Il est vrai que le grand nombre, la diversité des Spectacles, la modicité du prix, le changement des scènes, tout entraîne vers des Théatres qu’on fait semblant de mépriser, & que l’on fréquente avec empressement. […] Si l’ancien Opera comique est libre, c’est que c’est un Spectacle ambulant & forain, ne respirant que la gaieté, qui doit être moins châtié qu’un spectacle régulier & permanent. […] Le sieur Caffieri, qu’on dit habile Sculpteur, a fait présent au Théatre François du Buste de Piron en marbre ; les Comédiens en reconnoissance lui ont accordé les entrées au Spectacle, comme le Roi donne aux grands Seigneurs les grandes entrées, en recompense de leurs services.
Chrysostome1, de la fréquentation des Spectacles ? […] On représente l’amour, non pas comme un crime, c’est une simple foiblesse, encore une foiblesse noble & agréable, la foiblesse des Héroïnes & des grands Hommes ; c’est une foiblesse que l’on a sçu si bien déguiser & embellir, qu’elle attire tous les regards, elle charme toutes les oreilles, elle séduit tous les cœurs ; le portrait que l’on en a fait est si flatteur, qu’on ne s’en lasse point, on ne souffre plus guères de Spectacles où elle ne se rencontre pas : c’est elle qui préside à toute l’action, elle est devenue essentielle aux Tragédies les plus sérieuses : en quoi la France a enchéri sur les Grecs & sur toute l’antiquité payenne.
Le Théâtre Français où mes heureuses Veilles Ont de tant d’Auditeurs enchanté les Oreilles ; Tant de fois étalé des spectacles Pompeux ; Et de mes Nourissons rendu les Noms fameux ; Par sa stérilité me reproche la mienne, Et n’a plus aujourd’hui d’Appui qui le soutienne. » LA RENOMMÉE. […] Quand les Grecs autrefois se donnaient un spectacle, Contents de leurs Vertus, trouvaient-ils à propos D’aller chez leurs voisins emprunter des Héros ?
Or, c’est à tous ces principes que la morale des Spectacles est directement contraire. […] Il suit de là que, comme le Spectacle de la vertu persécutée ne doit point détourner de la vertu, de même la représentation des maux que souffrent les Amants, ne détournera point de l’amour, et que les Spectateurs, après avoir plaint les Amants dans leurs traverses, se réjouiront avec eux de les en voir délivrés, et ne seront point effrayés d’avoir à courir les mêmes risques ; parce qu’ils seront sûrs d’obtenir le même prix.
Cathérine qui aimoit passionnément les spectacles, & vouloit les faire aimer, s’étoit formée cette noble troupe, qui jouoit tant qu’on vouloit, & tout ce qu’on vouloit. […] On s’en dédommagea dès-qu’on fut en sureté à Paris, où dès le lendemain le spectacle recommenca pour célébrer l’entrée triomphante de la Cour, après la défaite du Prince de Condé, qui en fournit un beau sujet ; & les Clairons du temps jouerent d’après nature. […] Nous ajoutons ici que quoique la Comédie Italienne ait toujours eu son théatre separé, & ne se soit jamais établie hors de la capitale, elle a pourtant changé en France la face du spectacle, & l’a rendu beaucoup plus dangéreux qu’il n’étoit. […] C’étoit des exemples, des discours de piété, qui entretenoient la religion parmi un peuple grossier, à qui il faut des images & des discours à sa portée, à qui la perfection enleve ce même spectacle, qu’on dit lui être nécessaire. […] Les Italiens entrerent mieux dans ses vues en suivant leurs propres passions ; ils ne donnerent que des spectacles purement prophanes & licencieux, comme ils font encore, quoique un peu plus voilés depuis qu’on a puni leur excessive licence.
hier, il était derrière elle au Spectacle ; je les vis se parler à l’oreille ; la joie brillait dans leurs regards… Voilà donc ce qu’il cherchait au Théâtre !
Sans parler des secours du spectacle et de la Musique ; ils sont maîtres des sources d’où naissent les pensées et les mouvements convenables à ce genre d’écrire : ils ont l’invention, l’éloquence, l’expression, avantages merveilleux et propres à faire d’heureuses impressions, s’ils étaient bien employés : car la force d’enlever les esprits, et le pouvoir de remuer les cœurs, ne deviennent des talents dignes d’éloges que par le bon usage L’Anglais dit : Sont comme un canon dont on s’est saisi etc.
Cependant, Grand Prélat, d’invincibles obstacles S’opposent au dessein d’abolir les spectacles ; Auprès des Souverains l’oisiveté des Cours Malgré tous les serments les maintiendra toujours, Et les peuples privés d’un plaisir excusable Peut-être en chercheraient quelqu’autre plus coupable.
On ne sera point étonné de voir, MONSEIGNEUR, votre illustre nom à la tête d’un Livre contre les Spectacles ; il y a longtemps qu’on vous voit allier les talents militaires avec les vertus Chrétiennes ; le même Seigneur, qui dans les Batailles d’Oudenarde et de Malplaquet, signala sa valeur, est compté pour un Héros du Christianisme.
Les autres siècles étaient plus simples dans le bien et dans le mal : ceux qui y faisaient profession de piété témoignaient, par leurs actions et par leurs paroles, l'horreur qu'ils avaient de ces spectacles profanes.
Ce sont d'étranges prières que celles que l'on fait en sortant de ces spectacles, ayant la tête pleine de toutes les folies qu'on y a vues.
Le plaisir d’un pareil spectacle est inhumain & impie, les chrétiens, dit Minutius Felix, ne se plaisent point aux combats des gladiateurs, ne vont point à la comédie, ne se trouvent point au fêtes prophanes, ne se parfument point, ne se couronnent point de fleurs, & c. […] Et ceux qui vivent mal, qui aiment les spectacles ; les condamnent contre leur intérêt & leur idée, & débitent la morale sévere qu’ils ne pratiquent pas, & qui les condamneroient par leur propre bouche ! […] Combien d’autres choses, au spectacle, qui sont aussi peu dans la nature ? […] Le beau spectacle & bien divertissant, de voir une Medée égorger ses enfans ! […] Les autres sont sans doute plus dangereuses, leurs objets sont d’intelligence avec nous ; il est dans tous les cœurs un germe d’orgueil, d’ambition, d’impureté ; le plaisir & le spectacle le developpent, & le flattent.
Point de femme du monde qui ne se pare en Actrice ; jamais le goût & la folie de la parure ne furent portés si loin que depuis le regne brillant du théatre : aucune femme qui y soit plus attachée que celles qui fréquentent les spectacles. […] Je sais que les femmes Françoises sont naturellement frivoles & volages sur leur parure ; mais jamais les excès ne furent aussi-loin que depuis que le spectacle a mis sur le trône ces maîtresses, ces oracles, ces modeles de parures. […] Leur est-il même utile d’attiser si fort la concupiscence de leurs maris par le spectacle perpétuel de ce qui l’enflamme ? […] On en va recueillir les fruits dans le monde, aux spectacles, aux promenades, où bien-tôt on n’est pas moins méprisé. […] Ce spectacle n’est-il pas aussi ridicule qu’indécent ?
[NDE] Reproduite par le Père Joseph Voisin, La Défense du traitté de Monseigneur le Prince de Conti touchant la comédie et les spectacles, ou la Réfutation d’un livre intitulé Dissertation sur la condamnation des théâtres, Paris, Louis Billaine, 1671, p. 317-318.
Ceux qui y faisaient profession de piété témoignaient par leurs actions et par leurs paroles, l'horreur qu'ils avaient de ces spectacles profanes.
Ce sont d'étranges prières que celles que l'on fait en sortant de ces spectacles, ou de ces lectures, ayant la tête pleine de toutes les folies qu'on y a vues.
L’indécence des femmes qui y paroissent, est un des plus grands & des plus inséparables dangers du spectacle. […] On a beau vanter les délices de la campagne, les plaisirs de la solitude, la volupté d’un repas frugal, le murmure d’un ruisseau, la mélodie des rossignols, un homme étourdi du tumulte de la ville & de la Cour, enivré du plaisir du jeu, de la table, du spectacle, entraîné par les amusemens & le torrent des affaires, peut-il soutenir les horreurs d’un désert ? […] Fuyez les spectacles, les représentations passionnées : il ne faut point voir ce qu’on ne veut pas sentir ; la musique, la poësie, tout cela est du train de la volupté. […] Ce qui fréquente le spectacle est presque toujours immodeste, & tout ce qui est immodeste y court pour y figurer : on n’oseroit pas même y paroître couvert, on y seroit ridicule, la pudeur y est déplacée. […] Elle seule devroit suffire pour interdire aux Chrétiens l’entrée d’une salle de spectacle : le péché étalé de toutes parts feroit tomber les ames les plus pures.
Cependant leurs Ambassadeurs à Paris et à Vienne ont été aux spectacles par curiosité, et on dit que Sa Hautesse fait quelquefois représenter de petites pièces à ses femmes et à ses eunuques. […] Toutes les estampes des spectacles et les portraits des Actrices respirent l’indécence. […] Au souper qui suit le spectacle, on ne parla que des intrigues des Actrices, de dix amants ruinés, de trente trompés, de quarante assez imbéciles pour se croire aimés, etc. » Ne sont-ce pas bien là des objets dignes d’occuper le Conseil d’Etat, d’être soigneusement retenus dans leurs nobles fonctions, de n’obtenir que très difficilement la liberté de priver le public de leurs importants services ? […] Car en tolérant les spectacles pour éviter un plus grand mal, aucun Prince, aucune loi ne s’est jamais avisé de les déclarer innocents, encore moins la profession de Comédien, que toutes les lois civiles et canoniques sans exception ont condamnée, même en la tolérant ; surtout un Prince aussi pieux que Louis XIII, qui n’avait point de goût pour la comédie, et désapprouvait la conduite et les dépenses énormes du Cardinal à cet égard, oserait-il tenir un langage si contraire à la religion. […] Il ne le pouvait pas même, puisque l’Eglise s’étant constamment déclarée dans tous les siècles contre l’assistance aux spectacles et à plus forte raison contre le métier de Comédien, qu’elle a toujours anathématisé et privé des sacrements, un Prince Chrétien ne pouvait se déclarer authentiquement contre sa doctrine, en traitant d’innocent ce qu’elle proscrit comme criminel.
Dans cette généralité de dépravation, fruit ordinaire du spectacle, nous n’exceptons pas les riches & les Grands du monde.
Enfin, pour embelir ces Spectacles, il est besoin d’avoir de l’invention, mais encore plus d’avoir de l’argent pour soûtenir le Prix & le succez des imaginations.
Il est vrai que pendant la maladie de M. le Dauphin ils firent cesser le spectacle, ce qui n’est pas trop conséquent, & que de leur côté les Acteurs du Concert établi sous la protection de M. l’Evêque, au lieu des scènes d’Armide, de Roland, d’Hypolite, chantèrent le Miserere, sans pourtant prendre la discipline, non plus que nos saints Pénitens. […] Un des théatres de Londres étoit autrefois un monastère ; on a fait la salle du spectacle dans une grande piece qui servoit d’Eglise ou de chapitre : on voit de toutes parts des Evêques & des Moines peints sur les murailles, qu’on a négligé d’effacer ; on y a appliqué les décorations & les loges avec des peintures analogues. […] Au reste l’exemple du digne Evêque de ceux de Beziers leur servira de règle pour purger l’opéra & en faire un spectacle dévot. […] Ils allèrent tout uniment d’un spectacle à l’autre, & tous les jours les Pénitens de toutes les couleurs vont faire l’oraison au théatre, & travailler à convertir les Actrices.
Je demande si la musique de ce brillant Spectacle est de nos jours ce qu’elle était autrefois ? […] Elle a d’ailleurs une noblesse, une grandeur très-convenables au Théâtre où elle est employée & qui la distinguent avec avantage de celle des autres Spectacles lyriques. […] Malgré la difficulté de démêler actuellement les deux genres, il est fort agréable de pouvoir se dire dans un concert, ou bien au nouveau Spectacle, telle Ariette est dans le goût Italien ; celle-ci est dans le genre Français. […] Il est sur-tout étonnant que l’Orchestre du nouveau Spectacle, d’un Théâtre où l’on s’éfforce d’imiter les Italiens, nous donne lieu de lui reprocher aussi ses Accompagnemens trop renforcés.
Car il ne faut pas qu’il découvre toutes choses, de peur de violer le mystere, & de risquer les plaisirs de la surprise, qui sont les plus doux que donne le Spectacle. […] Mais la premiere semble consacrée aux Temples, & la seconde aux Cabinets, & l’un & l’autre ne sont ni assez portatifs ny assez aisez pour estre employez aux divertissements, & portez librement dans les lieux destinez aux Spectacles. […] De toutes les regles que l’on peut donner pour les habits, il n’en est qu’une indispensable, contre qui on ne se revolte jamais impunément, & sans que le Spectacle & le Spectateur en patissent. […] Autrement ce n’est pas une Machine de Balet, mais un simple Spectacle de Machines. […] C’est le grand & superbe Salon que le Roy conceut & fit faire fixe, & permanent pour les divers Spectacles & pour les delassemens de son esprit & le divertissement de ses Peuples.
Les raisons qui le déterminent à jouir du spectacle, sont d’un tout autre genre. […] Telle étoit l’idée d’Horace, quand il disoit que le spectacle de la nature, offert à de bons yeux, éleve l’ame au véritable entousiasme.
Les enfans de ces premiers enfans de l’Eglise, auxquels les Païens n’avoient point d’autres reproches à faire, si ce n’est qu’ils ne paroissoient point dans le Cirque, qu’ils fuïoient le teatre & les spectacles publics, qu’on ne les voïoit ni couronnez des fleurs, ni vêtus de pourpre, qu’ils aimoient la pauvreté, & qu’ils avoient horreur des charges & des honneurs ! […] Elle a condamné les dances & les spectacles en détruisant l’Idolatrie, qui les avoit enfanté, & qui a mis au jour tous ces monstres de vanité & de dissolution.
« La danse, dit-il, est une action indigne d’un honnête homme, de laquelle on ne peut rapporter que de la honte, c’est un spectacle aussi infâme comme inutile, c’est une assemblée d’intempérance. […] Jean Chrysostome ci-dessus allégué répond, qu’encore qu’en ces spectacles on ne soit ému à aucune mauvaise convoitise, c’est toutefois se trouver parmi les péchés d’autrui, et s’en rendre en quelque façon participant.
L’Eglise favorisait ce genre de spectacle, qu’elle regardait comme susceptible d’édifier les fidèles ; les membres du clergé y assistaient ; quelques-uns même y prenaient part. Mais comme notre nation a toujours aimé le mot pour rire, on ne tarda pas à trouver que les mystères étaient un peu graves ; et les confrères, pour varier le spectacle, s’adjoignirent insensiblement quelques bons fils de famille ou enfants sans souci, comme il y en a dans tous les siècles, qui se chargèrent d’égayer ceux dont les saints tableaux avaient rembruni l’imagination ; de sorte qu’au seizième siècle s’introduisit presque généralement l’usage de représenter les histoires du Vieil et du Nouveau Testament avec la farce au bout, pour recréer les assistants.
Que le levain du mécontentement fermente dans tous les cœurs ; qu’il est sans doute encore trop foible pour étouffer entierement notre passion pour les représentations théatrales ; mais que sans cesse accru par le spectacle des usurpations des Acteurs, & par l’abus qu’ils font de nos propres droits contre nous-mêmes, ce levain parviendra enfin à triompher d’un penchant qui nous humilie, & à nous inspirer autant d’aversion pour le Théatre que nous aurons eu de goût pour lui.
(C’est ainsi que Tertullien appelle les Spectacles) Ce vice le plus honteux & le plus dangereux de tous, ne devroit pas même, selon saint Paul, être nommé parmi des Chrétiens.
Peut-on après cela s’étonner assez de la sécurité de ces hommes qui se présentent aux Spectacles aussi hardiment que s’ils etoient de bronze & d’airain.
Nous a fait remontrer, qu’il auroit composé un Livre intitulé, l’Idée des Spectacles Anciens & Nouveaux, qu’il desireroit donner au public, s’il nous plaisoit luy en accorder la permission, & iceluy faire imprimer, requerant nos Lettres à ce necessaires : A ces causes, desirant favorablement traiter l’Exposant : Nous luy avons permis & octroyé, permettons & octroyons par ces Presentes, de faire Imprimer le dit Livre par l’un de nos Imprimeurs par nous choisis & reservez, que bon luy semblera, en tel marge, volume & caractere, & autant de fois qu’il voudra, durant le temps de sept années, à commancer du jour qu’il fera achevé d’imprimer ; pendant lequel temps, faisons tres-expresses deffences à tous Imprimeurs, Libraires & autres personnes de quelque qualité & condition qu’elles soient, de l’imprimer ou faire Imprimer, vendre & distribuer en aucun lieu de nostre Royaume, Païs & Terres de nostre obeïssance, sans le consentement dudit Exposant, ou de ceux qui auront droit de luy : à peine de deux mille livres d’amande, aplicable un tiers à l’Exposant, un tiers à Nous, & l’autre tiers à l’Hôpital General de nostre Ville de Paris, de confiscation des Exemplaires contrefaits, & de tous despens, dommages & interests ; à la charge qu’il en sera mis deux Exemplaires en nostre Bibliotheque, un en celle de nostre Cabinet, de nostre Chasteau du Louvre, & un autre en celle de nostre Amé & Feal, le Sieur Seguier, Chevalier, Chancelier de France, avant que de l’exposer en vente, & que ces Presentes seront registrés sur le Livre de la Communauté des Marchands Libraires & Imprimeurs.
Depuis votre départ, il ne s’absente que le soir, pour aller au Spectacle ; presque tous les jours, il se rend au même Théâtre de fort bonne heure ; le desir de le voir m’y conduit quelque-fois sur ses pas ; monsieur de Longepierre, qui me croit passionnée pour la Comédie, quitte tout pour m’accompagner : je cherche des yeux monsieur d’Alzan dans la foule de l’Orquestre ; je l’ai bientôt démêlé : je le vois ; & le calme renaît dans mon cœur ; je me trouve presque contente.
répond, que sans courir au théâtre, nous trouverons la nature si riche en spectacles divertissants, et que d’ailleurs la religion et même notre domestique sont capables de nous fournir tant d’occupations où l’esprit se peut relâcher, qu’il ne faut pas se tourmenter pour en chercher davantage : enfin que le chrétien n’a pas tant besoin de plaisir, qu’il lui en faille procurer de si fréquents et avec un si grand appareil.
Les spectacles favorisent les duels.
Les spectacles ne sont propres qu’à rendre romanesques ceux qui les fréquentent.
On a plûtost retenu le mot de Spectacle que celuy d’Auditoireἄκροατήριον., soit par le souvenir des premiers Spectacles qui n’estoient que pour les yeux, soit que les vers & les chants qui en faisoient la nouveauté, eussent besoin de quelques choses de plus que des paroles, pour avoir un plein effet ; soit enfin que les objets entrent dans l’ame plus fortement par les yeux que par les oreilles. […] Quelque forme qu’il eût on le reduisoit en ovale, ou en partie dovale, d’ont l’une estoit destinée pour les regardans, l’autre pour le Spectacle.
Ce spectacle aussi-tôt termina la querelle.
Il faut moins de voix qu’on ne pense, pour être entendu dans nos Salles de Spectacles, & il est peu de situations au Théâtre où l’on soit obligé d’éclater : dans les plus violentes même, qui ne sent l’avantage qu’a sur les cris & les éclats, l’expression d’une voix entrecoupée par les sanglots, ou étouffée par la passion ?
Notre cher et bien aimé ***, Nous ayant fait remontrer qu’il désirerait faire imprimer et donner au Public un ouvrage de sa composition, intitulé, la Critique du Théâtre Anglais comparé au Théâtre d’Athènes ; de Rome et de France ; et l’Opinion des Auteurs tant profanes que sacrés touchant les Spectacles : de l’Anglais de M.
Les filles de joie l’en ont remercié par une jolie requête qu’elles lui ont présentée, comptant qu’elles auront bien plus de pratique dès qu’il n’y aura plus de spectacle pour amuser tant de gens désœuvrés (c’est ici jalousie de métier entre les Actrices & les femmes de mauvaise vie). […] Les Comédiennes de la troupe Françoise disent que ce spectacle gâte les mœurs (elles les réforment). […] Telle étoit l’innocence & l’ignorance du siecle, tout étoit spectacle pour un peuple grossier, qui voyoit dans les Eglises les cérémonies du service divin mêlées de spectacle.
Chrisostôme les deffenseurs des Spectacles Hom.
Il ne faut pas s’étonner que durant ce temps on défende spécialement les spectacles : quand ils seraient innocents, on voit bien que cette marque de la joie publique ne conviendrait pas avec le deuil solennel de toute l’église : loin de permettre les plaisirs et les réjouissances profanes, elle s’abstenait des saintes réjouissances, et il était défendu Ibid. can. 51.
Car l’on a toujours cru dans l’Eglise que les spectacles étaient des divertissements interdits aux Chrétiens ; et qu’ils ne s’accordaient nullement avec l’esprit, et les maximes de l’Evangile.
On sait que les personnes graves décrièrent les Spectacles, et qu’elles tâchèrent de les faire supprimer : On sait aussi que les gens de Lettres et les Poètes, de leur côté, cherchèrent à persuader, par leurs dissertations, que le Théâtre était utile, et que les Anciens l’avaient regardé comme une école pour la correction des mœurs : c’est une différence d’opinion qui dure encore.