Quelque grande que soit la liberté qu’on se donne de se masquer, quelque grande que soit la tolérance des Magistrats, il est certain que les masques sont défendus par les loix du royaume & par celles de la plupart des peuples, & sur-tout par la loi de Dieu, qui les traite d’abominables. […] & tous les bons Casuistes, traitent en général ce péché de mortel. […] On peut voir Seldenus, qui traite savamment cette matiere, & les Auteurs qu’il cite, de Legib. […] Dans le vieux Recueil d’Arrêts d’amour, livre burlesque du seizieme siecle, fort inutilement orné d’un commentaire latin d’un savant Jurisconsulte, où l’érudition de toute espèce est prodiguée à pure perte, on trouve l’Arrêt 42. qui traite burlesquement la matiere de masquerie, suivie d’unu ordonnance comique.
Nous ne traitons pas ainsi les pauvres, dit la loi : la pauvreté n’est pas une infamie, les plus grands Seigneurs ne se mésallient pas en les prenant ; mais on ne peut trop mépriser et écarter les Comédiennes et leurs filles, ainsi que les filles des pourvoyeurs de femmes publiques : « Amplissimis dignitatibus licet pauperem in matrimonium accipere ; humilem et abjectam hanc minime judicamus. […] La même loi étend cette grâce aux filles des Comédiens, aux mêmes conditions ; mais si elles sont nées depuis la réhabilitation de leurs mères, alors n’ayant jamais été enveloppées dans leur infamie, elles n’ont pas besoin de se faire réhabiliter : « Si post purgationem matris sint natæ, non subjacent legibus. » Il est défendu de traiter en légitimes les enfants nés d’une Comédienne, ni même d’une fille de Comédienne, non plus que les enfants d’une esclave on d’une fille de marchand d’esclaves, ou de leur rien donner directement ni indirectement par des personnes interposées. […] Leurs filles, formées à leur école, ne sont pas moins à redouter : « Et sequitur leviter filia matris iter. » Que si quelque Magistrat s’oublie jusqu’à avouer et à traiter en légitimes de pareils enfants, il devient infâme lui-même : « Senatores, Præfectos, etc. placet maculam subire infamiæ, si ex ancilla, scenica, scenicæ filia, vel lenonis filia, susceptos filios in numero legitimorum habuerit, etiam cum nostri prerogativa rescripti quidquid ei donaverit, sive per interpositas personas, totum reddatur. » (L. […] A Paris on les traite souvent en Princes, on les enferme dans les maisons royales, les Acteurs à Bicêtre, les Actrices à la Salpetrière, où l’on ne leur épargne pas la correction.
Il est très attentif, dit Longin, à traiter d’une maniere Tragique ces deux Passions, la Fureur & l’Amour. Euripide ne parle jamais le langage de la tendresse, il peint seulement les fureurs de l’Amour : c’est ce que Longin appelle traiter cette Passion d’une maniere Tragique εκτραγῳδησαι, maniere si long-tems ignorée parmi nous. […] Il osa faire plus, il osa comme Euripide εκτραγῳδῆσαι, traiter l’Amour d’une maniere tragique, & peindre dans Phedre vertueuse toute l’horreur d’une passion criminelle.
Je sais qu’on ne pèse pas les auteurs à la livre, qu’on ne mesure pas le génie à la toise, comme ce riche ridicule, qui pour se donner un air savant, traitait avec un libraire, et se faisait fournir des livres comme des tapisseries ; cependant à mérite égal un grand ouvrage l’emportera sur une brochure. […] Corneille s’offensera-t-il d’être traité comme il traite les dieux ? […] Il en a vraisemblablement profité dans le dixième livre de ses Institutions, où il traite au long cette matière. […] A voir cet homme traiter légèrement de tout, d’un air tranchant et décisif, on le prendrait pour un grand maître à qui toutes les sciences sont familières. […] Et, si le roi des Huns ne lui charme l’oreille, Traiter de Visigoths tous les vers de Corneille.