accents, les gestes, les mouvements, et actions conduites avec tous les artifices qu'on peut imaginer, et d'un sujet le plus ord, et le plus déshonnête qu'on peut choisir, laisse une impression vive en l'âme de ceux qui tendent là tous leurs sens. brief on peut dire, que le théâtre des joueurs, est un apprentissage de toute impudicité, lubricité, paillardise, ruse, finesse, méchanceté.