C’est ce que je suis bien éloigné de croire ; on doit toujours ignorer le libertinage.
Au milieu de ces figures extravagantes, où personne ne comprend rien, & où l’on faisoit croire de grands mysteres à Catherine, on voit d’un côté un Roi sur son trône, ayant une aigle à ses pieds. […] Personne ne la crut ; elle avoit été suspecte à tous les partis, elle ne reçut point les derniers sacremens, & donna pour dernier conseil à son fils, qu’il n’eût garde de suivre, d’accorder à tous ses Sujets la liberté de conscience. […] Quelques Ecrivains ont loué cette Reine & cru trouver en elle quelque chose de grand. […] Croiroit-on qu’elle est la cause secrette de cette fatale ligue, contre laquelle on déclame si vivement, & qui en effet a causé tant de ravages ? […] Il veut excuser ce serrail ambulant par deux exemples que je crois faux, & qui, s’ils sont véritables, se tournent contre lui.
Parmi ces promesses qu’il croit impossibles ou déshonnêtes, il met celle de changer de religion ou de garder la continence . […] Le mariage est nul, si la femme qu’on a cru prendre vierge se trouve ne pas l’être. […] Philippe Langrave de Hesse crut pour cette raison pouvoir prendre deux femmes.
., ne cessèrent pourtant pas de le condamner, tant ils le croyaient intrinsèquement vicieux, indépendamment de l’idolâtrie ; et les premiers, qui le virent idolâtre, Tertullien, S. […] Nous ne croyons pas, dites-vous, à ces Divinités. Vous n’en êtes que plus coupables de les célébrer et de les imiter : les sages Païens n’y croyaient pas plus que vous, et ne les laissaient qu’en rougissant adorer au peuple, vous les leur faites aimer.
Tilliot, qui crut faire un présent utile au public, en lui donnant un in 4. °, où à grands frais pendant plusieurs années il avait recueilli tous les traits relatifs à son travail, qu'il fit orner de jolies estampes représentant toute sorte de folies, et qu'il a enrichies de beaucoup d'érudition. […] » Ce serait mal entendre l'Apôtre de croire qu'il défend de jamais parler des choses impures, et de jamais dire aucun mot de badinage et de plaisanterie. […] Fuyant la persécution de Saül, il se retire chez un Roi voisin, où apparemment il croyait être inconnu.
L* F* dans toutes ses réflexions ; mais nous avertirons nos Lecteurs qu’ils y trouveront les talens & les lumières d’un homme qu’on crut destiné à devenir le Rival de Corneille & de Racine.
MONSIEUR, J’Ai reçû la Lettre, dont vous m’avez honorée : vous m’y invitez à benir le Seigneur : je m’addresserai à lui, pour le remercier, qu’il vous a inspiré à prendre ce soin pour mon salut : & puisque vous m’avez souvent marqué, que vous vous comptiez bien recompensé de vos travaux spirituels, quand ils étoient utiles au prochain ; j’ai le plaisir de vous annoncer, que vôtre Lettre à eu bon effét : j’ai pris la liberté, de la faire voir à mes amies Mesdames *** elles se croient toutes obligées avec moi, de regarder au moins la Comedie comme un divertissement dangereux ; puisque les saints Peres ont parlé de cette sorte de spectacles comme d’une chose capable de corrompre les mœurs les plus innocentes.
Croyez-moi, Monsieur, attaquez nos Tragédies et nos Comédies, puisqu’elles sont ordinairement fort vicieuses : mais n’attaquez point la Tragédie et la Comédie en général, puisqu’elles sont d’elles-mêmes indifférentes, comme le Sonnet et les Odes, et qu’elles ont quelquefois rectifié l’homme plus que les meilleures Prédications : et pour vous en donner un exemple admirable, je vous dirai qu’un très grand Prince,Louis XIV.
Ils savaient que, quand on veut plaire, on le veut à quelque prix que ce soit, et que de toutes les pièces de théâtre qui sont toujours ou graves et passionnées, ou plaisantes et bouffonnes, on n’en trouverait pas une seule qui fût digne d’un chrétien ; on a cru qu’il valait mieux détruire la comédie que de penser à la réduire, contre sa nature, aux règles sévères de la vertu.
Et, entre autres choses, je crois à la vérité qu’elle eût été du tout incapable de se rendre à la force et à la violence.
Ie croirois donc qu’il faudroit commencer absolument par-là, pour faire regner plus uniformement en chaque Partie, la premiere & principale Idée du Balet : Toutefois comme la pratique du contraire a quelquefois reüssi, je n’impose point de necessité. Mais au moins si le Titre se compose des diverses circonstances d’un Sujet, dé-ja tastées, ordonnées ou travaillées, ie ne crois pas que ce soit un desir injuste, de vouloir qu’il comprene encore plus pleinement le Tout. […] Ie croirois oublier une chose essentielle, si ie manquois d’avertir que la figure ne doit pas estre simplement reguliere quand elle est faite : mais qu’une de ses beautez, est d’y aller methodiquement, & de s’y rendre avec iustesse. […] , ne crut pas ny la Dance ny la Musique indignes de ses soins, & incompatibles avec la profession des Armes & avec l’amour de la gloire. […] Ie veux croire que ce soit vne grace de la nature, mais un peu d’estude & d’aplication peut reparer ce que la naissance auroit laissé perdre.
Tous les Pères ont admiré la parole de cet Empereur Païen, qui croyait avoir perdu le jour, quand il l’avait passé sans faire aucune bonne action ; et les Chrétiens auront si peu de Foi, que de perdre inutilement le temps, que J. […] Jean, je ne crois pas que vous voulussiez faire le moindre usage d’un couteau, qui aurait servi à égorger votre ami. […] Je n’ose pas vous parler des offenses que souffre la pudeur ; j’ai cru néanmoins qu’il n’était pas mal à propos de vous en dire quelque chose qui vous fasse mieux juger des injures qu’on y fait à cette vertu. […] Il faut donc que la vue d’une femme soit bien contagieuse, puisqu’un homme, qui a le corps presque tout pourri, l’esprit accablé de tristesse, et soutenue d’une protection particulière de Dieu, sans s’arrêter ni à la sainteté, ni à son affliction a cru qu’il ne pouvait se mettre en sûreté, qu’en obligeant ses yeux par un pacte fait exprèsJob.
Un mari aussi aveugle pour les goûts de sa femme, & les autorisant, y fournissant abondamment, quelque fois exigeant d’elle le luxe de parure, ce mari ne croit pas qu’il agit contre ses propres intérêts. […] Il peut y avoir sans doute quelque femme forte, qui comme Elizabeth, s’il faut en croire les Anglois, sauroit gouverner un Etat. […] Je ne crois pas que les fastes d’aucun hôpital fassent mention d’une actrice servant les malades. […] Bernardin n’étoit pas un Philosophe ; cependant, le croiroit-on, il s’occupe de la population, & l’un des grands inconveniens qu’il trouve dans le luxe des femmes, c’est l’obstacle que ce luxe y met : Ab iniquo thoro exterminabitur semen , dit-il avec l’Ecriture. […] Aucune courtisanne qui ne prît vos habits & vos coiffures, & qui se crut méconnoissable, si elle avoit quelque portrait à montrer pour enseigne.
On croit que tout cela se fait par l’insinuation du Roi de Prusse ; ce sont en effet ses partisans qui l’honorent de leur approbation ; on sait que c’est son goût personnel & un des secrets de sa politique d’amuser ceux qu’il maltraite pour les empêcher de crier ; il le fit à Dresde, menant à la comédie la famille de l’Electeur qu’il venoit de prendre prisonnière ; il y a trois ans que les malheurs de la Pologne y firent cesser tous les spectacles, les malheurs n’ont fait que croître, & l’on veut y jeter le voile de la comédie pour endormir les malheureux. […] Molière ayant impunément attaqué l’homme le plus estimé de la Cour, se crut tout permis, & sa témérité allant toujours croissant, il se tourna contre M. de Lamoignon, premier Président au Parlement de Paris, qu’il dépeignit comme un hypocrite dans le Tartuffe. […] Ce régal fut préparé dans le vaste Réfectoire de l’Abbaye de Salsines, magnifique maison à une lieue de Namur ; les Officiers du Régiment furent seuls admis, on refusa les Seigneurs de la Cour, on n’y voulut que les Dames : les Officiers furent assis, & les Dames les servoient autour des tables de la manière la plus galante, comme on voit dans l’Odissée d’Homère les Princesses & les Nymphes servir les hôtes : usage que Fenelon a cru devoir conserver dans l’Isle de Calipso en faveur de Télémaque, peut-être en faveur de Madame Maintenon : chaque Officier en entrant alla lui baiser la main comme à la Reine assise sur un fauteuil, elle présentoit sa main de la meilleure grâce, elle y étaloit tous ses charmes, surtout ceux de son esprit qui l’emportoient beaucoup sur sa beauté. […] La ville de Paris s’étant chargée de toute la dépense, a cru pouvoir choisir le Directeur de ce grand ouvrage, & a nommé le sieur Monet son Architecte, malheureusement il n’est pas l’Auteur du plan dont l’exécution lui eut assuré l’immortalité ; les sieurs Vailli & Peire qui en sont les pères, réclament leur enfant chéri, & demandent la direction du dessein qu’ils ont enfanté, comme un père est en droit de donner l’éducation à son fils. […] Un jour Henri ayant appris par les Ministres de ses amours, que les deux Princesses alloient dîner dans une maison de campagne des environs de Verteuil ; il feignit une partie de chasse dans le quartier, se déguisa en valet de pied, prit une livrée, & mit un emplâtre sur son visage, il suivit le carrosse des Princesses, & s’alla mettre à la fenêtre d’une maison voisine pour voir sa maîtresse ; & dès qu’il l’apperçut, lui parla par signe ; la jeune Princesse en fut surprise, se retira brusquement, & en avertit sa belle-mére : celle-ci enflâmée de colère en fit mille reproches au maître de la maison qui l’avoit invitée, & qu’elle crut de la confidence.
Tout le monde veut jouir de cette considération ; d’où il résulte que tout le monde sait, & que personne ne sait bien ; qu’on se joue avec les éléments des Sciences & des Arts ; qu’on croit tout entendre, parce qu’on parle de tout ; que tout passe pour approfondi, parce que tout est effleurée. […] Voici donc la méthode dont je crois que les autres pourroient se servir avec succès.
Néricault Destouches, crut devoir donner sa Comédie de l’Ambitieux & de l’Indiscrette, sans la faire afficher. […] Je crois voir des Athéniens élever plus de trois cents statues au seul Démétrius-Poliorcète.
Etourdi par les cris, le bruit et les injures, Je traverse au milieu de six rangs de voitures, Pour demander quel est ce Spectacle nouveau : J’entends crier : Entrez, c’est ici Ramponeauxa, Monseigneur ; Ramponeaux : voyons : entrez, mon Prince ; Me dit le harangueur : arrivant de Province Je crus tout bonnement que quelque rareté, Excitant du Public la curiosité, Attirait ce concours de filles désœuvrées, De Ducs, de Freluquets et de Femmes titrées ; Là : près d’une Intendante assise en rang d’oignons Figurait sur un banc la Marmotte Fanchon La Fille d’Opéra coudoyait la Duchesse, Et Damis séparait sa femme et sa maîtresse : Mais on lève la toile, et Ramponeaux paraît. […] Oui, dans ces temps féconds que tout Paris nous vante, Camargoz fut moins vive, et Salé moins brillante ; Ne pense pas, Lany, que dans les plus beaux jours, Ton air trop sérieux éloigne les amours ; Vénus ne voulant point rester seule à Cythère, En te cédant les sœurs, s’est réservé le frère ; Je connais la coquette ; elle aura craint tes jeux ; Mais, crois moi, cet enfant le plus malin des Dieux, Avec certain fripon, qu’on nomme le mystère, Pour t’aller retrouver, saura tromper sa mère.
Est-ce que peut-être comme les Anciens Païens, nous croyons que nous avons un Dieu des cirques et des Théâtres ? […] « Je crois, dis-tu, en Dieu le Père tout puissant, et en Jésus Christ son fils. » Donc premièrement on renonce au Diable, pour croire en Dieu, pource que quiconque ne renonce point au Diable, ne croit point en Dieu : par quoi qui retourne au Diable, abandonne Dieu. […] Qui pourra croire ceci ? […] Nous corrigeons « croient » en « errent », conformément aux errata.
Ce seroit une merveille bien surprenante, si la plus pure innocence sortoit, sans blessure, d’une meslée si effroyable ; les Peres n’ont pû le croire. […] Je croirois que ces bestes surieuses ne vous auroient donné aucune atteinte ? […] Il gagnoit les Catholiques par ces artifices, en leur faisant croire que sa doctrine estoit conforme à celle de l’Eglise ; il entretenoit ses disciples par ces artifices, en leur découvrant qu’il ne dissimuloit ses sentimens que pour les persuader avec plus de succés. […] Il ne faut pas faire le tort à un homme si éclairé de croire qu’il condamnast toutes les passions, & qu’il jugeast que ce fussent autant de crimes. […] Ne croyez-vous pas, ne craignez-vous pas que Dieu soit plus offensé par des desobeïssances formelles à ses commandemens, que par le danger de violer une des loix, ou de ne pas observer un des conseils de son Eglise ?
On le croit composé dans les premiers siecles par un chrétien trop zélé, pour donner de la vogue à son ouvrage, à la saveur d’un nom respectable. […] Castillon en font l’éloge en ces termes : « L’abbé Lachau a cru que le premier devoir d’un écrivain qui parle de Vénus, est d’en prendre le langage & les graces. […] Les suisses qui n’avoient jamais vu de marionnettes, furent si étonnés d’entendre parler Polichinelle & ces petites poupées, qu’ils crurent qu’il y avoit un diable dans chacune, & que Brioché étoit un sorcier : ils lui firent son procès & le décréterent. […] Dumont, colonel d’un régiment suisse au service de France, qui avoit vu les marionnettes à Paris, se moqua d’eux : mais comme il étoit naturellement railleur, on ne le crut pas, & on alloit condamner le sorcier au feu. […] Moliere, qui connoissoit le théatre italien, & en prit des scènes entieres, crut bien peindre un hypocrite par le sobriquet des Bergamasques.
Dieu leur envoyant efficace d’erreur, pour croire au mensonge, pour s’en repaître, puisqu’ils sont dégoûtés de la vérité. […] Et c’est d’où en est venue la première origine, si nous en croyons les histoires tant Ecclésiastiques que profanesAug. l. 2. ca 8 de Civit. […] Je crois, qu’il lui ordonnerait double punition, tant pour la désobéissance à la loi, que pour l’audace de sa glose. […] et comment eût-il donc jamais pu croire, qu’il viendrait une sorte de Chrétiens, après lui, enflammés de même, ou de plus grand désir : Ecoutons l’exclamation qu’il fait au chapitre suivant, et nous l’appliquons, car il semble qu’il parle à nous. « O entendements insensés , dit-il Lib. […] Sur quoi il se moque plaisamment des Romains, qui tenaient pour service de leurs Dieux, les Comédiens, et détestaient tant les Comédiens, au lieu de les honorer comme Prêtres, et principaux serviteurs des Dieux : Mais je crois qu’il eût pleuré amèrement, aussi bien que son Commentateur VivesLib. 8. cap. 27 ey (lequel quoique de l’Eglise Romaine, déteste l’impiété des Prêtres, qui aujourd’hui permettent de jouer l’histoire de la passion de notre Seigneur) s’il eût prévu, que la même corruption dût entrer en l’Eglise, en la Cité de Dieu, où il s’en voit plus, qu’il n’y en eut jamais entre les Païens.
Ce Prince la croit toujours prête à exécuter ce dessein, & la laisse néanmoins partir.
S’ils se contentoient de bien jouer toujours la même piéce, je ne crois pas qu’on les laissât jouir longtems de cette douce létargie.
Si on le sait, comment peut-on croire que les leçons qu’on y donne ne laissent aucune trace, & que la vue seule du divertissement étouffe tout autre sentiment ?
il semble que je suis… Hé-bien oui, le jour où mon amant me verra chercher à l’ennivrer d’amour ; où il compte me parler chez ma Rivale… Mais il ne m’y parlera pas, vous pouvez croire.
Ceux-là ont une idée bien fausse de la Pénitence Chrétienne, qui croient qu'elle ne perd rien de son mérite parmi les divertissements du Théâtre.
Bayle, si cher à tous les libertins, dont le cœur était comme dissous dans la corruption, croyait que nos comédies modernes n’ont pas fait beaucoup de mal aux désordres réels ; qu’il n’y a rien même de plus capable de les inspirer, et que, si elles ont corrigé quelques défauts, ces défauts sont certaines qualités qui ne sont pas tant un crime qu’un faux goût et qu’un sot entêtement.
Nous nous reprocherions d’employer en cette occasion, pour arrêter ce mal, l’autorité que Dieu nous a mise en main, si nous n’avions pas auparavant inutilement employé nos remonstrances : mais l’ayant fait sans aucun fruit, Nous n’avons pas cru pouvoir nous taire, sans nous rendre coupables d’approuver le crime par notre silence, et responsables devant Dieu de tous les désordres, dont ces divertissements criminels sont la source.
Le Commis qui entendit l’un & l’autre langage fit semblant de la croire, & la laissa passer. […] Cette production, quoique médiocre, est trop ingénieuse pour être d’un Ecolier ; mais elle est digne d’une troupe de poliçons par les propos des hales, les injures grossieres, les bassesses, les plattitudes, les injustes mépris de la personne & des écrits de l’Auteur, qu’on y a semé sans doute à dessein pour faire croire qu’elle vient d’un Ecolier de droit. […] Qu’est-ce que des Ecoliers de droit qui au lieu d’étudier le Code & le Digeste pour se préparer à prendre des grandes & des charges, passent leur temps à la comédie, si constamment, & en si grand nombre qu’ils forment presque le Parterre, & s’y rendent si dominans par le bruit qu’ils y font, qu’un Auteur a la foiblesse de croire qu’il faut pour réussir leur dédier son ouvrage, les assembler, demander leur protection, & qui ensuite sont imprimer contre lui des invectives & des libelles ? […] Le présent est mediocre, il est vrai qu’il vaut le titre de Citoyen, & il faut avoir la fatuité d’un Comédien pour croire qu’on fait un grand présent à une ville en lui donnant une comédie. […] Puisqu’on croit le Théatre nécessaire, on ne risque pas de le voir tomber.
Le poéte crut devoir changer ce vers dans les autres représentations ; mit tantôt je laisse, tantôt j’assure. […] Dusseldorp, ville forte de Westphalie, a cru devoir ajouter à ses fortifications, pour être imprenable, un bel ouvrage à cornes. […] Je crois même qu’un maître de danse devroit être géometre pour tracer ses figures, peintre & pantomime pour rendre ses ballets pittoresques. […] C’est un prodigue qui croit briller par des profusions monstrueuses : la magnificence du spectacle, la richesse des habits & des décorations, le Prince Auguste qu’il célebre, lui ont fait une fortune momentanée. […] Huet a cru qu’il s’étoit converti à la mort.
Il est bien plus glorieux, comme Esther, de ne pas rechercher la parure, que de croire en avoir tant de besoin. […] Quand on croit avoir trouvé quelque nouveau renfort, on respire enfin, & on se console ; on achette tout au plus haut prix, l’ouvrier n’est jamais trop bien payé ; on y prodigue le plus riche patrimoine. […] La chasteté n’y court pas moins de risque : croit-on que les rêveries, les espérances sur l’effet que produisent ses charmes, que la douce & molle impression qu’ils produisent sur elle-même, laissent un cœur bien chaste ? […] J’ai cru d’abord que c’étoit une plaisanterie dans le goût de l’Abbé Coyer, pour tourner en ridicule la folie de la parure. […] Paîtrie d’orgueil, elle croit faire honneur à Dieu, comme au Prince, de venir parée dans son Temple.
Tertullien fait une réflexion bien vraie dans le traité qu’il a composé des spectacles ; il dit que l’ignorance de l’esprit de l’homme n’est jamais plus présomptueuse, ni ne prétend jamais mieux philosopher et raisonner, que quand on lui veut interdire l’usage de quelque divertissement et de quelque plaisir dont elle est en possession, et qu’elle se croit légitimement permis : car c’est alors qu’elle se met en défense, qu’elle devient subtile et ingénieuse, qu’elle imagine mille prétextes pour appuyer son droit, et que dans la crainte d’être privée de ce qui la flatte, elle vient enfin à bout de se persuader que ce qu’elle désire est honnête et innocent, quoiqu’au fond il soit criminel et contre la loi de Dieu. […] Qui en croiront-ils, s’ils ne se rendent pas à de semblables autorités ? […] Cependant vous en verrez qui, sans hésiter, appellent de tout cela à leur propre jugement, et qui ne se feront pas le moindre scrupule de ce que tous les Peres de l’Eglise ont cru devoir hautement qualifier de péché. […] Mais de leur fournir vous-mêmes, sous ce damnable prétexte, des livres qui leur tournent l’esprit à tout ce que le monde a de plus vicieux ; mais d’en remplir votre maison, et de ne vouloir pas que rien là-dessus de nouveau leur échappe et leur soit inconnu ; mais de leur en demander compte et d’entendre avec une secrette complaisance les récits qu’ils en font ; mais de les croire bien habiles et bien avancés quand ils sçavent répondre aux mots couverts par d’autres bons mots, qu’ils conservent dans leur mémoire des poésies libres, et qu’ils les sçavent rapporter fidélement sans se méprendre ; mais de les conduire vous-mêmes, (car ceci regarde tous les points de morale que je viens de toucher) de les conduire vous-mêmes à des spectacles d’autant plus capables de les amollir, que ce sont de jeunes cœurs beaucoup plus flexibles et plus sensibles ; mais de leur faire observer les endroits fins et délicats, sur-tout les endroits vifs et tendres ; mais de les engager vous-mêmes dans des assemblées, où ils ne voient du monde que ce qu’il a de riant, que ce qu’il a d’éclatant, c’est-à-dire, que ce qu’il a d’attrayant et de séduisant, voilà de quoi vous aurez bien lieu de vous repentir dès cette vie, et de quoi vous serez bien sévérement punis en l’autre. […] Mais que j’attaque jusqu’à la promenade, que je prétende qu’il y ait sur cela des mesures à garder et des précautions à prendre, que je sois dans l’opinion qu’une mere chrétienne ne doit pas sans ménagement et sans réflexion y exposer une jeune personne, qu’elle doit avoir égard aux temps, aux lieux, à bien des circonstances dont elle n’a guere été en peine jusqu’à présent, c’est ce qu’on traitera d’exagération, et sur quoi l’on ne voudra pas m’en croire.
Le Spectacle des Colléges est bien différent du vôtre, Mademoiselle, selon l’Ordonnance de Blois1 & la déclaration de la Faculté de Paris2, on a soin d’en retrancher toute espéce de saleté & le langage de la tendresse, les Regens qui en ont la direction, avant de mettre les Rolles entre les mains des Ecoliers, en ôtent tout ce qui pourroit souiller le cœur & blesser les oreilles : c’est un exercice que l’on croit utile à ceux qui se destinent à parler en public, & l’on ne se propose pas d’intéresser les Spectateurs, on a porté la réforme jusqu’à défendre par une nouvelle Ordonnance1 les danses dans les intermèdes ; quoiqu’un semblable amusement qui se passeroit entre les jeunes gens d’un même sexe, ne suppose aucune sorte de danger, mais une simple indécence. […] Ce n’est point sur vous en particulier que je fais cette sortie, Mademoiselle, votre talent suffisoit pour vous soutenir dans l’opulence, & vous n’avez eu, je crois, nul besoin d’y employer le commerce de vos bonnes graces ; mais vous devez rougir de votre confraternité. […] Quintilien parlant des Comédies d’Aristophane, croit la recréation qu’elles procurent d’un trop grand prix, dès qu’on ne sçauroit les entendre qu’aux dépens de l’intégrité des mœurs.
Le Tasse, qui est l'auteur de la pastorale la plus belle et la plus délicate qui fût jamais, n'a pas cru se pouvoir dispenser d'introduire un satyre dans son Aminte, se faisant en cette occasion une espèce de religion de son immodestie. […] « Le remède y plaît moins que ne fait le poison. » Telle est la corruption du cœur de l'homme, mais telle est aussi celle du Poète, qui après avoir répandu son venin dans tout un ouvrage d'une manière agréable, délicate et conforme à la nature, et au tempérament, croit en être quitte pour faire faire quelque discours moral par un vieux Roi représenté, pour l'ordinaire, par un fort méchant Comédien, dont le rôle est désagréable, dont les vers sont secs et languissants, quelquefois même mauvais,: mais tout du moins négligés, parce que c'est dans ces endroits qu'il se délasse des efforts d'esprit qu'il vient de faire en traitant les passions: y a-t-il personne qui ne songe plutôt à se récréer en voyant jouer Cinna, sur toutes les choses tendres et passionnées qu'il dit à Emilie, et sur toutes celles qu'elle lui répond, que sur la Clémence d'Auguste, à laquelle on pense peu, et dont aucun des spectateurs n'a jamais songé à faire l'éloge en sortant de la Comédie. […] Mais il ne croit pas que sa vertu soit dans un degré assez haut, s'il ne fait monter sa piété vers Pompée jusques à l'impiété et au blasphème vers les dieux de l'antiquité, car il la fait parler, dans la première scène du cinquième Acte, aux cendres de son mari, en cette manière : « Moi, je jure des Deux la puissance suprême, Et pour dire encor plus, je jure par vous-même; Car vous pouvez bien plus sur ce cœur affligé Que le respect des dieux qui l'ont mal protégé. » Et sur la fin de la scène quatrième du même Acte : « J'irai, n'en doute point, au partir de ces lieux, Soulever contre toi les hommes et les Dieux.
Docteur, vous croyez-vous donc invulnérable, Et tu putas non posse lædi ? […] Nous ne croyons pas que la plûpart des Chrétiens assidus aux spectacles, puissent lire sans se sentir troublés & alarmés, tout ce qu’un zèle éclairé & véhément dicte au Théologien Espagnol contre leur fausse sécurité.
Armand, après la conquête de la Rochelle, ne crut pas indigne de son grand nom, de composer pour le Théatre. […] Le Poéme épique, eût-il donné l’idée de la Tragédie, comme on peut le croire, n’en est pas moins très-différent ; c’est une machine bien plus étendue, bien plus compliquée.
Docteur, vous croyez-vous donc invulnérable, Et tu putas non posse lædi ? […] Nous ne croyons pas que la plûpart des Chrétiens assidus aux spectacles, puissent lire sans se sentir troublés & allarmés, tout ce qu’un zèle éclairé & véhément dicte au Théologien Espagnol contre leur fausse sécurité.
Si nous les prenons pour du Tragique, c’est parce qu’on nous l’a donné pour tel, que nous sommes accoutumés à nous en tenir à quelque ressemblance ; & qu’enfin, quand il s’agit de plaisir, nous ne croyons pas toujours nécessaire de calculer exactement ce qu’on pourrait nous donner. […] Ce premier Tragique avait pour ainsi dire raproché les passions des Anciens, des usages de sa Nation ; Racine, plus naturel, mit au jour des Pièces toutes Françaises : guidé par cet instinct national qui avait fait applaudir les Romances, la Cour-d’Amour, les Carrousels, les Tournois en l’honneur des Dames, les Galanteries respectueuses de nos Pères, il donna des Tableaux délicats de la vérité de la passion qu’il crut la plus puissante sur l’âme des Spectateurs pour lesquels il écrivait.
Ce préjugé soutenu par des savans, par des Poëtes du premier ordre, ne nous paroît pas difficile à détruire ; & nous nous croyons obligés de nous en charger, avec d’autant plus de raison, qu’il est impossible de rendre quelque éclat à la Scène Françoise, si on ne remet pas le Comédien à sa propre place, & les Auteurs & le public dans leurs droits.
Je ne crois pas qu’on me conteste cette définition, On sçait ce que c’est qu’un homme de mérite chez les sçavans.