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25. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

Cette futile question a suspendu les affaires de l’État, occupé la délégation, & fait naître deux partis qui s’y intéressent avec plus de vivacité, que si le sort de la République en dépendoit. […] Les femmes régloient toutes les affaires d’État, elles étoient de toutes les cabales, les formoient, les entretenoient, les faisoient agir à leur gré, étoient le grand ressort, le vrai mobile de tout. […] Les Duchesses de Longueville & de Chevreuse, la Princesse Palatine seroient capables de renverser dix États ; il est vrai, répondit le Ministre Espagnol, que je suis fort heureux que les femmes ne se mêlent point eu Esp gne des affaires d’État, elles y gâteroient tout, comme elles font en France ; c’est une des raisons pour lesquelles on les tient si enfermées, la raison d’État y a autant de part que la jalousie. […] En France la fabrication & la vente des cartes sont libres ; mais les cartes sont timbrées, & il y a un droit à payer sur chaque jeu avant de pouvoir s’en servir ; ce qui donne le même profit à l’État sous un autre nom. […] Ces jeux sont défendus en France, l’État n’en tire aucun profit.

26. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

Je pense encore que de pareils rapprochements en politique comme en religion, loin d’être irrespectueux et nuisibles à la religion et à l’Etat, sont au contraire dignes d’approbation et véritablement nécessaires, puisqu’ils tendent à la réforme d’abus intolérables. […] C’est là que les factions monachiques et jésuitiques ultramontaines, sont gorgées de richesses, tandis que l’Etat est pauvre et la famille royale privée de finances. […] Voudrait-on rouvrir cette source d’abus qui mit de si grands biens à la disposition des prêtres, et qui fit jadis tant de mal à l’Etat et à la religion ? […] Ne supposons donc pas que des rois seraient assez influencés et assez effrayés par l’impudence jésuitique, au point de se déterminer à enrichir de plus en plus l’autel aux dépens des sueurs du peuple, et ruiner l’Etat à coups de milliards. […] Il faut le demander à ce brillant écrivain, homme d’Etat qui, d’un seul trait de plume, jugea sans appel, à mon avis, un grand personnage qui jadis fut si épris du pouvoir absolu.

27. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

L’Ambassadrice negotia avec tant de succès qu’Antoine negligea toutes les affaires, & laissa la Reine prendre le gouvernement de l’Etat. […] Quel besoin a l’Etat de perfectionner un art dangereux, qu’il devroit proscrire, & dont la perfection augmente le danger ? […] Qu’a-t-elle fait de grand, quel service a-t-elle rendu à l’Etat ? […] C’étoit le ton du jour, & l’esprit de l’Etat. […] Quel gouffre qui engloutissoit le bien de l’Etat & son propre patrimoine.

28. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « EXTRAIT DE QUELQUES PENSEES SAINES. Qui se rencontrent dans le livre de J.J. Rousseau contre le Théâtre, ou condamnation de son système par lui-même. » pp. 66-77

Il faut aimer son métier pour le bien faire ; l’assiette de l’État n’est bonne et solide que quand tous se sentant à leur place, les forces particulières se réunissent et concourent au bien public, au lieu de s’user l’une contre l’autre ; comme elles font dans tout État mal constitué. […] faut que chacun sente qu’il ne saurait trouver ailleurs ce qu’il a laissé dans son pays ; il faut qu’un charme invincible le rappelle au séjour qu’il n’aurait point dû quitter ; […] il faut qu’au milieu de la pompe des grands Etats, et de leur triste magnificence, une voix secrète leur crie incessamment au fond de l’âme : Ah !

29. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Charles IV & Charles V. » pp. 38-59

Il étoit en guerre avec un Prince voisin, un jour on vint lui dire que son ennemi étoit entré dans ses Etats avec une armée, & y faisoit des ravages ; il descend à la cuisine, met sur sa tête un chauderon en guise de casque, prend à la main une broche comme une épée, sort avec sa Cour dans la rue, s’escrimant avec sa broche pour combattre les ennemis. […] Ces mariages de théatre furent la plupart accompagnés de circonstances odieuses ou extravagantes ; il y perdit ses Etats, & se perdit lui-même. […] Ce triomphe figuratif ne dut pas plaire au Duc réellement chassé de ses Etats, & le vainqueur n’auroit rien perdu de sa gloire, en ne donnant pas cette comédie. […] Il est mort sans avoir pu recouvrer ses Etats, que les comédies de son oncle lui avoient fait perdre, & qui, après la mort du Roi Stanislas, ont été unis à la France. […] Malgré ce génie prétendu extraordinaire pour la guerre, il ne réussit qu’à se faire dépouiller deux fois de ses États par la France, & emprisonner par l’Espagne & mourir en fugitif.

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