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298. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

Le génie des pièces comiques est de chercher la bouffonnerie : César même ne trouvait pas que Térence fût assez plaisant : on veut plus d’emportement dans le risible ; et le goût qu’on avait pour Aristophane et pour Plaute, montre assez à quelle licence dégénère naturellement la plaisanterie.

299. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

Il jugera beaucoup plus avantageux pour sa bourse d’en revenir aux bouquins b ; alors force sera à quelques littérateurs de chercher un usage plus lucratif de leurs ciseaux, et à quelques libraires d’aller à pied comme Barbinc.

300. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Nostre esprit est si peu disposé à resister à un plaisir qu’il vient chercher, & où les sens ne sont pas moins interessez que luy, qu’il ne peut se resoudre de se défendre contre des sujets qu’il ne considere pas comme ses ennemis, parce qu’ils sont tout leur possible pour luy plaire. […] L’Impudence du crime ne luy est pas toujours favorable, & les Autheurs des Pieces de théatre, qui ne sont pas apprentifs dans l’art de déguiser, sçachans bien que le crime est odieux de luy-mesme, ne le font d’ordinaire paroistre que sous le masque ; ils ne font parler l’impudicité, l’impieté, les autres crimes, qu’en termes conformes à leur déguisement ; ils cherchent, ils étudient des façons de parler qui ne blessent en apparence ny l’honesteté, ny la foy, ny aucune autre vertu. […] Les méchans se fortifient dans leurs attaches pour les Pieces criminelles, par la créance qu’ils ont que les bons cherchent les mesmes satisfactions qu’eux dans les Pieces ambiguës, & ils se défendent par ces exemples contre ceux qui les détournent d’aller aux Comedies criminelles. […] Mais qu’elle est assez interdite par cet verset du premier Pseaume : Heureux celuy qui n’a pas cherché le conseil des impies, qui ne s’est point opiniâtré dans le chemin des pecheurs ; qui ne s’est point assis dans la chaire de pestilence.

301. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

n’a pu voir sans mécontentement que des discours destinés à célébrer les vertus d’un Archevêque qui s’est distingué par son amour & par son zèle pour la religion, soient remplis de traits capables d’altérer le respect dû à la religion même ; que dans le premier l’Auteur ne voie dans les vertus héroïques des Saints qu’un pur entousiasme, ouvrage de l’imagination, qu’il tente d’assimiler à l’aveuglement de l’erreur & aux emportemens de l’hérésie ; qu’il cherche à flétrir la réputation d’un Évêque admiré par ses talens, qu’il travestisse son zèle pour la pureté du dogme en haine & en jalousie, & qu’il blâme en lui une conduite justifiée par le jugement du Souverain Pontife & par l’approbation de l’Église universelle : Que dans le second discours on déclame contre les engagemens sacrés de la réligion, on donne à ses dogmes le nom d’opinions, & on se déchaîne contre des opérations que les circonstances avoient sous le regne précédent fait juger nécessaires à l’intérêt de la religion & à la tranquillité de l’État. […] On diroit, quand tu veux, qu’elle vient te chercher, Jamais au bout du vers on ne te voit broncher, Et sans qu’un long détour t’arrête & t’embarrasse, A peine as-tu parlé, qu’elle-même s’y place. […] Ce n’est ni le goût, ni le génie, ni la vertu, ni l’adresse, que je cherche ; mon plaisir est le souverain mérite. […] & dans sa profession, où il ne cherchoit qu’à amasser de l’argent, & défiguroit exprès ses pieces par des bouffonneries licentieuses, pour attirer le monde.

302. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Je n’aurais peut-être jamais pensé à aller chercher sur le théâtre la doctrine du tyrannicide, si le livre des Assertions de la morale des Jésuites, et d’après lui tous les comptes rendus au Parlement, ne m’avaient fait comprendre combien elle y est dangereuse. […] Marchons en invoquant l’arbitre des combats, Et réveillant la foi dans les cœurs endormie, Jusque dans son palais cherchons notre ennemie. […] pourquoi aller chercher ces sujets, et étaler aux yeux du public ce qui ne saurait être trop profondément enseveli dans les ténèbres ? […] Et pour ses intérêts au bout de l’univers J’irais chercher la main qui briserait ses fers.

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