Elle veut par exemple que nous aimions notre prochain comme nous-mêmes, Math. 5. 45. […] Celui qui aime le péril, y périra. […] Mais puisque les hommes naturellement désirent de se réjouïr ; comment peuvent-ils aimer ces larmes, et ces douleurs ? […] Entrecoupez tout cela de Musique, d’Instruments, de Danse, et de voix qui invitent tout le monde à suivre l’amour, à s’abandonner à la tendresse, et à s’aimer jusqu’au tombeau. […] Ceux qui les aiment ne s’y adonnent que pour quelque temps ; et c’est plutôt dans les hommes une fantaisie passagère qu’un plaisir constant.
Qu’importe, le peuple comme le grand n’a besoin que de Théatre : l’aimer, c’est avoir toutes les vertus ; il en est la vraie école. […] J’aime votre embarras : pourquoi vous en défendre ? […] Faut-il être surpris si tous les libertins aiment le Théatre, si tous ceux qui fréquente le Théatre sont libertins ?
Tant de plaisirs réunis gagnent à coup sûr le cœur d’une jeunesse trop peu éclairée pour aimer la vertu pour elle-même, sans instinct et sans intérêt. » On voit ensuite danser la Religion avec les vertus, les jeunes gens, les grands Prêtres, Comus, divinité de la table, dont l’unique fonction était de présider aux fêtes, aux toilettes des femmes et des jeunes gens qui aiment la parure. […] Il y a bien de l’apparence que l’Auteur de cette pièce, le Recteur et le collège nombreux qui la fit représenter, avaient de bonnes intentions, qu’ils voulaient faire aimer la vertu à la jeunesse, en l’unissant avec le plaisir.
Le premier est de dévotion, comme les Chants de l’Eglise, qu’on doit aimer. […] « Qu’à l’Amour comme au seul Dieu suprême, On doit immoler tout, jusqu’à la vertu même : Qu’on ne saurait trop tôt se laisser enflammer, Qu’on n’a reçu du Ciel un cœur que pour aimer, Et tous ces lieux communs de morale lubrique, Que Lully réchauffa du son de sa Musique. » Voilà les effets des Opéra et des Comédies de nos jours. […] Il cite Racine qui a renonce à sa Bérénice, la croyant dangereuse à la pudeur ; et prétend que Corneille dans son Cid veut qu’on aime Chimène, qu’on l’adore avec Rodrigue.
Rome, qui du même œil les donne et les dédaigne, Qui ne voit rien aux rois qu’elle aime ou qu’elle craigne, Et qui verse en nos cœurs avec l’âme et le sang, Et la haine du nom et le mépris du rang. Qui entend ce galimatias, verser l’âme dans le cœur.Un républicain n’aime pas l’autorité royale ; mais ne méprise pas le rang des rois, il ne serait pas grand, il serait fou. […] Il y a même du ridicule dans la plupart des intrigues des tragédies de Racine : Britannicus, un enfant de quatorze ans, aime Junie, veuve d’un âge plus avancé, coquette décidée, chassée de Rome pour ses incestes, qu’il n’avait peut-être jamais vue. […] Se croit-on bien obligé d’aimer et de respecter ce qu’on se croit en droit de ridiculiser ? […] Conversus efflavit animam.On est à plaindre dans la littérature comme dans la religion, quand toute la vie on a joué, on a aimé, on a fréquenté la comédie.