Vers la fin du mois de Décembre de la précédente année 1693, quelques difficultés s’étant formées dans une Paroisse de Paris touchant la Comédie, on jugea à propos de consulter en Sorbonne quelques Docteurs, pour les prier d’en dire leur sentiment.
Signé Dugono : Il est permis à M*** de faire imprimer la Réponse à la Lettre d’un Théologien défenseur de la Comédie, pendant le temps de huit années ; avec défenses à tous autres de contrefaire ladite Réponse, à peine d’amende, confiscation des Exemplaires, et autres peines portées par ledit Privilège.
La comédie y demeura pourtant toujours inconnue, jusqu’à l’année 1772, où elle s’y est établie avec autant d’éclat que d’édification. […] La ville de Reims, qui depuis le baptême de Clovis, où elle prétend qu’un Ange lui apporta la Sainte Empoulle, jouit du privilege de sacrer nos Rois, a célébré, par une fête publique, l’époque de la cinquantiéme année du sacre du Roi, le 28 décembre 1772 ; on chanta à ce sujet une Messe solemnelle en musique, à laquelle M. le Coadjuteur officia Pontificalement ; tous les Corps de Ville assisterent à la cérémonie pour laquelle on se servit des ornemens destinés au Sacie ; le Te Deum fut chanté au son des cloches, au bruit du canon & de la mousquéterie. […] Ces malheurs ne sont pas rares, en voilà plusieurs depuis peu d’années, ces morts sont affreuses ; mais qui pense à ce qu’elles ont de plus affreux ? […] Il y a quelque tems que ce même Parlement avoit attribué à l’Hôtel Dieu, le profit d’une représentation chaque année, laissant à la sagesse des Administrateurs le choix du tems, & de la piéce ; ils choisissoient le tems du Carnaval, où il se fait le plus de folies, & la piéce la plus galante, pour attirer le plus de monde.
Ce pamphlet provoquera deux réponses anonymes : Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière et Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre, toutes deux parues chez Gabriel Quinet, la même année (mais sans achevé d’imprimer).
Les années le mûriront enfin, après de nouveaux égaremens : devenu père-de-famille, on le verra, guide tendre & clairvoyant, chercher quelque jour les moyens d’applanir à l’âge de l’innocence, les difficultés qu’il trouve dans les rebutantes leçons de la première éducation.