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50. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIX.  » pp. 475-477

Ce qui rend l'image des passions que les Comédies nous proposent plus dangereuse, c'est que les Poètes pour les rendre agréables sont obligés, non seulement de les représenter d'une manière fort vive, mais aussi de les dépouiller de ce qu'elles ont de plus horrible, et de les farder tellement par l'adresse de leur esprit, qu'au lieu d'attirer la haine et l'aversion des spectateurs, elles attirent au contraire leur affection; de sorte qu'une passion qui ne pourrait causer que de l'horreur, si elle était représentée telle qu'elle est, devient aimable par la manière ingénieuse dont elle est exprimée.

51. (1675) Traité de la comédie « XIX.  » pp. 302-305

De sorte qu'une passion qui ne pourrait causer que de l'horreur si elle était représentée telle qu'elle est, devient aimable par la manière ingénieuse dont elle est exprimée.

52. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

La quatrième et dernière partie de l’Ouvrage de del Monaco, se réduit à trois remèdes qu’il propose contre les maux causés par la Comédie. […] Dans le premier il examine les motifs qui doivent porter les Prédicateurs et les Confesseurs, à faire des instances pour obtenir la modération du Théâtre ; ces motifs sont le zèle pour le salut des âmes, et les désordres que les Théâtres causent. […] Corneille de parler en ces termes : « Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions Que forment en naissant les belles passions. » Et l’humilité de Théâtre souffre aussi qu’elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, Et si Rome et le temps m’en ont ôté le rang, Il m’en demeure encore le courage et le sang, Dans mon sort ravalé je sais vivre en Princesse Je fuis l’ambition, mais je hais la faiblesse. » Il fait voir ensuite que les passions qui ne pourraient causer que de l’horreur, si elles étaient représentées telles qu’elles sont, deviennent aimables par la manière dont elles sont exprimées.

53. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Les parricides, les incestes doivent être suivis de châtiments proportionnés à la noirceur de ces grands crimes ; mais les disgrâces des personnes moins coupables que malheureuses, font une impression plus douce ; c’est ce qui attire ces larmes de compassion, qui attendrissent l’âme, et qui causent un plaisir si délicat. […] Je ne doute point que Sophocle n’eût fait combattre sur le Théâtre devant tout le monde, les trois Horace contre les trois Curiace ; il faut que le Spectateur apprenne par des récits ces aventures cruelles, qui ne lui causent que des sentiments douloureux, et qui ne lui donnent que de l’horreur. […] Il est encore à propos que ceux qui doivent causer la disgrâce du principal personnage, aient été liés d’intérêts avec lui, ou de société, ou d’amitié, et qu’ils se soient témoigné une confiance réciproque ; le dénouement, qui ne répond pas à ces heureux commencements, surprend extrêmement le spectateur, et cette surprise fait l’une des principales beautés de la Tragédie. […] Quoique ce Roi barbare eût bien mérité ce cruel traitement, cependant ce triste spectacle diminue la douleur, que les infortunes d’Hécube avaient causée. […] Il faut que leur douleur soit bien fondée, et causée par quelque grande infortune, capable d’abattre l’âme la plus intrépide.

54. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE V. En quoi consiste le Plaisir de la Comédie, & de ce Sel qui assaisonnoit les Comédies Grecques. » pp. 131-144

Outre cela cette tristesse que cause la Tragédie est un chatouillement de l’Ame : & Descartes remarque dans son traité des Passions, que de même que le chatouillement, quand les nerfs ont assez de force pour le soutenir, cause un sentiment agréable qui deviendroit douloureux, si les nerfs n’avoient pas assez de force pour y resister, la tristesse que nous causent les Représentations Tragiques ne pouvant nous nuire en aucune façon, semble chatouiller notre ame en la touchant, & ce chatouillement cause un plaisir. […] Le rire est causé par une émotion subite dans notre corps, qu’excitent quelquefois, suivant les circonstances & notre humeur, des objets peu plaisans.

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