Il ne cherche point l’abri de son nom pour en parer l’ouvrage qu’il médite, il manqueroit son but, & blesseroit sa propre délicatesse ; mais ce Grand dont le pouvoir est toujours plus fort quand il a moins d’éclat, détournera les coups de l’autorité ; il répandra des éloges, les accréditera auprès de la multitude ; les Censeurs couverts par le ridicule, seront réduits au silence ; ainsi ce même homme puissant qui n’auroit pu défendre, comme protecteur, cet écrit, le fera triompher comme panégyriste.
La raison de cette variété peut se trouver d’abord dans le stile propre à chaque Poète ; car le Poète qui écrira avec force rendra ses personnages plus fiers, plus hèroïques, que celui dont le stile est rempli de douceur.
On écrit aussi qu’Alexandre le Grand refusa de voir les filles de Darius, de peur qu’ayant vaincu les Rois, et les Conquérants du monde, il ne fût lui-même vaincu par la beauté des femmes.
Il me semble effectivement qu’un but réel et utile, si faire se peut, doit être le premier mérite de tout écrit.
Malherbes a dit des guerriers de son temps : Si les labeurs dont la France a tiré sa délivrance sont écrits avecque foi, qui sera si ridicule qui ne confesse qu’Hercule fut moins Hercule que toi ? […] On en a fait une parodie à l’honneur d’un Acteur qui jouoit Hercule aux pieds d’Omphale : Si tes vices, tes foiblesses aux genoux de ta maîtresse, sont écrits avecque foi, qui sera si ridicule qui ne confesse qu’Hercule fut moins Hercule que toi ? […] Mais il est bon qu’on écrive contre un si dangereux divertissement ; quelqu’un en profite, & l’on maintient la possession de la vertu contre le vice.
14 A cette suavité et douceur, la tristesse est opposée, et par conséquent au moyen nécessaire du salut : c’est pourquoi il a été bien nécessaire, que le saint Esprit, qui a inspiré ce qui est écrit en l'Ecriture sainte, nous exhortât tant de fois à ne bailler en nos cœurs aucune entrée à la tristesse ; que si parfois elle y entre, de la mettre incontinent dehors. […] Vous trouverez beaucoup de personnes qui ont écrit contre les Comédiens, et contre ceux qui les écoutent :Les comédies sont de soi indifférentes, il faut abhorrer les mauvaises. […] Vous serez comme les trois enfants jetés dans la fournaise ardente en Babylone, un seul cheveu de leur tête n’en fut point brûlé, ni leur robes aussi ; ains cette fournaise leur servit de rafraîchissement, comme une douce rosée ; une mauvaise pensée représentée par les cheveux, le dérèglement en votre corps, qui est comme la robe de l’âme, ne se trouveront point en vous : ains (ce qui est plus admirable, et qu’est arrivé à quelques bonnes âmes que je ne puis nommer, parce qu’elles vivent encore) vous sortirez de ces lieux-là, avec la douce rosée de la dévotion, et de l’union avec Dieu, comme si vous sortiez d’une Prédication, ou d’une Méditation ; ceci semblera étrange à ceux qui ne connaissent pas, comme Dieu traite les âmes qui lui sont fidèles en tout et partout ; ce que j'écris est néanmoins véritable.
lui-même vient de l’écrire. […] Monsieur De Voltaire pense bien différemment ; on l’a vu plus d’une fois attribuer modestement le succès de ses Pièces au zèle & à la bonne volonté des Acteurs, qui les portaient à se surpasser eux-mêmes : monsieur Diderot reconnaît de même l’excellence de leur talent, la part qu’ils ont à la réussite des Drames ; & cet estimable Auteur fait aujourd’hui mieux que jamais (on écrivait ceci dans le tems de la Reprise du Père-de-famille) que le mérite des Acteurs double celui de la Pièce.
Trajan en supprimait autant qu’il pouvait ; Alexandre retrancha les libéralités des Empereurs aux Comédiens ; Marc-Aurèle n’écoutait pas même quand il y était, il y lisait ses lettres, et écrivait ses dépêches : ils regardaient les spectacles, comme les académies de jeux, des lieux de prostitution, qu’on est quelquefois obligé de tolérer, malgré leur infamie et leur désordre. […] Théodoric écrit à cet Intendant, qu’il venait de nommer, pour l’instruire de ses devoirs et l’engager à les remplir.
Son témoignage contre les spectacles ne saurait en être affaibli, il fut écrit avant sa chute, et a toujours été cité dans l'Eglise comme d'une très grande autorité. […] Tandis que vous êtes dans l'Eglise du démon, les Anges du haut des cieux voient et écrivent ceux qui prêtent contre Dieu leur langue et leurs oreilles, écoutent ou profèrent des blasphèmes.
Nous verrons les Romains curieux d’apprendre ce qu’avoient écrit Sophocle, Eschyle, & même Thespis.
Ce sel de l’Esprit assaisonne les Comédies d’Aristophane, les écrits de Lucien, & ceux de l’Auteur dont parle Rousseau dans ces Vers : C’est dans ce bel Esprit Gaulois, Que le gentil Maître François Appelle Pantegruelisme, Qu’à Neuilli, la Fare & Sonin Puisent cet enjouement benin Qui compose leur Atticisme.
Je ne dirai rien de moi sur ce sujet, me contentant de faire parler ceux qui en ont écrit avec tant de force et de justice : écoutez-donc, mon cher Lecteur, quel a été le sentiment de saint CyprienEpist. ad Donat., lib. 2 [Epître à Donat, livre 2].
Les conversations, toûjours moins gênées que les écrits, en avoient toute la vivacité ; & même la liberté qui regne dans les cercles, rendoit le combat plus intéressant & plus vif. […] Si vous en doutez, faites-moi la grace de me dire quels faits l’une peut écrire, que l’autre ne puisse representer ? […] Permettez-moi de ne pas convenir avec vous que ces hommes doctes & pieux condamnent généralement tout le Theatre : permettez-moi d’avancer au contraire, qu’il en est dont les écrits capables de faire foi en cette matiere, exceptent certains Théatres, je ne dis pas par indulgence, & sans aucune note de censure, mais avec éloge & par un esprit d’équité. […] Ils s’y conformerent toujours dans leurs Ecrits, si vous en exceptez les Comiques, qui firent bientôt voir combien il est aisé à la malignité humaine de passer les bornes. […] Il étoit donc écrit dans les destins du Théatre que l’on raffineroit un jour sur l’Epicuréisme, afin de faire avaler publiquement le poison d’une doctrine encore plus Epicurienne ?
Le Grand-Maréchal de la Couronne, qui ne goûte aucune de ces permanences, s’y est vivement opposé : de vive voix & par écrit, il a présenté des notes comme les ministres des Puissances copartageantes, fait des oppositions, des protestations, occupe plusieurs seances, suspendu toutes les affaires pour terminer celle-ci : efforts inutiles. […] On a publié a Londres de pareils écrits contre le Parlement.
Dans une lettre écrite au Pape Célestin par le concile d’Ephèse, parmi bien d’autres crimes reprochés aux Nestoriens, on se plaint qu’ils ont fait afficher sur les murailles du théâtre un écrit contre S.
L'Homme de qualité, le Cleveland de l'Abbé Prévôt, quoique bien écrits, n'ont déridé le front de personne. […] Si l'on écrivait les entretiens du parterre et des loges, qui pourrait en soutenir la lecture ?
Ménage l’a louée en Latin, en François & en Italien ; il fut un de ses plus grands admirateurs, s’il faut en croire les vers ; mais il est vrai que les oracles des Muses sont comme ceux de la Sibille, écrits sur des feuilles que le vent emporte, rapidis ludibria ventis . […] juin 1684) dit que Christine encore Reine de Suède, mit tout en œuvre pour avoir le naturalisme de Jean Bodin, qui n’étoit alors qu’un manuscrit très-rare, & qu’on tenoit fort caché ; on fit par son ordre bien des recherches, enfin on le trouva, elle en fit faire des copies, & en enrichit la bibliothèque royale de Stocholm ; il est intitulé : de abditis rerum sublimium arcanis, à l’exemple du fameux Médecin Fernel qui avoit donné plusieurs années auparavant son Traité de abditis rerum causis, dont Bodin a profité, mais très-mal ; en donnant dans les deux excès opposés d’une superstition puérile & d’une impiété audacieuse ; c’est à tous égards un fort mauvais livre où l’Auteur dans des dialogues mal écrits entre sept interlocuteurs, combat toutes les Religions, surtout la Chrétienne pour établir le Judaïsme, ou plutôt la Religion naturelle, ce qui l’a fait appeler le naturalisme de Bodin, à peu près comme de nos jours le système de la nature. […] Le Roi vouloit avoit la nomination dès Bénéfices par la Regale ; Innocent XI s’y opposa ; écrivit, menaça ; pour lui lier les mains & le punir de son opposition & de ses menaces, Louis XIV fit agîr son Clergé, & publia les 4 fameuses propositions qui réduisent presque à rien la puissance du Pape.
CE que saint Charles Borroméea, le Pere Guzman, & le Pere Comitolus, Jésuitesa, Monsieur le Prince de Contib, Monsieur de Voisinc, le Pere Quillebeuf de l’Oratoired, Monsieur Nicolee, & plusieurs autres sçavans hommesf ont écrit contre tout ce qu’on appelle Comédie, est plus que suffisant pour faire voir que ce divertissement est interdit aux Chrêtiens en l’état qu’il est presentement. […] Mais il est plus à propos de les taire que de les dire, de peur qu’il ne semble qu’on en avertit plûtôt, qu’on ne les corrige. » Ce que cet Auteur suppose, qu’on se masque en Angleterre, ne s’accorde pas à ce que rapporte Polydore-Virgile, qui en a écrit l’histoire. […] Ceux qui usent moderément de la danse & du bal, se croient fort en seurcté du côté de la conscience, à cause de ce que S François de Sales a écrit de ces sortes de récréationsc.
Voyons maintenant ce qu’ont fait nos Poëtes comiques qui devoient travailler à corriger les Mœurs : ils se sont conformés au goût national, suivant l’usage de tout Auteur qui n’écrit pas pour instruire, mais pour se faire une réputation.
Il est inutile de répéter ce que les Anciens & les Modernes ont écrit des mœurs dans la Tragédie.
Alexandre fit deux actes célebres de générosité envers les vaincus, après la victoire, il traita avec les plus grands égards dus à leur dignité, la femme & les filles de Darius, & le Roi Porus ; mais quoique les Grecs aimassent bien les spectacles, quoiqu’ils y réussissent parfaitement, Alexandre ne donna point la comédie à Lisigambis dans les pleines d’Arbelles, ni à Porus dans son camp, aussi ne trainoit-il pas dans son armée un régiment de comédiens, comme une troupe de pandoures ; il n’est pas même parlé de théatre dans sa vie, quoique écrite dans un grand détail, tant il l’aimoit peu.
Quoi, s’écriront ses Poètes, désespérés qu’on vueille modérer leur vol ; vous ne songez pas qu’il éxiste à notre Théâtre une Pièce qu’on applaudit tous les jours, quoiqu’elle soit en quatre Actes ?
C’est pour cela, très Saint Père, que j'ai cru vous devoir écrire avec confiance ce peu de mots, et vous envoyer à même temps un excellent ouvrage, composé par saint Charles Borromée, qui porta Grégoire XIII. prédécesseur de votre Sainteté, à qui saint Charles même le fit voir, à terminer les contestations qui troublaient sur ce sujet la ville de Milan, par ses Lettres Apostoliques ; et à défendre même dans Rome, comme nous lisons dans la vie de saint Charles, et les masques, et toutes sortes de spectacles les jours des Fêtes, et les Vendredis.
Les Histoires Saintes n’ont pas été écrites pour donner du plaisir aux peuples, mais pour les porter à imiter les vertus des Saints qui seraient profanés dans des bouches impures, et par des misérables qu’on a bannis du commerce des gens de bien.
Enfin Horace, dit encore, « que les Romains avoient le génie profond, élevé & propre au tragique ; mais qu’ils craignoient le travail, & croyoient qu’il leur étoit honteux d’effacer ce qu’ils avoient une fois écrit ».
… Hé-bien… on me l’a rendu… Ma sœur, comme elle… je suis… Ma plume refuse de l’écrire ; & pourquoi, si je dois mon bonheur à cette entreprise desespérée !
Les poésies des poètes provençaux furent appelées romans, parce qu’elles étaient écrites dans un idiome qui tirait son origine de la langue latine ou romaineh.
« On a écrit que ces flétrissures étaient moins imposées à de vrais comédiens, qu’à des histrions et farceurs qui souillaient leurs jeux d’obscénités et d’indécences : mais cette distinction est insoutenable ; car les mots de comédien et d’histrion étaient parfaitement synonymes, et n’avaient d’autre différence, sinon que l’un était grec et l’autre étrusque.
Je commence cet Abrégé par celui des passages de l’Ecriture Sainte, des canons des Conciles, et des Ouvrages des Saints Pères contre les Spectacles, parce que c’est le fondement de tout ce qui a été écrit sur cette matière.
Je craindrois de vous refuter sérieusement, & je veux croire que vous sentez toute la fausseté de ce qu’une effervescence momentanée vous a fait écrire contre cette aimable moitié du genre humain. […] Il n’appartient qu’à vous d’écrire contre les femmes, que vous idolâtrés, en faveur de la danse, que vous détestez, & contre les spectacles, que vous aimez à la passion. Vous êtes heureux, si cette opposition de vos sentimens à vos écrits est par tout égale.
Mais ce qui paroît plus étrange encore, c’est que l’homme qui écrit pour préserver ses lecteurs de ces écueils, les envoie tous au théâtre comme à l’école des mœurs où l’on trouve des leçons continuelles de sagesse. Le théâtre, si on l’en croit, est aujourd’hui épuré ; et c’est cependant ce même théâtre d’aujourd’hui dont les funestes effets sont décrits dans les quatre gros volumes de son livre… En vérité notre morale a subi une étrange révolution : lors même qu’elle paroît avoir conservé quelque reste de sa pureté, elle est destituée de toute logique, et ne sait plus dire ou écrire le bien que par inconséquence.
Nos doctes Parfumeurs dans les Traités qu’ils ont donnés, auroient dû faire un Commentaire du texte d’Athenée, ils y auroient appris bien des recettes pour de nouvelles odeurs, & marquer savamment la ressemblance de l’ancien odorat avec le notre, & auroient décoré leurs écrits d’un air scientifique. […] Ce poëme est d’ailleurs bien écrit.
Ce panégyrique perpétuel de tout ce qui porte le nom d’Académicien est écrit d’un air simple & naïf qui séduit le lecteur, & lui fait croire toutes ces merveilles, il supprime toutes les taches, il ne laisse voir que le bon ; encore n’a-t-il pas plu à tout le monde, quoiqu’il n’ait rien négligé pour lui plaire. […] Elles-mêmes le plus souvent se déchirent les unes les autres ; tout ce qui jamais a été fait, dit ou écrit contr’elles, la comédie le rassemble ; un recueil de ces traits feroit des livres, & seroit la satyre la plus sanglante.
La Fontaine est couvert d’un manteau sur lequel sont bizarrement répandus des rubans jaunes, où sont écrits en lettres noires les titres de ses Contes. […] Le fameux Ralaigh écrivit la lettre d’un amoureux à son ami Cacis, espérant qu’on la feroit voir à la Princesse.
D’abord, je m’étois proposé d’aller vous communiquer de vive voix mes réflexions, mais elles sont en grand nombre, et j’ai craint d’en omettre quelques-unes ; j’ai appréhendé encore que, dans une conversation rapide et toujours superficielle, nous ne puissions, moi, approfondir la matière, vous, peser mes raisonnemens ; enfin, pour vous donner les lumières que vous consentez à recevoir de moi, il faut que je sois méthodique : tout m’a déterminé à écrire. […] Ce Drame pillé, commun, puéril, est écrit du style le plus plat.
27.) écrit, au nom de Théodoric, à un Sénateur qu’on avait insulté au théâtre, que c’est tant pis pour lui, qu’il ne devait pas y aller, que ce n’est pas la place d’un Magistrat, huc nesciunt convenire Catones ; qu’il se fera respecter partout ailleurs, mais qu’il ne répond pas du théâtre : « Mores graves in spectaculis quis requirat ? […] Elle en fit trophée, en reçut les compliments, et plusieurs se firent écrire à sa porte.
Ecrire tout à la fois en faveur de la Chaire, du Théâtre et du Barreau, dont les maximes sont trop souvent en opposition entre elles, n’est-ce point, sans nécessité, s’exposer au reproche d’être en contradiction avec soi-même ? […] Et n’est-ce pas moins pour les Romains que pour nous-mêmes, qu’un bel esprit de la cour d’Auguste avait écrit cette prédiction éclatante ? […] n’est-il donc pas écrit : « heureux ceux qui pleurent ! […] Non je ne l’invoque point, cette censure si redoutée de nos auteurs d’un jour ; mais je veux que chaque poète soit son propre censeur ; je veux que la morale la plus pure soit la première muse qui l’enflamme et l’inspire, qu’il n’écrive qu’au flambeau de la vérité, et qu’avec les sentiments d’un véritable ami de la patrie. […] La débilité de ses forces ne saurait même le rendre totalement étranger à ses nobles fonctions : s’il est dans l’impuissance de soutenir les fatigues du combat, par ses écrits lumineux, il enseigne, aux autres le secret d’y triompher.
Vous ne devez pas être surpris, Théologien aussi illustre, dit-on, par votre qualité, que par votre mérite, que la Lettre que vous avez écrite à votre ami, pour lui marquer vos sentiments touchant la Comédie, ait engagé quelqu’un à les réfuter. […] Ceux qui dans ces derniers temps ont écrit contre la Comédie ont rapporté des Vers de Tragédies les plus dangereux et les plus capables d’exciter dans le cœur de l’homme toute sorte de passions. […] On n’en voit point qui défende à un Religieux d’écrire en faveur de la Comédie ; cependant quand vous voudrez, je vous ferai voir par l’Ecriture que cela lui est défendu. […] Dans la Paroisse même de Saint Sulpice, pour l’administration du Saint Viatique, on ne se contente pas d’une renonciation verbale ; mais on en exige une par écrit, signée du malade. […] Je me contente de vous dire que vous auriez sans doute mieux fait, illustre Théologien, de vous défendre toujours de donner par écrit votre sentiment touchant la Comédie.
Quand Corneille a mis son qu’il mourut , l’auroit-il écrit au hazard, sans sentir les beautés de cette expression ?
Voici ce que lui écrit cet homme singulier, qui dans cette occasion sçait parfaitement réfuter ce qu’on pourroit dire de plus spécieux en faveur du Théâtre.