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76. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VII. Les spectacles favorisent les suicides. » pp. 90-92

En donnant à ces vices un air de grandeur, ils les rendent plus dangereux, et les font entrer plus facilement dans les âmes bien nées. […] « De même que la lecture des romans rend l’esprit romanesque, l’assiduité au théâtre rend aussi l’âme tragique.

77. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

C’est avec raison qu’on a blâmé Euripide d’avoir représenté Médée, qui égorgeait ses propres enfants ; il faut avoir l’âme barbare pour pouvoir souffrir un spectacle si horrible. […] Le Poète doit avoir grand soin de réserver le plus tragique pour la fin de la pièce, et pour en faire le dénouement, afin d’exciter de plus grandes passions dans l’âme des Auditeurs. S’il expose à la fin de la Tragédie deux grandes actions, l’âme partagée demeure incertaine, et ne sait à quels sentiments se fixer. […] La fin des pièces dramatiques est d’exciter en l’âme plusieurs passions tour à tour, la tristesse, la joie, la douleur, l’espérance, le désespoir : Ces passions entrent dans l’âme par les yeux, et par les oreilles, par les spectacles, et par les récits ; lorsqu’on fait voir au spectateur, quelque objet pitoyable, ou qu’on lui raconte quelque Histoire tragique. […] Il faut que leur douleur soit bien fondée, et causée par quelque grande infortune, capable d’abattre l’âme la plus intrépide.

78. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IX. Qu’il faut craindre en assistant aux comédies, non seulement le mal qu’on y fait, mais encore le scandale qu’on y donne. » pp. 41-43

Ce sont des âmes invulnérables qui peuvent passer des jours entiers à entendre des chants et des vers passionnés et tendres sans en être émus : et des gens d’une « si éminente vertu » n’écoutent pas ce que dit saint Paul : I. […] « Que ceux qui consentent à un mal y participent. » Des âmes « si délicates et si scrupuleuses » ne sont point touchées de ces règles de la conscience.

79. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXVII.  » pp. 486-488

Ce sont ces saintes délices qui font monter les âmes chrétiennes du désert de ce monde jusqu'à Dieu, selon cette parole du Cantique : « Quae est ista quae ascendit de deserto deliciis affluens ? […] Mais si l'âme au contraire s'abandonne à ces faux plaisirs, elle perd incontinent le goût des spirituels; et ne trouve que du dégoût dans la parole de Dieu.

80. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

Quelle folie et quel péché (de peccato et vanitate) de négliger des études utiles, pour m’occuper des aventures de je ne sais quel Enée, tandis que j’oubliais mes propres égarements, et de pleurer la mort que se donna Didon pour son amant, tandis que je vois d’un œil sec la mort de mon âme ? […] Entraîné par la curiosité, Alype ouvre les yeux, et fait à son âme une plaie plus profonde que celle que reçoit le gladiateur. […] Ecoutez, si l’ivresse de l’erreur vous laisse encore quelque lueur de bon sens : les Dieux ordonnent le théâtre pour vous préserver des maux du corps, et leur Pontife l’abolit pour préserver vos âmes de la corruption du vice. […] Mais les hommes pervers et rebelles mettent la félicité dans la magnificence des bâtiments, sans prendre garde à la ruine des âmes, ils bâtissent des théâtres, et renversent les fondements des vertus. On applaudit aux combats des Gladiateurs, et on se moque des œuvres de miséricorde ; on entretient la débauche des Comédiens, et on laisse manquer les pauvres du nécessaire ; on blasphème la doctrine de Dieu et on décrie les Prédicateurs qui condamnent cette infamie publique, et on adore ces Dieux prétendus qui se plaisent à des spectacles de théâtre qui déshonorent le corps et l’âme.

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