Porée, traitant la question des spectacles, soutient qu’ils pourroient être une école de vertu ; mais il ajoute en même-temps que, par notre faute, ils ne sont que l’école du vice. […] « Seroit-ce que pour devenir tempérant & sage, il faut commencer par être furieux & fou. » Il voit plutôt le contraire : il voit que la peinture qu’on fait d’elles les rend préférables à la vertu ; que les plus grands scélérats jouent sur le théâtre le plus beau rôle ; qu’ils y paroissent avec tous les avantages & tout le coloris des exploits des héros ; que les Mahomet y éclipsent les Zopire, & les Catilina les Cicéron ; que de semblables portraits ne sont propres qu’à faire revivre les originaux. […] Je vois encore ici la marquise de Lambert favorable à ce frondeur déterminé : « On reçoit au théâtre de grandes leçons de vertu, & l’on en remporte l’impression du vice » : Telle femme y est entrée Pénélope, & en est sortie Hélène *.
On fait beaucoup valoir quelque bonne pièce où l'on parle raison, religion et vertu. […] Charles lui-même, avec tout le crédit que lui donnaient et sa place et sa vertu, et tous les moyens que lui suggéra son zèle, n'a pu supprimer le théâtre à Milan. […] » Tout est lié dans le vice et dans la vertu par un enchaînement souvent imperceptible, mais toujours efficace.
Nous avons la consolation, de voir dans la Ville, qu’il y a des Dames d’une vertu solide, qui nous édifient très-souvent, & qui sont si assidues aux devoirs de la Religion, qu’on les voit frequemment qu’elles s’approchent de la sainte Table : peutêtre il y a de ce nombre quelques-unes, qui pourroient dire ; tout ce que nous voions, tout ce que nous entendons, quand nous allons à la Comedie, nous divertit, & rien de plus ; du reste nous n’en ressentons aucune impression, & n’en sommes nullement touchées.
La vertu convertit tout en bien, et le vice tout en mal.