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313. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

La seconde, qu’il justifie lui-même la Comédie, tant par rapport aux Acteurs, qu’aux Auteurs et aux spectateurs. […] Or je vous demande, puisque vous l’avez vue, où était dans l’expression le mot pour rire, si ce n’est dans le geste et dans la posture indécente de l’Acteur. […] Mais si cela est vrai dans ceux qui vont à la Comédie, que dirons-nous des Auteurs et des Acteurs. […] Comment un Acteur peut-il s’étudier si fort à la représenter naturellement, sans en être en quelque manière pénétré ? […] Presque tout le monde disait alors que c’était une vestale, une fille d’une vertu austère qui se garantirait infailliblement de l’infection générale et ferait honte aux autres Actrices.

314. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Quoi, Chrétiens, reprend Tertullien de concert avec Saint Jean Chrysostome, vous oserez lever au Ciel ces mains que vous venez de fatiquer en applaudissant à un Acteur ? […] C’est la maniere dont on en a toujours regardé les Acteurs. […] Mais ce ne sera pas certainement ce grand Législateur, qui regardoit la seule liberté de fiction autorisée sur le théâtre comme une source intarissable de perfidie & de mauvaise foi dans la société ; ce ne sera pas cet illustre Philosophe qui, traçant le plan d’une République parfaite, en excluoit non-seulement tout acteur, mais aussi tout auteur de théâtre ; & pourquoi ? […] Ce seroit, en vérité, dans le Christianisme chose bien nouvelle, qu’on nous montrât les auteurs, les acteurs & les partisans du spectacle de venus les plus vertueux & les plus Chrétiens d’entre nous. […] Allez à présent, sur-tout, allez dans vos sociétés particulieres les donner devant vous, & pour peut-être vous donner vous-mêmes devant eux en spectacle : amusement nouveau, nouvel artifice mis à la mode dans notre siecle ; sans doute pour arracher tout-à-fait un reste de répugnance qu’on avoit jusqu’à présent conservé pour le théâtre & ses acteurs ; mais sur-tout, infaillible moyen de rendre la séduction plus certaine encore & plus prompte, en imprimant plus fortement des passions, dans lesquelles on est obligé de mieux entrer pour les représenter soi-même ; en donnant plus de liberté & de hardiesse à parler le langage de la volupté ; en mettant dans l’occasion la plus prochaine d’inspirer & de prendre des sentiments, mieux réglés peut-être dans leur objet, mais aussi déréglés dans leur principe ; & communément plus dangereux encore dans leurs suites : désordre contre lequel nous ne voyons pas que se soient élevés les saints Docteurs, sans doute parce que les Chrétiens de leur siecle en étoient incapables ; mais désordre que nous avons la douleur de voir déploré par des sages du Paganisme, comme le présage le plus certain de le prochaine & de l’entiere décadence des bonnes mœurs.

315. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

Si un Acteur, une Actrice, léguoit ses habits, y comprendroit-on les habits de théatre ? (Je crois qu’on devroit les y comprendre, si le legs étoit fait à un autre Acteur à qui ils seroient utiles, son à d’autres). […] Les Romains permettoient cependant aux Acteurs d’aller masqués par la ville, mais seulement une fois l’année, le 13 juin, à l’honneur de Cibèle. […] Les Dames Romaines, amoureuses de quelque Acteur, alloient dans sa loge baiser ses habits & s’en couvrir.

316. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Rien ne vous montrera mieux combien ces Spectacles sont dangereux pour les mœurs que quelques observations sur les acteurs, sur les Pièces considérées relativement à la morale, e, sur les Spectateurs. […] Les acteurs sont, les uns d’un âge mur, les autres des enfans. […] Parmi les acteurs de la Comédie Françoise, il se glisse quelque-fois des enfans de famille ; parmi ceux des Boulevards, on distingue ceux qui n’ont pas été ou commis, ou soldats, ou laquais. […] Quand ces Acteurs seroient aussi chastes par eux-mêmes que l’étoient ceux de madame de Maintenon à Saint-Cyr, la licence de leurs pièces ne tarderoit pas à les familiariser avec le vice. […] Lorsqu’Antoinette d’Autriche arriva en France, on crut qu’il n’y avoit rien de mieux pour lui donner une première idée de notre politesse, que d’envoyer jouer devant elle, sur sa route, les acteurs de l’Ambigu-Comique.

317. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — ESSAI SUR LES MOYENS. De rendre la Comédie utile aux Mœurs. » pp. 7-10

L’utilité de la Comédie étant reconnue, ce seroit ici la place d’examiner quelle est la forme qui lui convient le mieux pour parvenir au but qu’elle se propose de corriger les mœurs ; si la Comédie grecque étoit plus proche de la perfection morale que la nôtre, en nommant les personnes vicieuses qu’elle exposoit à la satire publique ; enfin si l’exclusion des Actrices sur les Théâtres Grecs & Romains, n’étoit pas plus propre à laisser dans l’ame des Spectateurs des impressions de vertu dégagées de tout mêlange de volupté qu’on remporte presque nécessairement de nos Spectacles.

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