Grand nombre de pièces de Monfleury, de Molière, de Poisson, du théâtre Italien, de presque tous les Poètes comiques, en renferment des traits piquants, la Comtesse d’Escarbagnas, les Fourberies de Scapin, le Sicilien, Pourceaugnac, la Femme juge et partie, Arlequin Procureur, etc. […] En voici quelques traits. […] Voici deux traits les plus singuliers. […] Finissons ce chapitre par le trait qui termine la première satire de Perse. […] Mollement renversé dans sa chaise à porteurs, Le matin au palais, et le soir au théâtre. » On peut voir ce trait de Perse employé au même usage que nous en faisons, dans le Commentaire de Thévenot sur les ordonnances (L.
Voici un trait dans l’Ecriture qui regarde encore les spectacles le plus près. […] C’est le langage même, c’est la peinture des passions, mais peinture fine, naïve, pathétique, animée, & dont les traits délicats n’en sont que plus dangereux. […] on rentre chez soi avec un cœur blessé, qui porte encore le trait empoisonné ; on a perdu le goût de la vertu & de la pudeur ; les plaisirs légitimes deviennent insipides ; le crime devient un assaisonnement nécessaire pour les rendre agréables & piquans ; on méprise tout ce qui ne porte pas écrit sur le front le caractere du vice, tout ce qui n’est pas marqué au sceau du démon. […] Ce célebre Orateur, après avoir prouvé qu’il n’est point permis d’aller aux spectacles, & qu’il n’y pas un Philosophe ancien, soit grec, soit romain, qui n’ait regardé les spectacles, comme la source de tous les désordres, rapporte ce beau trait d’une illustre Princesse, dont toute la France a pleuré & pleurera long-tems la mort prématurée, (Madame Anne-Henriette de France.)
Et Ciceron ajoute qu’on trouve des traits de ce genre dans Plaute, & dans la vieille Comédie d’Athenes. […] Lorsque le Juge répond au Plaideur qui lui demande audience, Voyez mon Secretaire, Allez lui demander si je fais votre affaire ; ce mot dit par simplicité, fait sentir plusieurs traits picquans. […] Des traits fins & enjoués, répandus dans une Comédie ne suffisent pas : il faut savoir donner à toute la Comédie un tour plaisant.
Mais toi-même, bientôt, en te rendant justice, N’as-tu pas du Démon reconnu l’artifice, Qui pour mieux préparer son funeste poison, Sait donner à l’erreur un faux air de raison : Content que l’on affecte un dehors de sagesse, Plonge insensiblement les cœurs dans la mollesse ; Et fait du fol amour de si charmants portraits, Qu’on cesse d’éviter et de craindre ses traits ? […] Mon âme, qui se sent de sa grandeur première, Vole vers cet objet, s’y livre toute entière ; Et goûtant, à longs traits, l’aimable vérité, Conçoit pour tout le reste une illustre fierté.