Quand les saints Peres vouloient détourner les premiers Chrétiens de ces spectacles, la plus forte raison qu’ils leur en apportoient, étoit, que cela étoit contraire à leur profession, & qu’ils devoient se souvenir qu’ils étoient Chrétiens ; ils ne s’amusoient pas à leur prouver si c’étoit un peché mortel, ni à leur expliquer ce qu’ils pouvoient faire en sûreté de conscience, ou ce qu’ils ne pouvoient pas ; c’étoit assez de leur faire entendre, que le nom & la qualité de Chrétiens, qui les obligeoit à mener une vie retirée, & éloignée de ces divertissemens mondains, y étoient interessez ; ils s’en tenoient là, sans disputer avec leurs Directeurs sur la qualité du peché ; au lieu qu’aujourd’huy, s’il n’y va du salut, & si le peché qu’ils commettent n’est d’une nature à leur attirer la damnation éternelle, rien ne peut être un motif suffisant pour reprimer cette ardente passion. […] Car premierement, quelque apparence d’honnêteté qu’on leur donne, & quelque retranchement qu’on y ait fait de ce qu’il y avoit autrefois de plus scandaleux ; l’on n’en a point retranché la pompe, l’appareil, & l’éclat qui fait l’esprit & la vanité du monde, puisque c’est par-là qu’ils plaisent, & qu’ils attirent, & pour cela qu’on les recherche avec ardeur. […] & ce n’est pas le moyen de les attirer, que de rechercher ces occasions, & de s’y exposer volontairement, & sans necessité ?
Elles en inspirent le goût à leur famille & à leurs amis, elles y attirent leurs amans, pour qui c’est le plus favorable & le plus ordinaire rendez-vous ; elles forment des troupes d’Acteurs & d’Actrices dans les maisons particulieres. […] Ayant reçu, dit-il, la supplication des filles de joie de la grande Abbaye de Toulouse, qui se plaignent que les Magistrats les gênoient en les obligeant de porter des cordons & chapperons, ce qui les empêchoit de se vêtir à leur plaisir, & leur attire plusieurs injures, il leur octroie, & à celles qui leur succéderont en ladite Abbaye, la permission de porter telles robes & chaperons qu’il leur plaira. […] Tous les applaudissemens que lui attire son talent, ne valent pas les éloges que mérite son aumône.
En vain parlera-t-on contre un goût dominant, la raison qui devroit en éloigner est celle qui y attire ; la femme a commencé à perdre l’homme, elle continue à perdre sa postérité. […] Le premier fruit que Rome recueillit du théatre s’y recueille encore tous les jours ; Romulus en fit usage pour enlever les Sabines qu’il y avoit attirées, chacun y choisit la sienne, & s’en saisit aisément : Primus sollicitos fecisti, Romule, ludos, &c. […] Le burin transmit ses graces a la postérité ; elle attira tout Paris au théatre Italien par son jeu vif & spirituel.
L’assemblée fut brillante, il y avoit trente-quatre Dames fort parées ; mais l’Abbé Madame l’emporta sur toutes, elle attira tous les regards. […] Ce sujet lui donna la plus grande réputation, & lui attira nombre d’amans. […] Il se retira au plus vîte avec une honte qu’on ne peut exprimer ; il forma d’abord la résolution de quitter ce qui lui avoit attiré une si fâcheuse & si juste réprimande.
Quand les saints Peres vouloient détourner les prémiers Chrétiens de ces spectacles, la plus forte raison qu’ils leur en apportoient, étoit, que cela étoit contraire à leur profession, & qu’ils devoient se souvenir qu’ils étoient Chrétiens ; ils ne s’amusoient pas à leur prouver si c’étoit un peché mortel, ni à leur expliquer ce qu’ils pouvoient faire en sûrêté de conscience, ou ce qu’ils ne pouvoient pas ; c’étoit assez de leur faire entendre, que le nom & la qualité de Chrétiens, qui les obligeoit à mener une vie retirée, & éloignée de ces divertissemens mondains, y étoient interessez ; ils s’en tenoient là, sans disputer avec leurs Directeurs sur la qualité du peché, au lieu qu’aujourd’huy s’il n’y va du salut, & si le peché qu’ils commettent n’est d’une nature à leur attirer la damnation éternelle, rien ne peut être un motif suffisant pour reprimer cette ardente passion. […] Car premierement, quelque apparence d’honnéteté qu’on leur donne, & quelque retranchement qu’on y ait fait de ce qu’il y avoit autrefois de plus scandaleux, l’on n’en a point retranché la pompe, l’appareil, & l’éclat qui fait l’esprit & la vanité du monde, puisque c’est par-là qu’ils plaisent, & qu’ils attirent, & pour cela qu’on les recherche avec ardeur. […] & ce n’est pas le moyen de les attirer, que de rechercher ces occasions, & de s’y exposer volontairement, & sans necessité ?