Il y a près de deux mille ans, que les Comédies Atellanes ont porté cette dépravation à Rome : les Comiques Latins, qui nous restent, nous l’ont transmise : et, depuis que le Théâtre moderne subsiste, les intrigues d’amour ont toujours fait le fond des Comédies, Sans parler de l’utile, qui doit toujours marcher à côté de l’agréable, (et qui se trouve rarement dans une action, où il ne s’agit que d’amour et de mariage) nous voyons que l’agréable même y manque.
Car comme il n'y a guère de divertissement plus agréable aux gens du monde que celui-là, il leur était fort important de s'en assurer une jouissance douce, tranquille et consciencieuse, qui est ce qu'ils désirent le plus.
L’Abbé Médecin suivit quelque Seigneur qui voyageoit en Italie & en Espagne y fit des observations, & acquit quelque réputation ; il fut annoncé à Stocholm comme un hypocrate habile & agréable ; ce qui pour lors n’étoit pas commun dans la faculté ; la Reine en fut enchantée, le fit son Médecin & son petrone arbiter voluptatum. […] Les fous agréables ont toujours eu de la vogue ; ce sont des Comédiens qui représentent sans théatre, mais qui on avec le théatre des liaisons les plus intimes. […] Ce répentir la rendoit sombre, rêveuse, mélancolique, de mauvaise humeur, brusque, capricieuse jusque dans la compagnie du Roi, de la Reine, au milieu de la plus agréable comédie après avoir ri aux éclats, elle tomboit dans une profonde rêverie d’oû l’on avoit de la peine à la tenir, même le Roi & la Reine. […] La suite fut peu agréable, quand on peut traiter avec elle comme de couronne à couronne, on lui disputa la plupart des conditions qu’elle avoit apposées, elle vouloit désigner le successeur de Charles s’il mouroit sans enfans ; on le refusa, la pension réservée paroissoit trop forte, on vouloit qu’elle la mangeât dans le Royaume, & n’allât pas comme les Angéliques & les Bradamantes courir les terres & les mers. […] Ces défauts étoient moins sensibles sous la figure d’un homme ; le juste-au-corps, le chapeau, le plumet étoient son rouge & ses mouches ; elle n’aimoit pas la toilette, se regardoit peu dans un miroir, elle avoit raison, elle n’y voyoit rien qui pût la flatter, elle avoit la parure à sa manière dont elle n’étoit pas moins jalouse qu’une coquette ordinaire l’est de ses pompons, elle ne vouloit pas moins plaire, mais par des traits vifs, étant dépourvue des autres, c’est toujours la même foiblesse, elle ne fait que changer d’objet, cependant on s’y accoutumoit, & après la surprise que causoit une bisarrerie si révoltante ; elle devenoit assez agréable, on pouvoit dire d’elle comme de Madame de Bavière, Dauphine, sauvez le premier coup d’œil.
Le démon en use de même en répandant son venin sur les choses de ce monde, qui sont les plus agréables. […] c’est pour vous faire voir, c’est pour vous rendre agréable ; & qu’est-ce qu’il en arrive ? […] Aller aux spectacles ne peut être une œuvre agréable au Seigneur. […] cette œuvre profane, inventée par satan, pour perdre les ames, seroit une œuvre sainte & agréable au Seigneur ? […] Aller aux spectacles ne peut être une œuvre agréable au Seigneur.
Tous les objets qui se présentent à nos yeux peuvent exciter nos passions : donc on peut se préparer des objets exquis et recherchés avec soin, pour les exciter et les rendre plus agréables en les déguisant : on peut conseiller de tels périls ; et les comédies qui en sont d’autant plus remplies qu’elles sont mieux composées et mieux jouées, ne doivent pas être mises « parmi ces mauvais entretiens, par lesquels les bonnes mœurs sont corrompues ».