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162. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Elle m’avoit eu à plus de quarante ans ; & comme elle vouloit encore être belle, un enfant de huit à neuf ans, qu’elle menoit par-tout, la faisoit paroître jeune. On me faisoit cent amitiés ; & quoique la petite Brancas, qui étoit souvent avec moi, fût fort belle, les filles de la Reine m’aimoient plus qu’elle, parce que, malgré les cornettes & les jupes, elles sentoient en moi quelque chose de masculin. […] Mais il ne put la tenir, il prit le parti d’aller dans une province, où n’étant point connu, il pourroit à son aise & sans risque faire la belle, sous le nom de la Comtesse des Barres. […] On la trouva si belle, sur-tout la Reine, qu’on voulut la jouer à la Cour le jour de la naissance du Roi. […] Les Dames s’y rendent parées de leur mieux, les Messieurs y font de belles cavalcades au-tour des carrosses, & on voit arriver quantité d’hommes à pied déguisés en pâtissier ou en berger, qui portent chacun un fenetra sur la tête.

163. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. De la Pastorale Dramatique. » pp. 59-77

Il n’est point gâté par des ornemens étrangers, toujours désagréables, parce qu’ils ternissent ce beau simple, qui en fait le seul mérite. […] A force de peindre nos Bergers tendres, amoureux, nous en fesons des amans glacés, qui font rétentir les échos de leurs amoureuses plaintes, & qui meurent, par métaphore, pour les beaux yeux d’une ingrate. […] Vous remarquerez que l’héroïne de la prémière Pièce est grosse à pleine ceinture, ce qui ne fait peut-être pas un bel éffet sur la Scène ; mais ce qui est la sensible image de la Nature. […] Il serait beau que nous apprissions à l’Italie, qui se flatte d’être au-dessus de nous par sa musique, que l’art qu’elle chérit tant, pouvait être embelli par les Français.

164. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

On n’a jamais vu tant de règles pour faire de belles Tragédies, et on en fait si peu qu’on est obligé de représenter toutes les vieilles. […] Néanmoins ce qui eût fait un beau Sermon faisait une misérable Tragédie, si les entretiens de Pauline et de Sévère, animés d’autres sentiments et d’autres passions, n’eussent conservé à l’Auteur la réputation que les Vertus Chrétiennes de nos Martyrs lui eussent ôtée. […] Les idées que nous donne Lucain des Grands Hommes, sont véritablement plus belles, et nous touchent plus que celles que nous donne Virgile des Immortels. […] Mais, à confesser la vérité, nos Auteurs ont fait un aussi méchant usage de cette belle passion, qu’en ont fait des Anciens de leur crainte et de leur pitié : car, à la réserve de huit ou dix Pièces, où ses mouvements ont été ménagés avec beaucoup d’avantage, nous n’en n’avons point où les Amants et l’Amour ne se trouvent également défigurés.

165. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

Carlos, & de lui former un beau Royaume en réunissant les Pays-Bas avec l’Angleterre ; elle n’en avoit aucune envie, & auroit trouvé quelque défaite pour ne pas tenir sa parole ; mais elle auroit eu le plaisir de mettre la division entre le père & le fils, & elle s’amusoit à offrir sa main & sa couronne comme on offre des joujoux aux enfans L’ambitieux D. […] Il ne manque que cela à la Cour pour faire une belle comédie. […] Le Parlement affaisonna ses oppositions par les éloges les plus flatteurs ; jamais la Reine ne fut plus belle, plus heureuse ; plus aimée, plus respectée. […] Beau prétexte quand on n’est plus en âge d’avoir des enfans ! […] Le massacre de la Saint Barthelemi, dont en bonne Protestante, elle devoit avoir horreur, étoit tout recent, mais c’étoit une occasion d’étaler du faste, & de montrer sa beauté sous un habit de deuil qui lui étoit favorable ; le théatre change de décoration, c’est une pièce nouvelle, où elle joue le plus beau rôle.

166. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

La saison de la jeunesse est trop belle, pour lui être consacrée. […] Elle lui répond en insensée, se tue, le beau trait de génie ! la belle intrigue ! le beau dénouement ! […] La belle mort !

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