Le Mime ne s’était jamais fait accompagner que d’une flûte ; Pylade y ajouta plusieurs instrumens, même des voix ; & rendit ainsi les Fables régulières. […] On fesait ordinairement sur les enfans qu’on destinait à ce métier, la même cruauté, qu’un préjugé détestable autorise en Italie, pour conserver aux hommes une voix aiguë, toujours infiniment moins agréable que celle des femmes.
ce n’est pas merveille s’ils en retiennent quelque chose, s’ils se laissent aller à une désobéissance, qu’une voix commune fait passer pour une invincible fidélité, s’ils sont emportés par cette foule ; s’ils tombent étant tirés et poussés dans un chemin si glissant. […] Il est vrai que ces histoires étant mortes touchant d’abord beaucoup moins, que celles que la voix, l’action, l’habit, les mouvements des personnages animent dessus les théâtres.
A Monseigneur le duc de Nemours Monsieur, Encore que ce petit discours ne soit digne de la grandeur de votre esprit, j’ai cru que vous me feriez l’honneur de l’accepter, non tant pour vous satisfaire, que pour honorer ma nécessité, qui espère que vous estimerez l’effet pour le mérite de la cause, et un pauvre don d’un riche désir : le mien n’a rien de plus cher que le respect qu’il rend en affection à vos perfections, Monsieur, qui enrichissent le monde, remplissent les âmes d’admiration, l’univers de gloire, et cette grande Princesse (vive image de la vertu de nos antiques Rois) de contentement, voyant plus louer la personne que le Prince, parce qu’il est aussi grand de mérite que de nom, en l’un la pensée manque, en l’autre la voix se perd : Et pour ne perdre cette petite œuvre, j’ai pris la hardiesse de l’appuyer du vôtre, Monsieur, jugeant qu’il n’aura faveur ni lumière que celle qu’il tirera de vous, qui portez en terre les grâces du Ciel où il éclairera ses ténèbres : Et parce qu’en l’entreprise glorieuse la faute est digne de pardon, j’ai cru que vous y serez aussi prompt, Monsieur, comme je vous ai vu libéral aux louanges de l’esprit de la Signore Isabelle, dont les Comédies se peuvent maintenir, puisque vous les avez jugées, Monsieur, un plaisir semblable aux repos des Avettes, où il n’y a souillure, pollution, ni amertume : la crainte que mes paroles en apportent aux douceurs de vos Muses, me fera finir, et en toute l’humilité que je puis, vous baiser les mains, et supplier me permettre la gloire de me qualifier, Monsieur, Votre très humble, très obéissante, et très fidèle servante.
Des Ariettes, & des autres parties du Chant théâtral à une seule voix. […] Le Musicien Français s’épuise dans l’Ariette à faire briller ses talens & la voix d’un Chanteur ; au-lieu qu’en composant un air, il ne s’applique qu’à peindre un sentiment. […] Le sentiment de cet Auteur, dont les connaissances sont si vastes, servira d’appui au mien, & achèvera de convaincre les plus obstinés « Ce déffaut, dit-il, consiste à mettre dans toutes les Scènes de ces petits airs coupés, de ces ariettes détachées, qui interrompent l’action, & qui font valoir les frédons d’une voix éfféminée, mais brillante, aux dépens de l’intérêt & du bon sens ». […] Quoi qu’il en soit, les morceaux de Chant à une seule voix, où règne la tendresse, me paraissent presque toujours, dans les Drames du nouveau Théâtre, d’une froideur insupportable.