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93. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

Voilà, Messieurs, tout ce que je voulais vous dire, car pour l’Histoire des Capucins, il paraît bien par la manière dont vous la niez que vous la croyez véritable. […] Non, Messieurs, je sais combien ce Cordelier est décrié parmi vous ; on se plaignait encore en ce temps-là d’un Capucin, et ce sont des Capucins qui ont bu le cidre, il se peut faire que celui qui m’a conté cette aventure, et qui y était présent, n’a pas retenu exactement le nom du Père dont on se plaignait, mais cela ne fait pas que le reste ne soit véritable, et pourquoi le nier ?

94. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « V. Si la comédie d’aujourd’hui purifie l’amour sensuel, en le faisant aboutir au mariage.  » pp. 19-24

Il faut toujours que les règles de la véritable vertu soient méprisées par quelque endroit pour donner au spectateur le plaisir qu’il cherche.

95. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. — Conclusions générales. » pp. 371-378

Les comédiens du troisième âge, ayant reçu leur institution du prince et des lois du royaume, ne sont point comptables de leur profession au clergé ; L’abjuration de cette profession, exigée par le clergé, est un véritable délit, parce que aucune autorité dans l’Etat n’a le droit de vouloir le contraire de ce qui a été créé et autorisé par les diplômes du prince et la législation du pays ; Le refus de sépulture, fait par le clergé aux comédiens, est encore un délit manifeste et réel, puisque c’est infliger une action pénale, imprégner un mépris public à une profession que le prince, les lois du royaume, les ordonnances de police ont instituée et régularisée ; et en cette circonstance l’outrage est non seulement fait à la personne et à la profession du comédien décédé, mais encore aux autorités suprêmes qui ont autorisé et commandé son exercice : voilà pour ce qui concerne l’état politique et celui de la législation ; c’est aux procureurs du roi qu’il appartient de faire respecter, par toutes les autorités existant dans l’Etat, ce qui a été institué et par l’action du prince et par le fait de la législation et des règlements de la police du royaume ; Le refus de sépulture est encore un autre délit envers les lois ecclésiastiques même, puisque, pour avoir lieu d’une manière canonique, il faut que les individus auxquels on veut l’appliquer aient été excommuniés, dénoncés dans les formes, et que jamais les comédiens du troisième âge ne se sont rencontrés dans cette catégorie ; Le clergé de France est d’autant moins fondé à frapper les comédiens de ses sentences exterminatoires, qu’il a lui-même aidé à leur institution, et que dans le principe de leur création les prêtres ont rempli des rôles dans les mystères que les comédiens représentaient ; que les obscénités, les scandales qui se pratiquaient alors dans les églises, ou dans ces comédies pieuses, étant tout à fait nuisibles à la religion, l’autorité séculière a fait défendre aux prêtres de remplir désormais des rôles de comédiens, et à ceux-ci de ne plus prendre leurs sujets de comédie dans les mystères de la religion ; Le clergé, dans l’animadversion qu’il témoigne contre les comédiens, signale son ignorance, son injustice, son ingratitude, et démontre en outre qu’il agit avec deux poids et deux mesures, ce qui est on ne peut pas plus impolitique pour un corps aussi respectable ; car on a vu que c’étaient des papes et des cardinaux qui avaient institué des théâtres tant en Italie qu’en France ; on a vu un abbé, directeur de notre Opéra à Paris, on a vu les capucins, les cordeliers, les augustins demander l’aumône par placet, et la recevoir de nos comédiens ; on a vu les lettres où ces mêmes religieux, prêtres de l’Eglise apostolique et romaine, promettaient de prier Dieu pour la prospérité de la compagnie des comédiens.

96. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

Or, voilà, mes Frères, la véritable idée que l’on doit avoir des comédies les plus estimées. […] Jusqu’ici, mes Frères, je n’ai considéré le théâtre que du côté de sa morale & de ses maximes, & je crois avoir suffisamment prouvé que sous ce point de vue, il mérite plus que jamais les anathêmes de l’Eglise & l’horreur des véritables Chrétiens. […] Il est donc nécessaire qu’il y ait des Spectacles, comme il est nécessaire, selon Jésus-Christ même, qu’il y ait des scandales : necesse est ut veniant scandala, afin qu’on puisse discerner les véritables Chrétiens de ceux qui n’en ont que le nom. […] Mais tout ce qui est véritable & sincère, tout ce qui est honnête, tout ce qui est saint, tout ce qui est d’édification & de bonne odeur, que ce soit-là l’objet de vos pensées & la règle de vos mœurs ; & que la paix de Dieu, cette paix infiniment supérieure à tous les plaisirs du monde ; cette paix qui surpasse tout sentiment & toute pensée, garde vos esprits & vos cœurs en Jésus-Christ notre Seigneur, jusqu’à l’éternité bienheureuse que je vous souhaite au nom du Père, &c.

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