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229. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CINQUIEME PARTIE. — Tragédies à rejeter. » pp. 235-265

Je pousserai donc mes réflexions plus loin et je dirai, que la haine, la vengeance, la dissimulation, l’avidité de l’or, et toutes les passions humaines ne me paraissent pas dignes du Cothurne, et qu’il faut les abandonner à la Comédie ; les hommes n’ont attaché la grandeur d’âme qu’à l’ambition, et les autres passions ils les ont caractérisées de faiblesses ; il n’y a donc que l’ambition qui convienne à la majesté tragique : et si nous voulons y associer l’amour, que ce soit (je le répète encore) dans le fort et le grand de la passion, comme Phèdre et Andromaque, et non pas dans le faible, comme Bérénice, Rodogune et tant d’autres Héroïnes des Tragédies modernes.

230. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

Entraîné vers la Tragédie, non-seulement par un penchant irrésistible, mais par un choix médité, par une persuasion intime que nulle espèce d’ouvrage ne peut avoir autant d’influence sur l’esprit public ; j’avois conçu le projet d’introduire, sur la Scène Françoise, les époques célèbres de l’Histoire Moderne, & particulièrement de l’Histoire Nationale ; d’attacher à des passions, à des événemens tragiques, un grand intérêt politique, un grand but moral. […] Les gens imbus d’anciennes erreurs s’étonneront de cette importance que j’attache à la liberté du Théâtre, du Théâtre qui change insensiblement les mœurs Nationales.

231. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Tandis que le canon battoit les murailles, je fis choix d’une Barbaçonne charmante, qui s’attacha à moi. […] Ce langage est sur-tout dangereux dans un siécle où d’un côté les impiétés sont communes, & de l’autre le luxe, bien loin de passer pour un crime, est regardé comme avantageux à l’Etat, où l’on en fait l’apologie, où l’on s’en fait une loi de décence, une sorte d’étiquette attachée à la dignité, à la fortune, à la noblesse, & où les plus moderés ne le croient qu’une faute legere.

232. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IV. Du Conquérant de Sans-souci. » pp. 88-120

La seconde attachée à la grande Maîtrise où ses ancêtres ne se sont maintenus que par la force, le soumet au Roi de Pologne comme à son Seigneur souverain, & ne lui donne aucun droit sur le reste. […] Ce seroit à un Prince le comble de la folie de s’attacher à ces petites miseres du peuple : le vrai moyen d’écarter le fanatisme c’est d’avoir pour la religion la plus belle indifférence.

233. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Ces monstres, demi-femme & demi-poisson ou demi-oiseau, si célèbres dans la mythologie par leurs chants & leurs attraits dangereux, dont il étoit si difficile de se sauver, & dont Ulisse n’échappa, dit Homère dans l’Odissée, qu’en se faisant attacher au mât du navire, & bouchant les oreilles de ses matelots, ces monstres prétendus, n’étoient dans la vérité qu’une mere & des filles prostituées, qui s’étoient établies sur le Promontoire de Sirenusse en Lucanie, d’où elles ont pris leur nom, dans un endroit où les vaisseaux venoient aborder pour prendre des provisions, & où elles se vendoient aux passagers & aux matelots. […] La musique & la danse sont des attraits si puissans de la volupté qu’on ne peut s’en défendre qu’en se bouchant les oreilles & se faisant attacher, c’est-à-dire en fuyant l’occasion & s’éloignant du rivage.

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