Sur son front, dans ses traits la grace répandue (ce n’est pas au moins la grace intérieure du Saint-Esprit, qu’on ne s’y trompe pas), son maintien, de ses yeux la touchante douceur, & le son de sa voix encore plus enchanteur, &c. […] vous-même tremblez que ces cris redoutés, Qu’éleve vers le ciel une voix désolée, Sous les pieds d’un tiran l’innocence accablée, Ne sorte de mon ame & ne soit exaucée (un cri élevé d’une voix, un cri sorti d’une ame, quel langage !).
Au fils de Racine, comme à celui de Virgile, on leur criera d’une commune voix, sur tout s’ils ont hérité des talens paternels : Embouchez la trompette, & qu’elle retentisse dans vos mains des noms glorieux que vous portez. […] Il s’insinue dans le cœur par la voix de la nature ; il le pénètre, l’émeut, l’attendrit. […] Je voudrois que tout Instituteur de jeune Prince fît apprendre par cœur à son élève, & lui expliquât les Vers suivans : De l’absolu pouvoir vous ignorez l’ivresse, Et des lâches flatteurs la voix enchanteresse.
Les comédiens, pour marquer leur reconnoissance & leur regret par un trait de leur métier, formerent le convoi depuis le palais jusqu’au tombeau ; &, dans tout le chemin, ils jouerent réellement la comédie, en représentant toutes ses actions, en vrais pantomimes, contrefaisant sa voix, copiant ses manieres, imitant son style, couvert de l’habit impérial, comme Moliere joua Georges Dandin & Pourceaugnac avec leur habit.
On n’ose découvrir ses propres sentimens ; on n’ose montrer ses plaies, mais on affecte une indifférence extrême ; on cherche divers prétextes pour s’éloigner de ce qui est permis ; on prête une oreille attentive à la voix de la volupté qui semble encore se faire entendre ».