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442. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

C’est aussi cet esprit de société, répandu en torrent, ou sans mesure ni ménagement, qui, de l’aveu ingénu du plus éloquent panégyriste de Molière, a produit l’abus de la société et de la philosophie, qui est cause que la jeunesse a perdu toute morale à quinze ans, et toute sensibilité à vingt ; qui fait aussi qu’après avoir perdu l’honneur, on peut aujourd’hui le recouvrer rentrer dans cette île, du temps de Molière escarpée et sans bords, c’est-à-dire, jouir de la considération, de tous les avantages et priviléges de la vertu Comparez les temps et jugez, dis-je, vous verrez de plus que, malgré les cent cinquante mille pièces de théâtre environ qui nous ont passé sur le corps, ou plutôt sur l’âme, depuis la restauration des lettres, pour nous perfectionner, nous nous sommes toujours détériorés de plus en plus ; vous verrez que les rares petits coins de la terre civilisée qu’on pourrait encore proposer pour exemples d’innocence et de vertus, sont précisément ceux où il n’a jamais paru ni théâtre, ni comédie, ni beaucoup des gens qu’ils perfectionnent dans les villes ; et vous en inférerez que pour mettre le comble à la dépravation, surtout aujourd’hui que les hommes corrompus sont presque partout en grande majorité, et que jouer les vices au théâtre, c’est à peu près comme si on jouait l’anglomanie en Angleterre, il ne manquerait plus que de livrer de même à la justice précipitée du public malin, qui a besoin de rire, qui ne se rassemble que pour cela, à ce tribunal confus, incohérent et enthousiaste, composé de toutes sortes de gens, qui tient ses assises dans toutes sortes de lieux, qui passe en sections du théâtre dans les salons et dans les réduits, sur les places publiques et aux coins des rues, où il délibère d’après ses passions discordantes, propres on empruntées, qui dénature on change les actes d’accusation, qui juge cent fois in idem, dont la jurisprudence est incertaine et si versatile qu’il désavoue habituellement ses jugements, lesquels, en effet, sont cassés en grande partie, et souvent, après des années de la plus cruelle exécution, quelquefois dans un autre siècle, par le public mieux éclairé, sage et impartial, dont les arrêts méritent seulement alors toute confiance et respect ; il ne manquerait plus, dis-je, que de traduire à ce tribunal les hypocrites des autres vertus dont il reste plus de lambeaux, en ajoutant aux tartufes de religion, de mœurs, de bienfaisance, etc., les tartufes de justice, d’indulgence ou de pitié, de patience ou de modération, de modestie, de grandeur d’âme, d’amour filial ; et vous n’aurez aucun doute non plus qu’une satire en comédie dirigée contre une hypocrite de tendresse maternelle, comme il y en a effectivement, sur qui, par le jeu d’un Brunet ou d’un Potier, qui représenterait la marâtre, on livrerait à la risée publique le ton, les soins empressés, les caresses, les émotions ou les tendres élans du cœur d’une mère, ne portât une atteinte funeste à la plus précieuse des vertus, et ne détruisit en peu de temps l’ouvrage du génie supérieur qui a défendu si éloquemment la cause de l’enfance et mis à la mode, en les faisant chérir, les premiers devoirs de la maternité. […] Que si on en veut sauver plusieurs des plus accréditées, il est nécessaire, quoique dur, de leur faire subir des changements à la scène, à moins qu’on n’aime mieux (ceci va paraître nouveau et ridicule sans doute) suppléer à ces altérations pénibles, en faisant tomber le choix sur les spectateurs, oui, sur les spectateurs : en n’admettant à la représentation de ces comédies que la classe d’individus à la correction desquels elles sont destinées, lorsque les exemples et leçons qu’on y donne peuvent nuire à ceux qu’elles ne concernent pas actuellement plus qu’ils ne doivent en profiter pour l’avenir. Ainsi les hommes et les femmes mariés, ou d’un certain âge, dont les mœurs sont plus en sûreté, seraient seuls admis aux représentations des satires dirigées contre les mauvais parents, contre les pères et mères indifférents, avares, durs, dénaturés ; il m’a toujours paru cruellement inconséquent de souffrir là des enfants ; c’est bien assez de ceux qui y sont comme acteurs ; cela doit se passer à huis clos pour les autres. […] vous ne savez que faire redouter et haïr ; il est nécessaire que la religion recouvre ; dis-je, assez de consistance, assez de crédit et d’ascendant pour se faire, comme autrefois, respecter et soutenir par l’opinion publique, de manière à obliger de nouveau ses ennemis à paraître d’abord la respecter aussi, à rendre hommage, du moins extérieurement, à ses préceptes, à donner de bons exemples, à se cacher quand ils font le mal, en un mot, à redevenir hypocrites, en repassant pour monter à la première école, comme ils l’ont été en descendant à la dernière.

443. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

qui venoit de proscrire la morale relâchée des Jésuites, alla bien loin au-devant d’elle, & la mena dans son carrosse, à la maison qu’il lui avoit préparée, mais avec tant de zèle qu’il s’étoit fait son tapissier, avoit lui même arrangé ses meubles, & dressé son lit, qu’il comptoit de partager, sa famille n’en paroît point jalouse ; Amphitrion doit se trouver heureux, que Jupiter visite Alcmene. […] Elle y fut entretenue par sa confidente Antonine, femme de Belisaire, l’un des grands Capitaines, & peut-être des grands hommes qui aient paru sur la terre, & qui, pour plaire à Theodora, engagea son mari à déposer, à emprisonner & envoyer en exil, par les plus lâches artifices, un Saint Pape, & à placer un intrus sur son siége ; Non est malitia, super malitiam mulieris ; sans doute on n’exceptera pas les autres actrices. […] Tel il parut à Paris, à Londres, à Leide, à Vienne, où il passa plusieurs années, & où sa naissance, sa fortune, sa réputation, son esprit, ses connoissances lui procurerent l’accueil le plus favorable. […] Au jour marqué, parurent sur la riviere d’Arne, un grand nombre de barques chargés d’échafauts, & de personnages qui représenterent l’enfer : on y voyoit du feu, des roues enflammées, divers autres genres de supplices : parmi quantité de dragons & de serpens monstrueux, on voyoit des hommes, dont les uns portoient des figures horribles, des démons ; les autres tous nuds pour représenter les ames des damnés, jettoient des cris & poussoient des hurlemens aussi affreux que s’ils avoient été en effet dans les tourmens ; mais rien ne pouvoit être plus tragique que ce qui termina cette scene : au moment que le peuple, avide de ces folles représentations, paroissoit le plus attentif, le pont construit de bois, se trouvant trop chargé, tomba tout à coup : tous ceux qui étoient dessus, furent précipités dans les eaux ; & plusieurs y périrent : ceux qui se sauverent, furent la plupart estropiés & toute la ville dans la désolation.

444. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IV. Du Conquérant de Sans-souci. » pp. 88-120

Le traité contre Machiavel n’avoit pas encore paru. […] Cette guerre où parurent sur la scène les plus grands hommes & les plus lâches, où se firent les plus belles actions & les plus odieuses, est sur-tout remarquable par une foule de traités pour & contre de ce fameux adversaire du Machiavélisme. […] Quand je sus Roi, je sus soldat, philosophe, écrivain, je ne m’enivrai plus, je ne voyois les femmes qu’en secret, je couchai sur la paille, mangeai le pain de munition, je parus tout, autre que je n’étois ; je marchai nuit & jour sans gardes & sans suite, dans une voiture simple, mais commode, où je dors comme dans mon lit ; je mange peu, mais ce qu’il y a de meilleur ; je suis mal habillé, mais commodément. […] Je ferai paroître quelque prédicateur qui prêchera cette doctrine.

445. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

Lenet, dans ses Mémoires sur les guerres de Bordeaux, paroît un homme sage, grave, sérieux ; cependant il s’égaye par fois par le récit, à la vérité, décent, de plusieurs aventures galantes. […] L’ancien droit Romain paroît moins rigoureux, ce qu’on pourroit attribuer au Paganisme. […] Cazimire, Roi de Pologne parut en France à peu-près dans le même temps que Christine, Reine de Suède ; c’étoient deux phénomènes, tous deux avoient abdiqué leur Royaume par des motifs fort semblables, quoiqu’ils fussent d’un caractère fort différent, l’amour du plaisir & de la liberté. […] L’Ambassadeur Turc étant à Vienne fut mené à la comédie, on représentoit en Italien un opéra bouffon où il n’entendoit rien, mais il parut très satisfait de la danse & de la musique : au second acte, l’heure de la prière ordonnée par l’Alcoran étant venue, l’Ambassadeur & toute sa suite s’acquittèrent de ce devoir sans sortir de leurs loges, se mirent à genoux, se prosternèrent, se levèrent plusieurs fois, levèrent leurs mains au ciel, les portèrent sur leur tête selon les rits & les usages de leur Religion ; ils tâchent dans quelque pays qu’ils soient, de s’orienter & de se tourner du côté de la Mecque. […] La tyrannie d’Henri VIII, l’horreur des persécutions, l’embarras des factions, les guerres civiles, les troubles de religion, ne laissoient pas le temps de cultiver la scène & avoient monté la Cour & la nation Britannique naturellement sombre, sur un ton grave & sérieux, fort apposé à la bouffonnerie & à la licence : le règne de la vierge Elisabeth fut plus favorable à Thalie, il vit paroître le fameux Shakespear qui en fit la gloire dramatique ; c’est le créateur de la tragédie Angloise, comme Corneille de la tragédie Françoise ; les Anglois le mettent de pair avec ce Poëte, quoiqu’il lui soit fort inférieur.

446. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VII. De la Diction. De la Poësie dans la Tragédie. » pp. 122-130

Avec quelle réserve faut-il donc user de l’élocution, puisque plus on s’y attache, moins il paroît d’action, & par conséquent de Tragique ?

447. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre II. Regrèts de ce qu’ARISTOTE n’en a rien écrit de considérable. » pp. 94-100

Dès l’instant qu’elle parut, elle remporta tous les suffrages ; & au bout de trois mille ans elle enchante encore nos Sçavans, & nous donne des préceptes que l’on s’éfforce de suivre.

448. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dix-Septième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 282-286

La première fois qu’elle parut, je fus frappé ; je me hâtai de revenir, pour vérifier une ressemblance aussi singulière : je trouvai mon épouse tranquille, occupée des soins de sa maison : c’était précisément les mêmes traits, la même beauté : avec la même parure, on n’aurait pu distinguer Ursule de la nouvelle Actrice : pourtant, j’ai cru voir dans le sourire de madame D’Alzan plus de délicatesse.… Aussi, qui sourit comme elle ?

449. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXI. Réflexions sur la vertu qu’Aristote et Saint Thomas après lui ont appelée Eutrapelia. Aristote est combattu par Saint Chrysostome sur un passage de Saint Paul. » pp. 117-123

C’est ce qu’il répète cent fois, et il le prouve par Saint Paul, qui dit « que ces choses ne conviennent pas » : car où la vulgate a traduit : « scurrilitas quae ad rem non pertinet » ; en rapportant ces derniers mots à la seule plaisanterie : le grec porte que « toutes ces choses », dont l’Apôtre vient de parler, « ne conviennent pas », et c’était ainsi que portait anciennement la vulgate, comme il paraît par Saint Jérômeal, qui y lit, non pertinent.

450. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

On parla dans le temps d’un sonnet à la princesse de Conti, qui dut toute sa célébrité à ce grand nom ; parce que la princesse parut l’agréer, comme toutes les femmes ne manquent pas d’approuver ce qui flatte leur beauté. […]         Par-tout grand, par-tout admirable,         Il me paroît ici mille fois plus aimable.

451. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

La meilleure preuve que je puisse donner de la stérilité du Théâtre Comique, c’est que les Auteurs de nos jours, osent à peine entreprendre de travailler pour lui ; & que les plus hardis n’y font paraître que de Pièces singulières & bisares. […] La Mothe ne se contenta pas de faire paraître un troisième Œdipe, il en composa deux tout à la fois, l’un en prose, l’autre en vers15.

452. (1772) Spectacles [article du Dictionnaire des sciences ecclésiastiques] « Spectacles. » pp. 150-153

Quoi qu’il en soit, le but, le propre objet des spectacles, n’est autre que d’exciter, de nourrir & d’enflammer les passions, l’orgueil, l’ambition, la haine, la colere, la vengeance, & sur-tout l’amour profane qui paroît sur le théâtre comme une noble foiblesse, & avec tous les agrémens les plus capables de l’inspirer. […] Je vous avoue, répondit la Princesse, que quelque gaie que je sois en allant à la comédie, si-tôt que je vois les premiers acteurs paroître sur la scene, je tombe tout-à-coup dans la plus profonde tristesse ».

453. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Il se montre dans l'impression avec une sorte d'appareil ; doit-il paraître avec des haillons ? […] Il est très possible que dans le grand nombre des Orateurs qui ont paru en chaire ou au barreau, il s'en soit trouvé d'assez peu sages pour choisir de si mauvais modèles ; ils ont mal connu l'esprit et les devoirs de leur état, et c'est un nouveau grief contre la comédie d'avoir porté son haleine empestée jusqu'à faire profaner le sanctuaire de la religion et celui de la justice.

454. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — [Introduction] » pp. 2-6

Dom Quichotte n’installe point Sancho, & l’âne ne parut point dans son Gouvernement).

455. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « MANDEMENT  du Chapitre d’Auxerre, Touchant la Comédie. » pp. 51-58

F. avec la plus vive douleur, le scandale qui vient de paroître dans cette Ville, par le séjour d’une Troupe de Comédiens ; de ces hommes pervers, qui n’emploient leurs talens qu’à corrompre les cœurs, & à répandre le poison dont ils sont infectés.

456. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

[NDE] : La prise de position du père Caffaro en faveur du théâtre a fait réagir Bossuet lui-même qui, après une lettre cinglante à l’intéressé, fait paraître ses Maximes et réflexions sur la Comédie (Paris, Jean Anisson, 1694).

457. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — Avertissement » pp. 72-80

Mais comme ces choses sont si claires et si évidentes qu'elles n'ont pas besoin de preuves; et que le dessein de cet ouvrage a été principalement de montrer que la Comédie moderne, revêtue même de toute son honnêteté prétendue, est un mal, et que les Pères l'ont condamnée par les endroits qui paraissent les plus innocents à ceux qui ne savent pas assez quelle est la sainteté de la morale chrétienne, il faut faire voir dans cet avertissement les sentiments de ces grands hommes sur ce sujet, recueillis en peu de paroles, afin que ceux qui liront les traductions suivantes aient moins de peine à les remarquer lorsqu'ils les trouveront répandus dans leurs Ouvrages.

458. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE VI. » pp. 456-466

paraît en nous, cette sainte, auguste et irrépréhensible Religion ?

459. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Il parut avec succès sur les treteaux du Bas-Languedoc, y apprit le patois du pays, dont il a fait dans Pourceaugnac une scène très-indécente avec une fille débauchée de Beziers. […] Ce seroit le comble de la perfection, si la perruque pouvoit s’appliquer si immédiatement à la peau, & s’y attacher si étroitement, qu’elle y parût incorporée & en naître, comme les cheveux naturels. […] Il a paru presqu’en même-temps un Recueil d’Anecdotes dramatiques, où l’on trouve par ordre alphabétique, la vie, les exploits de tous les héros du Théatre, les pieces bonnes ou mauvaises, imprimées ou manuscrites, jouées ou non jouées. […] Mais il paroît que tout ne rouleroit que sur des critiques purement littéraires, aucune sur les mœurs & la décence que tout y blesse, & sur le mépris que mérite Moliere à ce titre ; lui qu’un aveugle enthousiasme voudroit canoniser, quoique l’intérêt même des mœurs ne permette pas qu’on accrédite un homme qui les a si peu respectées, & dans sa conduite, & dans ses ouvrages.

460. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

Cette invention parut commode, les hommes s’en emparerent, ils imaginerent des bources : ce sont des petits sacs de taffetas noir, où ils renfermoient les cheveux, & les retiroient quand il leur plaisoit. […] Est-ce pour inspirer la vertu au patterre, & pour faire preuve de modestie & de charité, qu’une actrice paroît dévergondée sur le théatre ? […] il paroît qu’il y avoit à Rome un Magistrat, & de compagnies de Guet à ses ordres, chargés de veiller nuit & jour, sur les incendies, pour les prévenir ou les éteindre ; & ce n’étoit pas seulement les incendiaires décidés, qui de propos délibéré mettoient le feu aux maisons, ce qui a toujours, été un crime capital ; mais encore ceux qui négligeoient de couvrir, d’éteindre le feu, qui en portoient négligemment, par la faute desquels le feu pouvoit prendre, sans aucune mauvaise volonté, que ce Magistrat devoit sur le champ punir sévérement, de son autorité, les faisant foueter ou fustiger : Virgis aut fustibus cædi jubet.

461. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

La Comtesse en rougit, & parut fâchée qu’on se moquât d’elle. […] Dieu lui-même veut bien en paroître touché, & en parlant de la vertueuse épouse dans le livre des Cantiques, il y dit avec une sorte d’admiration, que vos démarches sont belles avec votre chaussure, fille du Prince ! […] Il a toujours paru avec les habits les plus pauvres & les plus simples depuis la crêche jusqu’à la croix.

462. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Castel fit paroître son clavecin oculaire, & que par l’analogie des couleurs avec le sons, il crut pouvoir donner un concert aux yeux, comme on en donne aux oreilles ; tout le monde lui disoit qu’il devoit pousser plus loin ses découvertes, déterminer la proportion des odeurs & des saveurs, comme celle des couleurs & des sons ; & former un clavecin odorant & savoureux pour le nez & pour la bouche ; il convenoit, & il est certain que les odeurs & les saveurs ont divers dégrès, diverses qualités qui s’accordent ou se combattent, font des consonances ou des dissonances qui plaisent ou déplaisent au goût & à l’odorat. […] Pasquier prétend que c’est encore l’origine de la poésie galante, des aventures romanesques aussi dangereuses qu’agréables, qui louent autant le vice que la vertu, ou plutôt qui inspirent le vice & dégoûtent de la vertu qu’on a imité des Grecs & des Arabes ; il est vrai que les Troubadours ces Poëtes coureurs, ces avanturiers d’amour, ces charlatans du Parnasse n’ont paru qu’alors, & porté de toutes parts leurs licencieux fabliaux, leurs romans, leur poésie amoureuse & très-maussade. […] 4.° Le livre d’Esther fait un détail singulier du goût extrême qu’avoit pour les odeurs le voluptueux Roi de Perse ; on ramassoit dans ses vastes États les plus belles filles, mais avant de paroître devant lui, elles passoient une année entière à se parfumer, comme si on eut voulu leur incorporer les parfums : les premiers six mois se passoient à se baigner dans l’huile de myrrhe pour amollir la chair, ouvrir les pores & les mettre en état de recevoir les aromates dont on les parfumoit les autres fix mois, sex mensibus oleo ungebatur myrrhino, & aliis sex mensibus, unguentis & aromatibus utebantur .

463. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

Mais le Maréchal Poninski, qui s’est prodigieusement enrichi dans les troubles dont-il est un des principaux auteurs, y a paru avec le plus grand éclat ; ses habits, ses équipages effaçoient par leur magnificence tout ce qu’on voit de plus somptueux. […] Le Roi ne parut point à ces fêtes si peu dignes de sa religion & de son patriotisme. […] On les conduisit en pompe aux fourches patibulaires, au pieds du gibet ; on pendit & ensuite on brûla des hommes de paille ; &, après avoir mis la corde au cou & montré le gibet au bon receveur, brûlé sa maison & ses meubles, on le mena au port en cérémonie, & on le fit embarquer pour l’Angleterre, avec défense de ne plus paroître en Pensylvanie, sous peine de voir réaliser ce qu’il venoit de voir en figure.

464. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

 » Il n'est rien de si fastidieux que de voir seize fois par an le Mercure, ouvrage avoué par l'autorité publique, employer quarante ou cinquante pages au détail de toutes les folies qui paraissent sur les théâtres, et à l'éloge de tous ceux qui y montent, et quels éloges ? […] Cette maturité de raison paraît dans les paroles vraies, justes, précises, décentes, sans exagération, sans déguisement, dictées par la droiture et le bon sens d'un style simple et naturel, éloigné de l'affectation, des pointes, des jeux de mots, soit singulièrement assortis, soit détournés de leur signification ordinaire ; dans l'air, le ton grave dont on parle, qui donne du poids au discours et de la dignité à la personne, fait écouter et respecter. […] Tôt ou tard nécessairement les plaisanteries tombent sur les choses saintes : l'Ecriture, la dévotion, les Saints, les Ministres, paraissent sur la scène.

465. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Post-scriptum. » pp. 201-216

» Cette manière directe et courageuse de terrasser un lâche imposteur paraît aussi à cet homme sensible, qui a déjà donné plusieurs autres preuves de son amour du bonheur commun, la plus sûre pour éviter de compromettre, ou confondre avec de méprisables intrus, audacieux agents d’iniquités, les hommes les plus utiles et les plus chers à la société, des magistrats intègres, des administrateurs et chefs vertueux, justes et vénérables, sincères amis de leur prince, véritables soutiens du gouvernement, qui savent faire respecter les lois en les respectant eux-mêmes.

466. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre III. Recherches nécessaires pour s’éclaircir si les Anciens ont connus l’Opéra-Bouffon. » pp. 101-108

Si la plus-part de leurs connaissances ne sont point parvenues jusqu’à nous, c’est qu’ils dédaignaient d’en éterniser la mémoire en les écrivant ; il leur paraissait impossible que la postérité les ignorât.

467. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — Méthode et règlement pour réformer le Théâtre. Avant Propos. » pp. 87-98

La plus grande partie de tout ce que les premiers Pères de l’Eglise ont dit, au sujet des Spectacles des Payens, peut être appliquée, à juste titre, à ceux de notre temps : et, parmi les Docteurs modernes, ceux qui ont paru les plus favorables aux Spectacles d’à présent, en prononçant qu’on pourrait les tolérer, leur ont donné des bornes si étroites, que ni les Poètes, ni les Comédiens ne s’y sont jamais renfermés.

468. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

Les Acteurs y paraissaient avec l’habit de cérémonie nommé Trabée, & y jouaient des Triomphateurs, des Chevaliers. […] Molière met en opposition les mœurs corrompues, & la probité farouche du Misanthrope entre ces deux excès, paraît la modération du sage, qui haît le vice, & qui ne haît pas les hommes.

469. (1671) Lettre d’un ecclésiastique à un de ses Amis « letter » pp. 472-482

Il n’y a artifice dans la Rhétorique, ni licence dans la Poésie, dont ils ne se servent pour exprimer les passions des personnages  qu’ils font parler, et pour les faire paraître dans la dernière extrémité. […] Pour nous, jouissons de la vraie liberté des enfants de Dieu, élevant notre esprit à la contemplation de ce que notre Seigneur a opéré sur la terre pour notre salut, de la majesté foudroyante avec laquelle il paraîtra à la fin des siècles, pour juger nos justices et nos péchés, et pour rendre à un chacun selon ses œuvres : et des récompenses éternelles qu’il a préparées dans le ciel à ceux qui auront consommé leur course, combattu le bon combat, et conservé jusques à la mort la fidélité qu’ils doivent à leur souverain Maître.

470. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Cet Officier devait être à la tête de sa compagnie, veiller sur ses soldats, se trouver à un rendez-vous, se combiner avec des détachements ; il ne paraît pas, le temps favorable passe, l’ordre n’est pas exécuté, l’ennemi échappe, on est battu. […] On ne blâma pas moins Auguste d’avoir seulement souffert que des Chevaliers parussent sur le théâtre.

471. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IV. Le Peuple doit-il aller à la Comédie ? » pp. 60-74

paraît-il sur la scène un valet, une soubrette, qui ne soit un fripon, un libertin, un menteur, un fourbe ? […] Peut-être est-ce le nom de quelque bouffon qui les inventa, comme le mot Histrion est dérivé d’un Hister, qui vint de la Toscane à Rome exercer le beau métier, l’utile talent de faire rire le peuple aux coins des rues ; ce qui, malgré l’établissement d’une comédie régulière, s’exécute encore dans les provinces, où les charlatans paraissent sur des tréteaux dans les places publiques.

472. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

» Le Comédien ne doit jamais exprimer la tendresse d’un amant, ni par paroles ni par gestes, non pas même pour faire voir le sort infortuné de l’impureté ; le moindre haleine se communique, les esprits dissipés n’entendent pas en sûreté l’histoire des passions d’autrui : qu’aucune femme ne monte sur le Théâtre, que son habit même n’y paraisse pas. […]  » Ces jeux-là seulement peuvent passer pour honnêtes, dans lesquels on ne voit pas paraître de femmes, où il n’y a rien qui puisse donner de mauvaises pensées, ni réveiller ou exciter un amour déréglé.

473. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Corneille parut à l’aurore du siècle de Louis XIV, et son influence créa des poètes, des orateurs et des héros. […] L’action de la société sur l’écrivain me paraît évidente ici.

474. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

 » Tout cela peut paraître ridicule à Paris, quoique très sensé pour Genève ; et Monsieur Rousseau a sur nous l’avantage de mieux connaître sa patrie. […] « Un laid visage ne paraît point laid à celui qui le porte. […] Le sage au théâtre eût paru froid et n’eût point attiré la foule. […] Une femme qui paraît en public, est une femme déshonorée » ; à plus forte raison, une femme qui par état se donne en spectacle : il n’y a rien de plus conséquent. […] Dans la Grèce, une honnête femme ne se montrait point en public ; parmi nous, elle y paraît avec décence ; un état qui l’y oblige peut donc être un état décent.

475. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « Discours préliminaire. » pp. -

Si je ne les ai point retranché tout-à-fait, ou adouci avec art, c’est qu’il m’a paru que je pouvais entreprendre de les justifier.

476. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE PREMIER. De la Passion de presque tous les Peuples pour la Poësie Dramatique. » pp. 8-16

Nous verrions comment le bon sens conduisoit, sans la connoissance des regles de l’Art, leurs Poëtes ; & nous trouverions, selon les apparences, une Piéce plus raisonnable que ne l’ont été toutes celles qui parurent autrefois dans l’Europe, chez les Espagnols, les Italiens, les Anglois, & parmi nous.

477. (1705) Traité de la police « Chapitre II. De l’origine des Histrions, des Troubadours, des Jongleurs, et des autres petits spectacles qui ont précédé en France l’établissement des grandes pièces de Théâtre, et des Règlements qui les ont disciplinés. » p. 436

Les uns et les autres tombèrent enfin dans un tel mépris, et les folies qu’ils débitaient dans le Public parurent si scandaleuses, que par un commun Proverbe, lorsqu’on voulait parler d’une chose mauvaise, folle, vaine ou fausse, on la nommait jonglerie ;Rigor. de gest.

478. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

L’acteur en semaine président du sénat, paroît le premier sur la scéne à l’heure marquée, & s’impatiente d’attendre ses confreres, il appelle le garçon de la comédie, qui lui dit que la cause du retard des comédiens, vient de ce qu’ils sont allés voir la statue de Voltaire, comme si depuis six mois qu’on l’a placée avec tant d’éclat, en leur présence, en faisant sa dédicace, ils ne l’avoient pas encore assez vue ; mais à tort & à travers on veut trouver Voltaire. […] Terpsicore auroit du y paroître : M. de la Harpe avoue qu’il y a bien des scénes épisodiques, forts étrangeres, qu’il eût mieux valu rapeller les chefs-d’œuvres du héros, & les traits brillans de ses piéces  ; c’est en effet le seul mérite d’un poëte, dont les mœurs & la réligion ne feront jamais l’apothéose. […] Paroît un Médecin qui a répandu des avis de tous côtés, & pour mieux attirer tous les états, il a mis le mot essentiel, il donnera ses avis gratis , (satyre triviale ;) arrive Sosie de l’Amphitrion, Thalie se couvre de son voile, Sofie la prend pour la nuit ; comme si on voyoit la nuit en plein jour, pour amener un prétendu bon mot, qui se trouve par-tout ; il se souvient des coups de bâton que la nuit lui a valu. […] Quoique Moliere ait toujours été reconnu pour le meilleur comique François, on ne parloit de lui qu’avec indifférence, son art ne parut jamais fort important ; on lui trouvoit bien des défauts, & son mérite de comparaison étoit bien éloigné de la perfection.

479. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Rien n’y paraît qui n’ait mille censeurs. […] On vit cette double éloquence d’une manière frappante dans le défi singulier que se donnaient Cicéron et Roscius, l’un le plus grand orateur, l’autre le plus habile comédien qui peut-être aient jamais paru, à qui des deux serait le plus fécond, le plus varié, le plus énergique à rendre la même pensée par les gestes ou par les paroles ; l’acteur ne fut pas moins inépuisable que l’orateur. […] Il est sans doute très-possible que, dans le nombre de prédicateurs et d’avocats qui ont paru dans le monde, quelqu’un ait été assez peu sage pour copier ces modèles. […] Il se montre avec une sorte d’appareil, doit-il paraître avec des haillons ?

480. (1647) Traité des théâtres pp. -

bk Et quant à eux il leur fut fait expresse défense de paraître ailleurs que sur leur Théâtre. […] »bs De ce passage illustre, comme aussi de l’autre de Tertullien, il paraissait à clair, que les premiers Chrétiens se retiraient des Théâtres, et ainsi qu’ils faisaient leur compte qu’il était incompatible avec leur profession de les fréquenter. […] Or cela bien considéré dût aujourd’hui imposer silence à aucuns, qui tournent à blâme aux serviteurs de Dieu de cet âge, lorsque poussés du même zèle des autres, ils en font paraître une même improbation. […] Ils posent comme avéré, ce que nous avons justifié fauxdt, et par raisons, et par toutes autorités, je veux dire que les Théâtres, soient entre les choses libres ; tout au contraire, ils nous ont paru entre les mauvaises. […] Il ne suit pas la traduction de Nicolas Perrot d’Ablancourt, parue en 1637.

481. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

 192) dans un nouveau jour & avec un air de triomphe la Comédie à Rome est toute diffèrente de la vôtre, Mademoiselle, elle n’est ouverte que pendant le Carnaval, & aucune femme ne paroît sur le Théâtre.

482. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

[NDA] Le mot onéreux ne paraîtra pas déplacé, si on prend en considération cette opinion de La Bruyère: « Il y a dans les paroisses, dit-il, plus de rétributions pour un mariage que pour un baptême, et plus pour un baptême que pour la confession.

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