Autres qui n’y vont pour vendre, ni pour acheter y vont toutefois, par curiosité pour y voir seulement la Foire et l’assemblée pour y manger, boire, danser, rager et faire joyeuse chère, et pour y attraper ou décevoir quelques pauvres filles qui y vont aussi bien souvent pour se faire regarder et rechercher afin d’y avoir quelque chose. […] Je ne veux point de vos néoméniesi, de votre Sabbat, ni de toutes vos autres fêtes : vos assemblées sont iniques, mon âme hait vos Calandes et vos solemnités, elles m’ont été fâcheuses et ennuyeuses, j’ai travaillé à les endurer. […] Je hais et rejette vos fêtes, je ne prendrai point, je ne recevrai point l’odeur de vos assemblées. […] Il ne faut pas douter qu’en icelle, après et avec les louanges à Dieu on ne fît des banquets et convis, de belles assemblées ès places des jeunes et des vieux, ensemble des devises et des charolleso de filles avec instruments et chansons comme avaient jadis fait MoïseExod., 15p. […] Autant en disait Jérémie de soi-même. « Je ne me suis point assis, dit-il, en l’assemblée des joueursEn Jérémie 5. [15, 17].
Ainsi pour se rendre plus agréables, ils se joignaient souvent ensemble, et se trouvaient aux grandes assemblées, pour divertir ceux qui voulaient les employer. […] prirent dans la suite ce nom de Jongleurs comme le plus ancien, et les femmes qui s’en mêlaient celui de Jongleresses : ils se retirèrent à Paris dans une seule rue qui en avait pris le nom de rue des Jongleurs, et qui est aujourd’hui celle de saint Julien des Ménétriers ; on y allait louer ceux que l’on jugeait à propos pour s’en servir dans les fêtes ou assemblées de plaisir. Il y a une ancienne Ordonnance de Guillaume de Germont Prévôt de Paris, du jour de sainte Croix en Septembre 1341. qui défend à ceux ou à celles des Jongleurs ou « Jongleresses, qui auraient été louées pour venir jouer dans une assemblée, d’en envoyer d’autres en leurs places, ou d’en amener avec eux un plus grand nombre que celui dont on serait convenu. » ParLivre rouge ancien, f. 123.
Comme les Danses ne sont que des assemblées, où l’on donne des témoignages de sa joie, et de sa satisfaction sensible par le chant, ou par l’usage de quelque instrument de Musique, et par le mouvement du corps ; il n’y a rien qui nous empêche d’entrer dans le sentiment commun des Docteurs, et de dire avec eux qu’elles ne sont point mauvaises de leur nature ; mais qu’elles sont d’elles-mêmes indifférentes. […] Il est même à remarquer, et c’est une chose qui mérite d’être bien considérée, que nous ne lisons jamais dans les Livres sacrés, qu’il se soit fait aucune assemblée d’hommes et de femmes pour cet exercice.
JE commence par ce qu’il y a de plus important, & de plus difficile à décider sur cette matiere ; sçavoir, si c’est un peché grief de se trouver au bal, d’assister à la comedie, & aux autres spectacles publics, & enfin de se trouver dans ces assemblées du beau monde, pour contribuer au divertissement les uns des autres. […] Il en faut donc juger par l’issuë, par l’experience, par l’intention, & souvent par rapport à la conscience de ceux qui se trouvent dans ces assemblées, ou dans ces divertissemens. […] ne sont-ce pas les personnes dont l’âge est le plus susceptible de vice, qui composent ces assemblées ? […] Si l’oisiveté est condamnée dans l’Evangile, & si ce fut un suffisant motif, pour obliger le Fils de Dieu à faire le procés à un serviteur inutile ; que doit-on penser de tant de personnes de l’un & de l’autre sexe, qui passent les nuits dans une sale de bal, & la plus grande partie du jour dans les assemblées du beau monde, qui se trouvent à toutes les comedies, à tous les jeux publics, & à tous les spectacles, & qui ne seroient pas contens d’eux-mêmes, s’ils n’avoient part à toutes ces sortes de divertissemens ? […] Où est-ce qu’il a plus de charmes, & plus capables de seduire, que dans ces assemblées, dans ces cercles, dans ces spectacles, qui ne sont faits que pour plaire ; & où le monde se fait voir par l’endroit qu’il est le plus riant, par ce qu’il a de plus agreable & de plus divertissant.
On a beau leur dire, qu’il y a des jeux défendus, des spectacles et des assemblées dangereuses, ils tournent la tête, s’en moquent, se ferment les yeux, et se bouchent les oreilles pour ne point voir ni entendre toutes ces choses, qui leur déplaisent. […] Dira-t-on, après cet exemple, que l’assemblée des bals est innocente, et qu’il n’y a point de mal ? […] Ajoutez à tout ce que nous venons de dire, une réflexion qui vous donnera de la confusion, et à tous ceux qui la feront sérieusement devant Dieu ; considérez ces deux personnes, qui dansent au milieu d’une nombreuse assemblée, la Fille avance ou recule en cadence, le garçon la suit. […] Dites donc hardiment que tous ceux qui courent, qui cherchent et qui aiment ces sortes d’assemblées, n’ont point de Religion, parce que partout où la véritable adoration ne se rencontre pas, la Religion n’y est pas, il faut que la maison tombe nécessairement en ruine, quand il n’y a plus de fondement. […] Mais qu’est-ce que la lumière de la Foi découvre dans ces assemblées profanes à ceux qu’elle éclaire ?