La voix du comédien était grossie ou par la manière dont la bouche de son masque était construite, ou parce qu’elle était répétée par de certains instrumens, placés sur les côtés de l’avant Scène, ou du proscenium. […] Mais quand je le vois reparaître sous une autre forme, son ton, ses traits & sa voix, qu’il m’est facile de reconnaitre, me découvrent le Comédien, par ce qu’il n’est pas naturel qu’on se métamorphose dans le monde en une autre personne.
Ces pièces, dont la simple lecture, faite dans le silence du cabinet, serait capable d’échauffer votre âme, l’embraseraient d’un feu impur lorsqu’elles sont animées par les voix séduisantes des acteurs et par leurs attitudes passionnées. […] Vous avez pour vous diriger l’Eglise de Jésus-Christ, qui est la colonne de la vérité : écoutez sa voix, vous marcherez dans le chemin du salut.
Jesus-Christ formeroit ces sons d’une voix ou d’un instrument qui corrompt les cœurs ? […] où vous ne donniés à vos sens que le triste ; mais solide plaisir de la mortification, où vôtre esprit ne s’occupoit que des choses du Ciel, où vôtre bouche ne prononçoit que des protestations d’une nouvelle fidelité, où vôtre voix ne servoit qu’à entonner des Cantiques sacrés, où l’on ne mangeoit que pour vivre, où l’on ne faisoit ensemble quelques repas sobres & mediocres, que pour serrer plus étroitement les nœuds sacrés d’une commune charité, où l’on ne parloit que de souffrances, que d’austerités, que de pénitence, où l’on s’entrexhortoit au martire, où l’on se préparoit à la mort par la pieuse lecture des consolantes verités de l’Ecriture, ou par la meditation des souffrances de Jesus-Christ. […] Quand même il ne devroit y avoir qu’un seul reprouvé de nous tous, & qu’une voix du Ciel nous le viendroit annoncer sans assigner qui il est, qui de nous ne trembleroit pas ?
A leurs voix, les commandements de l’Eglise ont refoulé dans l’Evangile les commandements de Dieu…. […] Un repas plus varié remplace la nourriture monotone de la semaine : un peu de vin rougit leurs verres ; ils se dédommagent aujourd’hui de la privation d’une jouissance qu’il ne leur est pas permis de goûter dans l’enceinte de la ville ; ils se soustraient à une loi plus dure que celle de Mahomet, et ils reconnaissent la vérité de ces paroles de l’Écriture : « Le bon vin réjouit le cœur de l’homme. » Au milieu de ces réunions nombreuses, mais différentes et étrangères les unes aux autres, il s’établit bientôt une communauté de gaîté : la chanson se fait entendre, non plus cette chanson grivoise d’autrefois ; mais la chanson devenue populaire de notre Béranger, et l’hymne patriotique réunit bientôt toutes les voix, qui répètent en chœur son refrain. […] vous ignorez le charme empoisonneur ; De l’absolu pouvoir vous ignorez l’ivresse, Et des lâches flatteurs la voix enchanteresse. […] Nous, toutes les fois que les voix de ces hommes et de ces femmes (comme ils les appellent) viennent religieusement, spontanément s’unir à nos cantiques, nous nous en félicitons, et nous croyons qu’accompagnés de leurs chants mélodieux, ces hymnes s’élèvent vers l’Eternel comme un encens plus agréable. […] Faites qu’ils répètent avec nous ces paroles si consolantes de votre Fils : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés, et je vous soulageraiad. » Faites enfin, ô mon Dieu, que ma voix, répondant à mon zèle, puisse franchir l’étroite enceinte où je vous invoque, et que tous les chrétiens répètent encore avec moi : evangile bonne nouvelle !