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253. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

Aristote connut bien le préjudice que cela pourrait faire aux Athéniens, mais il crut y apporter assez de remède en établissant une certaine Purgation que personne jusqu’ici n’a entenduei, et qu’il n’a pas bien comprise lui-même à mon jugement : car y a-t-il rien de si ridicule que de former une science qui donne sûrement la maladie, pour en établir une autre qui travaille incertainement à la guérison ?

254. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

MONSIEUR, V ous me pressez de vous faire part de mes observations sur les Spectacles établis aux Boulevards & aux Foires Saint-Germain & Saint-Laurent : votre priere est un ordre absolu pour moi ; sans vous rien taire, je vais le remplir le plus succintement qu’il me sera possible. […] Ces Spectacles sont établis ou pour les honnêtes gens, ou pour les gens dépravés : on m’accorde qu’ils ne sont pas faits pour les premiers, qu’ils ne peuvent que hâter la dépravation de ceux qui les fréquentent d’habitude ; ils sont donc uniquement faits pour les gens de mauvaise vie des deux sexes. […] Les grands Danseurs sont le premier Spectacle établi sur les remparts & à la foire. […] se sont établis depuis 12 ou 15 ans. […] Il est bon d’observer, que cet Auteur judicieux, ce sage politique n’établit aucune distinction entre ces membres : tous dependent du même Gouvernement, contribuant tous à l’utilité commune, ils doivent prétendre aux mêmes graces à la même faveur, aux mêmes attentions.

255. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Il continue donc ainsi : « Pour commencer par Tertullien : en même temps qu’il déteste l’horreur et l’infamie des Spectacles, il se fait cette objection : Dieu, dit- il, a établi toutes choses et les a données aux hommes ; et par conséquent elles sont toutes bonnes, comme le Cirque, les lions, les voix, etc. […] Et il ne faut pas s’étonner s’il corrompt les autres créatures ; il ne faut pas même en douter, puisque ce fut par la malice de cet Ange jaloux et méchant, que le premier homme qui était non seulement l’ouvrage de Dieu, mais aussi son image et le maître de l’Univers, fut renversé de l’état d’innocence où il avait été établi. » Quoi ? […] Car Tertullien premièrement, n’a jamais fait comparaison de la Comédie avec les Anges, le fer et les herbes ; et les Païens mêmes n’établissaient pas ainsi leur comparaison, comme je l’ai déjà remarqué : mais il n’est rien aussi de si faux que Tertullien ait jamais avoué en aucune façon que la Comédie fût une chose indifférente : il a au contraire déployé toujours tout son zèle et toute son éloquence pour la décrier et pour la faire éviter aux Chrétiens comme un écueil très dangereux. […] Cependant notre Docteur le met en œuvre comme quelque chose de fort bon ; et effectivement c’est un vrai lieu commun pour les Docteurs de Théâtre ; car comme les affiches des rues leur tiennent lieu d’écriture, il semble qu’ils ont droit d’en tirer des arguments pour établir leur doctrine Théâtrale. […] Notre Docteur établit ici son triomphe sur une victoire un peu imaginaire.

256. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

L’Auteur y établit d’abord cette Proposition générale qui est le fondement de toute sa Dissertation, qu’il n’y a rien qui plaise tant ni si généralement à tous les hommes, que l’Imitation. […] Si le Poëte Tragique entre bien dans l’esprit de son art, il faut que toute la conduite, toute l’œconomie de sa Piéce tende uniquement à établir, à développer, à mettre dans tout son jour le point de morale qui doit en être le véritable sujet, & qu’en donnant par-là le plaisir de l’unité, il fasse goûter encore plus celui de la vérité, dont sa Tragédie doit être une preuve vivante, qui la démontre par les événements & par cette espéce d’expérience que le Spectateur fait, suivant le proverbe Espagnol, sur la tête d’autrui ; par-là le Poëme Tragique renfermeroit une espéce de Philosophie, si les Poëtes pouvoient être vraiment Philosophes. […] Mais toutes ces conséquences me paroissent si clairement renfermées dans les principes dont je me suis servi pour établir la distinction des mouvements qui viennent de l’objet même & de ceux qui naissent de la copie, que tout ce que j’ajouterois ici sur ce sujet, ne pourroit être qu’une répétition aussi inutile qu’ennuyeuse.

257. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

Elle fit cesser l’usage modeste, jusqu’alors établi pour les femmes, qui subsiste encore en quelques endroits, d’être assises à cheval sur des selles à dossier, avec un large étrier pour les deux pieds, ce qu’on appelloit aller à la planchette : on n’y peut pas si bien étaler ses jambes. […] Les Charlatans s’établirent en France en même temps que la Comédie Italienne. […] Nous ajoutons ici que quoique la Comédie Italienne ait toujours eu son théatre separé, & ne se soit jamais établie hors de la capitale, elle a pourtant changé en France la face du spectacle, & l’a rendu beaucoup plus dangéreux qu’il n’étoit.

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