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41. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « letter » pp. 3-26

Mais où avais-tu l’âme, ô cyclope dénaturé, quand tu as écrit, que celui qui contrefaisait Dieu, et celui qui jouait le personnage de Lucifer ont été emportés de maladie pour s’être trop échauffés ? […] Si cet imposteur ne les a couchés par écrit après tant d’autres, ce n’a pas été, crois-je, faute de bonne volonté : car encore un coup quelle rage contre ces pères ? […] Le texte est donc moins écrit pour démontrer aux autorités la valeur de l’action théâtrale des jésuites, que pour la défendre, avec leur appui. […] [NDE] Pline l’ancien, dans son Histoire naturelle, attribue à Cicéron la référence à une copie de l’Iliade d’Homère, qui aurait été écrite sur parchemin et enfermée dans une coquille de noix (Pline, Naturalis Historia, VII, chap. 21, éd. […] L’auteur du texte adopte une vue relativiste sur leurs écrits, comme le fait aussi, cinquante ans plus tard, le père d’Aubignac (voir Dissertation sur la condamnation des théâtres, chapitre 3).

42. (1666) Réponse à la lettre adressée à l'auteur des Hérésies Imaginaires « Ce I. avril 1666. » pp. 1-12

« Vous les avez lues, dites-vous, tantôt avec plaisir, tantôt avec dégoût, selon qu’elles vous semblaient bien ou mal écrites ». […] Il n’a jamais écrit sur les matières de la grâce, et n’a rien entrepris que de simples traductions et des histoires pieuses. […] Quand on est échauffé on s’éblouit soi-même de ce qu’on écrit, et l’on se persuade aisément que les choses sont bien prouvées, pourvu qu’elles soient soutenues d’amplifications et de lieux communs. […] C'est ce qui vous a dégoûté des écrits de Port-Royal et qui fait que vous vous plaignez qu’ils ne disent plus rien de nouveau. […] Vous jugez à peu près de ces écrits comme des romans ; vous croyez qu’ils ne sont faits que pour divertir le monde ; et que comme il aime les choses nouvelles, on doit avoir soin de n’y rien dire que de nouveau.

43. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre VI. De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre. » pp. 142-158

La Fable vous est aussi peu nécessaire : les Écrits de nos Poètes vous sont de la dernière inutilité. […] Soyez certain qu’il vous suffit de savoir ce qu’on a écrit de mieux sur les règles Dramatiques. […] Vous aurez mille occasions de dire des choses communes, & vous n’en aurez pas quatre d’en écrire de sublimes. […] Dans son ivresse, il demande du papier, veut écrire au plutôt un Opéra-Bouffon, charmé d’avoir un moyen d’égaler des Gens de Lettres qu’il croyait être contraint de respecter toute sa vie. […] « Le Bareau, s’ecrie-t-il, est pour les buveurs d’eau, & la Poèsie pour les Ivrognes12. » Si les Auteurs de Poètique n’ont pas insérés dans leurs Ouvrages cette condition, sans la quelle on n’écrirait que des choses froides, sans esprit & sans âme, c’est qu’ils ont pensés que les Gens de Lettres en sentiraient d’eux-mêmes l’importance.

44. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

Je pourrais, Messieurs, vous faire le même compliment que vous me faites, je pourrais vous dire qu’on vous fait beaucoup d’honneur de vous répondre ; mais j’ai une plus haute idée de tout ce qui sort de Port-Royal, et je me tiens au contraire fort honoré d’entretenir quelque commerce avec ceux qui approchent de si grands hommes… Toute la grâce que je vous demande, c’est qu’il me soit permis de vous répondre en même temps à tous deux, car quoique vos Lettres soient écrites d’une manière bien différente, il suffit que vous combattiez pour la même cause, je n’ai point d’égard à l’inégalité de vos humeurs, et je ferais conscience de séparer deux Jansénistes. — Aussi bien je vois que vous me reprochez à peu près les mêmes crimes, toute la différence qu’il y a, c’est que l’un me les reproche avec chagrin, et tâche partout d’émouvoir la pitié, et l’indignation de ses Lecteurs, au lieu que l’autre s’est chargé de les réjouirb. […] Combien de gens ont lu sa Lettre, qui ne l’eussent pas regardée, si le Port-Royal ne l’eût adoptée, si ces Messieurs ne l’eussent distribuée avec les mêmes éloges qu’un de leurs Ecrits. […] Savez-vous qu’il a fait un grand Ecrit qui a mérité d’être brûlég. […] Sans mentir ils ont toute une autre manière d’écrire que les Faiseurs de Romans, ils ont toute une autre adresse pour embellir la Vérité, ainsi vous avez grand tort quand vous m’accusez de les comparer avec les autres ; je n’ai point prétendu égaler Desmarets à M. le Maistre, il ne faut point pour cela que vous souleviez les Juges, et le Palais contre moim, je reconnais de bonne foi que les Plaidoyers de ce dernier sont sans comparaison plus dévots que les Romans du premier ; je crois bien que si Desmarets avait revu ses Romans depuis sa conversion, comme on dit que M. le Maistre a revu ses Plaidoyers, il y aurait peut-être mis de la spiritualité, mais il a cru qu’un pénitent devait oublier tout ce qu’il a fait pour le Monde. […] Vous voyez bien que je ne cherche pas à faire de longues Lettres, je ne manquerais pas de matière pour grossir celle-ci, je pourrais vous rapporter cent de vos passages, comme vous rapportez presque tous les miens ; mais, ou ils seraient ennuyeux, et je ne veux pas que vous vous ennuyiez vous-mêmes ; ou ils seraient divertissants, et je ne veux pas qu’on me reproche comme à vous, que je ne divertis que par les passages des autres ; je prévois même que je ne vous écrirai pas davantage ; je ne refuse point de lire vos Apologies, ni d’être spectateur de vos disputes, mais je ne veux point y être mêlé.

45. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

Solon dont Plutarque a écrit la vie, pensait comme nous, lorsqu’étant allé voir un certain Tespis qui représentait lui-même les Pièces de Théâtre qu’il avait composées. […] Faut-il donc qu’un Chrétien autorise par un Écrit public, ce que les Païens n’ont pû approuver ? […] Vous voyez que l’envie d’écrire ne me porte point à me servir de ces passages si beaux que l’on rencontre dans les Pères contre les ordures des Spectacles. […] et l’autorité de ce grand Cardinal peut-elle servir à l’Auteur de l’Écrit pour favoriser son injuste prétention ? […] Saint Benoît, que l’Esprit Saint porta à se rouler dans les épines, et tous les autres Saints qui se sont fait de si grandes douleurs, pour chasser le premier souvenir d’une femme, étaient bien simples, si l’Auteur de l’Écrit a raison.

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