Elles ne fiègent point sur les Tribunaux, ne plaident point au barreau, ne montent dans les chaires que chez les Anabaptistes ; elles n’enseignent point dans les écoles, tout au plus quelque Ursuline ou quelque Régente particuliere apprend à lire aux filles. […] ce sont les chefs-d’œuvre des plus grands maîtres ; que chante-t-on dans les maisons que les airs qu’on y a appris ? […] La poësie les ravit, sur-tout une poësie légère, badine, vive, saillante, tendre, harmonieuse : celle du théatre, on l’apprend par cœur, on la récite, on en fait son langage ; jamais déclaration ne fera mieux reçue que quand elle sera prise dans quelque opéra. […] C’est là qu’on apprend à les jouer, à les soupçonner, à les mépriser, à perdre pour elles tout respect. […] N’y a-t-il pas de l’indiscrétion d’apprendre au public l’excès de la dépense que fait faire le théatre ?
[FRONTISPICE] PATRICEDE L'INSTITU-TION DE LA REPUBLIQUE augmente de moytie d'anno-tations tirées de tous les autheurs, qui en ont trai-cte, ou ce peut apprendre a bien régir et gouver-ner un Royaume Le tout traduit en François par m. jaques trigeou Angevin, Docteur en Theologie, Chancellier et Cha-noine de l'Eglise Cathedrale à Metz au roy tres-chrestien A PARISChez Guillaume Chaudiere, ruë S.
Le theatre est en mesme temps vne boucherie, & vn lieu d’ordures ; & l’on esgorge des hommes en suitte des jeux & des passe-temps pour apprendre aux spectateurs, que le fruict qu’ils remporteront de céte veuë sera glorieux, s’ils y ont apris à estre tout ensemble voluptueüx & sanguinaires. […] Passons à ces Comediens qui remplissent la scene d’impuretez & d’ordures ; sans mentir, i’ay honte d’estre icyleur accusateur, & la bien-seance de ma profession me défend de rapporter tous leurs discours, leurs abominations, & leur adresse à bien ioüer toutes sortes de personnages, on y commet mille ordures, on y apprend les intrigues dans les amours, les détours & subtilitez des amants dans leurs poursuittes, les finesses des adulteres pour abuser, le peu de resistance des femmes pour ne l’estre pas, les lasciuetez, les petits discours, les rendez vous, les messages, toutes ces momeries authorisées de l’agreement des impudiques, & ce qui m’estonne le plus, de la presence des plus affairez, des peres de famille, qui quittent froidement leur mesnage pour se treuuer au Spectacle, pour y folastrer, pour y faire les gaillards, & pour y donner à connaistre qu’ils n’ont pas encor esteint les feux de la ieunesse, bien qu’ils ne soient la plus-part que des souches à demi pourries, des stupides, & des hommes pour beaucoup de raisons, sans pudeur & sans honnesteté : Mais ce qui est plus admirable, c’est d’y voir toutes les conditions extremement maltraitées dans les discours, & de n’y voir personne qui en témoigne du ressentiment, qui ne se treuue au Spectacle, & qui ce semble ne tiene à gloire d’y estre ioüé par des insolents. […] Dans ces lieux où les débauches fleurissent auec excés, quelle posture peut tenir vn Chrestien à qui les seules pensées du vice sont des crimes ; quelle satisfaction a t’il de voir l’impureté dans son throsne ; prend-il plaisir à voir tant d’objets & de marques d’infamie, pour estre puis après moins honteux & plus libertin ; & ne considere t’il point que pour auoir souuent veu faire le mal, on apprend à le faire aussi par coustume. […] Ie ne puis souffrir que les Chrestiens, au lieu de condamner ces spectacles y donnent leur attention ; & ils ne sçauroient sans faire tort à leur condition, porter la veuë sur les actions bouffonnes de certains charlatans qui ont appris des Grecs l’art d’imiter toutes sortes de voix pour le plaisir des oreilles ; quel agreement y a t’il dans ces sots exercices.
Apprenez par-là que vous en devez user du même à l'égard des autres parties de votre corps.
On apprend à la souffrir et à en parler, et l'âme s'y laisse ensuite doucement aller en suivant la pente de la nature.