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43. (1697) Satire à Mgr Bossuet « SATIRE A MONSEIGNEUR JAQUES BENIGNE BOSSUET. EVEQUE DE MEAUX. » pp. 46-48

 Je conviens avec toi que des hommes pécheurs Devraient avoir toujours les yeux baignés de pleurs Je sais que l’Evangile en ses leçons divines N’offre pour le salut qu’un chemin plein d’épines Et que loin d’approuver les jeux et les plaisirs Il nous en interdit jusqu’aux moindres désirs,  Ainsi la Comédie, étalant sur la Scène Les appas séducteurs d’une pompe mondaine, Sans doute est peu conforme à ces vœux solennels Qu’en naissant un Chrétien fait au pieds des Autels.

44. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Voilà les oracles de l’écriture, elle fait son portrait en faisant celui des méchans : Il se fait un divertissement de tout, des choses les plus mauvaises comme des meilleures, de la morale de l’Evangile, & de celle du paganisme ; il craint si peu le vice, il respecte si peu la vertu que tout est également un jeu pour lui. […] Ce seroit le cas de dire avec l’Evangile, faites ce qu’ils vous disent, mais ne faites pas ce qu’ils font. […] Mais quel renversement de l’Evangile, & du bon sens ! […] Cette contradiction avec l’Evangile, & de l’Evangile avec lui-même, est-elle tolérable ? […] Mais encore, ce n’est pas un poison lent, le vice de l’impureté lance ses traits avec violence, ils blessent subitement ; un coup d’œil suffit pour perdre l’ame la plus vertueuse, quand on regarde avec plaisir le séduisant objet : ce que l’Evangile exprime par ces mots, qui viderit ad concupiscendum, jam machatus est in corde sue .

45. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

l’Evangile est le même pour tous, mes Freres : & tout l’Evangile concourt à démontrer que dévotion, Christianisme & sainteté, c’est même chose. […] Mais c’est à l’Eglise, à ses Ministres d’imiter dans ces circonstances les Augustins, les Chrysostomes & les Ambroises, de réclamer les droits de l’Evangile, de crier au scandale. […] Ainsi pensoient des Philosophes ; & les Ministres de l’Evangile que diront-ils ? […] dans les sentiments, dans les pensées d’un auteur tout profane que la passion seul inspire, on puise plus de leçons de vertu que dans cette parole que vous nous mettez à la bouche, que dans les sentiments & les pensées des Peres, que dans notre Evangile !

46. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-3

Vous connoîtrez l’arbre par les fruits, dit l’Evangile ; un bon arbre ne porte pas de mauvais fruits, ni un mauvais arbre de bons fruits.

47. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Qu'un homme du monde suive la mode, et que sans s'embarrasser des lois sévères de l'Evangile, il s'abandonne aux plaisirs qu'il voit régner dans les sociétés où il vit, c'est le torrent de l'exemple, c'est l'empire du respect humain. Mais qu'un Prêtre et un Religieux, à qui tout l'interdit, qu'un Corps de Religieux et de Prêtres, que tout en éloigne, se fasse une affaire sérieuse, un devoir, une gloire, de composer des traités de l'art dramatique, et des pièces de théâtre, et d'en faire représenter de tous côtés avec le plus grand éclat, c'est ce que le Collège apostolique n'a jamais cru être sa vocation ; et à prendre l'Evangile pour guide, personne ne s'aviserait de chercher des Comédiens dans la Compagnie de Jésus. […] L'Evangile a beau crier, faites ce qu'ils vous disent, et ne faites pas ce qu'ils font, on en appelle des sermons aux pièces, des missions aux décorations, de la morale à la pratique, et l'on court à la comédie comme à un plaisir indifférent qu'on peut goûter sans scrupule. […] Paul, ou s'accommodant à tous les goûts pour régner sur tout, comme le prétend Pascal, mène de front le relâchement et la sévérité, prêche l'Evangile et enseigne l'art de Molière, condamne la comédie et la joue, d'une main offre Bourdaloue et de l'autre Busembaums ?

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