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610. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Du Fard. » pp. 143-168

Elle n’y va que pour les apprendre & les pratiquer ; elle joue la comédie dans sa loge, elle continue à la jouer par-tout. […] Cette science coûte au guerrier bien du tems & de l’étude, la nature la donne aux femmes ; c’est l’instinct le plus sur, & le coup d’œil le plus rapide, & si elles vont à la comédie, quelles habiles maîtresses, quelles savantes leçons, quel parfait modele elles y trouvent ! Une amatrice de la comédie est surement une parfaite coquette. […] Telles sont nos Dames qui portent toute la nuit un masque de pâte, de pommades ou des tranches de chair fraîche, & le matin à la toilette se démasquent, se lavent, se parfument ; tels sont nos militaires dont l’équipage guerrier est une vraie toilette ; leurs mains sont plus chargées de miroirs, de tabatieres, de bijoux, que d’épées ; ils se regardent plus eux-mêmes, que les armemens ; ils sont plus occupés de leur frisure, que de la discipline, aussi ont-ils chaque jour la comédie dans le camp.

611. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Il faut qu’en comparant Bourdaloue à Corneille, Patru à Baron, un Danseur à Pecour, un Musicien à Lulli, on approuve la comédie & l’opéra. […] Dans une petite brochure intitulée, Etrennes fourrées ou pelisses simpatiques, un Etranger qui alla à la comédie en hiver, prétend deviner les humeurs, les inclinations, les caracteres des gens qui sont dans les loges, par les diverses fourures qu’ils portent. […] Les comédies entrent si fort dans l’étiquette & l’ordonnance du cérémonial Chinois, qu’on en voir à toutes les fêtes publiques & particulieres, jusques dans les funérailles. […] Les comédies Chinoises sont plus convenables que nos théatres fixes.

612. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Oui, mes Frères, ces divertissements que vous excusez, ou que vous regardez comme des objets indifférents, tant pour la Religion, que pour les mœurs ; ces Tragédies que vous allez entendre avec un enthousiasme que rien ne peut exprimer ; ces Opéra que vous trouvez si magnifiques et si merveilleux ; ces Comédies que vous appelez l’école du savoir-vivre et des bonnes mœurs, sont les pompes de Satan. […] Mais, dites-moi, je vous prie, si le Démon voulait vous tenter, sous quelle figure plus séduisante pourrait-il vous apparaître, que sous celle de ces personnages qui jouent la Comédie ? […] Qu’y a-t-il en général de plus ardent que les Poètes contre la Religion et contre ses dogmes ; c’est-à-dire, ces personnages qui composent des Tragédies ou des Comédies, et qui n’ont pour l’ordinaire qu’une brillante imagination en partage ? […] Quel est l’homme d’entre vous, mes Frères, qui voulût mourir à la Comédie, et qui osât à ce dernier moment offrir à Dieu son assistance aux Spectacles, comme une œuvre méritoire ?

613. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

L’esprit du monde, l’intempérance dans les repas, les excès dans le jeu, les assemblées de plaisirs, la comédie et les bals sont-ils moins condamnables en carnaval qu’en Carême ? […] Que penserait un Païen qui ayant été témoin pendant le carnaval de ces spectacles publics, de ces assemblées mondaines, de ces infinies séances au jeu, de ces repas dissolus, de ces nocturnes divertissements, de tout ce que le luxe le plus étudié et le plus poli inspire de mondanité ou de faste, entrerait dans nos Eglises deux jours après, et verrait aux pieds des Autels courber la tête sous la cendre, plusieurs de ceux qu’il aurait vu quelques heures devanta à la comédie ou au bal ?

614. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Mais ni l’Evangile, dit-on, ni l’Ecriture sainte, ne défend nulle part la comédie, ni les autres spectacles profanes. […] Qu’on se fasse un système de conscience, tel qu’on voudra ; que les libertins raisonnent tant qu’ils voudront, il sera toujours faux que les spectacles profanes soient licites ; il sera toujours vrai que les dangers qu’on y trouve, les dispositions qu’on y apporte, la Religion qu’on professe, le sentiment et l’exemple des Saints qu’on respecte, les obligations qu’on a, et l’édification qu’on doit, que tout cela interdit aux Chrétiens la comédie, les spectacles profanes, et toutes ces assemblées de plaisirs, d’où l’on ne sort presque jamais, que moins Chrétiens.

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