/ 306
27. (1758) Lettre à M. Rousseau pp. 1-42

Vous avouez dans votre Préface que les hommes vous ont fait beaucoup de mal : pourquoi n’avez-vous pas voulu nous faire du bien ? […] J’avoue que toutes les femmes réduites à nous faire sentir le despotisme, n’y ont pas employé des moyens dignes d’enchaîner des hommes : mais ce mal, cet outrage, si vous voulez, est très peu de chose en lui-même ; car vous voyez que ce ne sont pas les plus soumis qui se plaignent le plus. […] Ils vous diront cela, et j’ajouterai, au risque de vous donner des remords, que leur seul amour pour vos ouvrages, leur impartialité quand vous les attaquiez, leur courroux quand on vous attaquait, ont prouvé cent fois, que le génie et les arts ont en elles les protecteurs les plus passionnés et les plus éclairés… A l’égard de la passion, que vous dites qu’elles ne sont capables de sentir ni d’exprimer, je vous avoue que la plume me tombe des mains en cet endroit. […] Je vous avoue, Monsieur, que tout cela devient bien incompréhensible, quand on a lu le portrait divin et presque magique que vous faites de la pudeur. […] Oui, j’avoue que dans l’absence de la raison, dans ces moments que la nuit soumet à l’erreur, la femme que vous peignez s’est quelquefois offerte à mes sens….

28. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 15-18

Ces préceptes nous obligent à n’aimer que Dieu ou ce qui tend à lui, n’avoir joie, ni tristesse, ni autre passion que pour lui ou pour son service, ne penser qu’à lui ou à ce qui est référé à lui, n’agir que pour lui ou pour ce qui peut réussir à sa gloire ; et vous m’avouerez que ce n’est pas pour Dieu que vous allez au bal, car on n’y pense point à Dieu ; vous n’y avez point d’affection ni de passion pour Dieu, rien ne s’y fait qui tende à sa gloire, ni de près ni de loin, ni médiatement ni immédiatement : vous m’avouerez que l’argent que vous donnez pour les violons, les comédiens et les cuisiniers, soulagerait notablement un pauvre ménage.

29. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Vous m’avouerez, Monsieur, qu’on serait embarrassé à moins, et que ce n’est pas une petite affaire de décider une Question dont les sentiments sont si partagés : Car dites-moi, je vous prie, de quel côté se tourner ? […] Jusqu’à présent je l’avoue, je croyais qu’on défendit les choses parce qu’elles étaient mauvaises, et non pas qu’elles fussent mauvaises parce qu’elles étaient défendues. […] Mille gens d’une éminente vertu et d’une conscience fort délicate, pour ne pas dire scrupuleuse, ont été obligés de m’avouer qu’à l’heure qu’il est, la Comédie est si épurée sur le Théâtre Français, qu’il n’y a rien que l’oreille la plus chaste ne put entendre. […] J’avoue qu’il se peut trouver des personnes qui sont touchées de semblables choses, eh bien, qu’elles n’y retournent pas. […] Les Acteurs qui les jouent ne sont point des personnes consacrées ni vouées au Seigneur, ce qui serait indécent je l’avoue, et si cela était, je le condamnerais absolument et sans restriction ; car, comme disait S.

30. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Telle était la disposition de l’illustre princesse Anne-Henriette de France, qui disait à une personne qu’elle honorait de sa confiance : « Je vous avoue que, quelque gaie que je sois en allant à la comédie, sitôt que je vois les premiers acteurs paraître sur la scène, je tombe tout à coup dans la plus profonde tristesse. […] Ce plaisir, je l’avoue, répugne à ma conscience, et si tout le monde faisait comme moi, le théâtre se fermerait bientôt ; mais lorsque la bienséance l’exige, lorsque des amis réclament ma complaisance pour les y conduire, je ne suis point assez ridicule pour m’y refuser. […]  » D’Alembert lui-même avoue que l’amour règne dans toutes les tragédies de Corneille. […]  » D’Alembert voulut prendre la défense du théâtre, mais il fut forcé d’avouer que les spectacles sont un poison dangereux. […] Louis Riccobonni déclare donc qu’après une épreuve de 50 années, il ne pouvait s’empêcher d’avouer que rien ne serait plus utile que la suppression entière des spectacles .

31. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Avouez, Messieurs, que ce zele austere vous étonne. […] Autrefois, dites-vous… Oui, j’avoue qu’il étoit autrefois des spectacles infames par eux-même, spectacles même d’une infamie groffrere, spectacles qui eussent fait rougir les fronts les plus endurcis au crime, spectacles crimes plutôt eux-mêmes que représentations de crimes ; les ai-je peint de couleurs assez noires ? […] nous-mêmes, mes Freres, nous vous l’avouons, poursuit ce sage Archevêque, au centre du recueillement où nous vivons, à peine pouvons-nous captiver devant Dieu notre esprit, notre cœur & nos sens. […] Mais si ce que nous nommons passion est véritablement un crime, il faut avouer que, selon la belle expression de Salvien, sur le théâtre, tout est crime ; parce que tout y tend à autoriser la passion, à insinuer agréablement, à imprimer fortement la passion. […] Des exemples généraux si je passe aux particuliers ; parmi les Auteurs sacrés, j’entends un Augustin qui se cite lui-même en témoignage ; & avec cette noble franchise, si digne d’un vrai Pénitent, avoue que c’est sur le théâtre qu’il respira par les oreilles & par les yeux tout le venin qui corrompit son cœur.

/ 306