/ 466
106. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Parfums. » pp. 112-137

Il est incroyable que des Ministres du Seigneur viennent à l’autel dans un état si indécent, & qu’ils se préparent aux saints mysteres par la toilette. […]  16, & le Concile in Trullo défendent aux Evêques & à tout le Clergé une mondanité si contraire à leur saint état, qu’ils l’appellent une folie de jeunesse : E Pontificio gradu sunt, & deponendi Episcopi & Presbyteri unguentis fragrantibus delibuti. […] Bourdoise, les courtisans qui hantent le beau monde craignent de passer pour mal propres & peu ajustés, & ne veulent imiter que les femmes & les Marquis, non les vrais Ecclésiastiques, qui ne doivent hanter que des gens sortables à leur état, & ne faire paroître que simplicité aux habits, modestie aux gestes, retenue aux paroles. […] Jerome enseignant à Nepotien, à Occeanus, & à ses autres disciples, les devoirs de l’état Ecclésiastique : fuyez, leur dit-il, ces hommes à parfums comme des ennemis déclarés de la chasteté : Pigmentis delibutos, ut apertos pudicitiæ hostes fugiendos . […] Rien n’est plus sale que la corruption du péché ; il représente l’état du genre humain depuis le péché originel comme une fosse profonde où les hommes rouloient de vice en vice, d’erreur en erreur, mal extrême d’où le Sauveur l’a délivré par sa mort, & délivre chaque pécheur par la grace du Baptême & de la pénitence, espece de bain salutaire où tout est lavé.

107. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

François : métamorphose singuliere sous un Pape Cordélier lui-même, dont le choix, les faveurs, la confidence, l’intimité ne devoient pas ce semble tomber sur un religieux si peu attaché à son saint état. […] la Rue, jésuite, célebre prédicateur & bon poëte, a eu pour le théatre dans sa jeunesse un goût plus décidé qu’il ne convenoit à son état. […] Toute la vie n’est qu’une piece de théatre, dont Dieu distribue les rôles dans les états où il nous place : ne songeons qu’à bien représenter, pour obtenir la récompense éternelle. […] L’état religieux depuis quelques années donne bien des scènes qu’il ne faut pas lui imputer : elles sont l’ouvrage de ses réformateurs. La confiance & l’estime du public en souffrent, & cet état si saint & si utile se dépeuple tous les jours, & tend à sa destruction.

108. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

Ainsi Salomon le disoit de lui-même : Je ne me suis rien refusé, & j’ai été en état de me procurer tous les plaisirs du monde, & je n’ai trouvé par-tout que vanité & affliction d’esprit. […] C’est un état. L’oisiveté est sans doute un vice dans tous les lieux, tous les temps, toutes les professions ; mais en France & dans ce siecle le théatre en a fair un état. Ce n’est ni la robe, ni l’épée, ni le commerce, ni la littérature, ni un art mécanique ; ce n’est ni mariage, ni domesticité, ni autorité, ni dépendance ; cet état, inconnu à tous les peuples & à tous les siecles, consiste à n’avoir aucun état, à ne servir de rien, à n’être rien dans la société. […] En répandant par-tout le goût de la friuolité, fournissant un continuel amusement, érigeant la volupté en art, livrant les objets des passions & les enflammant, rendant la jouissance commune & facile par des invitations régulieres & un cercle journalier d’occupations variées & agréables, une matiere inépuisable de conversations, une source intarissable d’images, de lectures, de pensées, il donne un corps à l’oisiveté, un état à la frivolité, une consistance à la mollesse.

109. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

Des pères de cet état, fort peu instruits des droits que la loi leur donne, fort peu sensibles à un déshonneur qu’ils ne sentent pas, et qui dans le fond n’est rien pour eux, trop heureux même que leur enfants trouvent du pain, en faisant les Rois et les Princes, ne se sont pas avisés de déshériter leurs enfants Comédiens, et ceux-ci se sont aussi peu embarrassés de la tache d’une exhérédation que personne ne sait, et qui n’aboutit à rien. […] Cet Abbé, plus Comédien que Jurisconsulte, modérateur et panégyriste du théâtre, malgré la sainteté de son état, ne sera jamais l’oracle de Thémis. […] Mais toutes ces subtilités sont inutiles ; aucun Auteur ne les a faites, ils reconnaissent tous que la loi de l’exhérédation regarde tous ceux qui par état montent sur le théâtre et représentent publiquement pour de l’argent. […] Sans convenir de ces faits, l’Avocat réplique : « Il abandonna donc un état honnête (Précepteur) pour en prendre un infâme (Comédien). […] La religion condamne leur état, l’honneur le réprouve ; pourquoi l’embrassent-ils, pourquoi y demeurent-ils ?

110. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XX. Suite des prétendus talents du Comédien & de la Déclamation théatralle. » pp. 63-85

C’est-à-dire, dans deux états bien différens, par les qualités qu’ils exigent, & par la considération qu’ils méritent. Au contraire, que le Graveur burine sur les desseins d’autrui, ou sur les siens propres, il ne change ni d’état ni de qualité : celle de dessinateur ne pouvant être séparée d’un Art, dont elle est le fondement principal. […] Mais laissons les choses dans l’état où elles sont, & ne prêtons point aux fonctions du Comédien, un lustre qu’elles n’ont pas.

/ 466