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12. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XV. La tragédie ancienne, quoique plus grave que la nôtre, condamnée par les principes de ce philosophe.  » pp. 61-63

Les anciens du moins étaient bien éloignés de cette erreur, et ils renvoyaient à la comédie une passion qui ne pouvait soutenir la sublimité et la grandeur du tragique : et toutefois ce tragique si sérieux parmi eux, était rejeté par leurs philosophes.

13. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

S’il paraît que le genre tragique se soit plutôt perfectionné chez les Grecs que le comique, ce n’est pas une raison d’en conclure qu’il est beaucoup plus ancien. […] En voila assez pour autoriser mon systême ; la même chose est arrivée chez les Anciens ; ils ont créés peu-à-peu à l’aide de la Comédie le tragique entier. […] La Comédie se perfectionne en Grèce en même tems que le Tragique. […] Térence & Plaute surpassèrent Ménandre, & Sénéque copia faiblement quelques endroits des Tragiques Grecs. […] Les Grecs, qui conservèrent leurs vertus jusqu’à l’instant de leur esclavage, ne s’attachèrent qu’au Tragique ; ils y chèrissaient l’image de leur fierté, & des Héros qu’ils imitaient.

14. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

Les fameux Tragiques d’Athènes, & Aristophane même, tout outré qu’il est souvent, nous montrent dans leurs écrits, combien ils s’éfforçaient aussi d’être vrais dans le Sujet, dans l’Intrigue, & sur-tout dans le Dialogue. […] Les tragiques Français prennent assez communément Sénéque pour modèle. […] En général on peut dire qu’en France cette partie du Drame est beaucoup mieux traitée dans la Comédie que dans les Poèmes tragiques. […] Je montrerai en même-tems par l’éxemple de la Scène grecque de quelle manière nos Auteurs tragiques devraient couper le Dialogue de leurs Poèmes.

15. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VII. Les spectacles favorisent les suicides. » pp. 90-92

La plupart des pièces tragiques sont pleines de cette sorte de fureur, qu’on nomme force d’esprit, mais qui n’est au fond qu’une faiblesse occasionnée par un chagrin qu’on n’a pas le courage de surmonter. […] « De même que la lecture des romans rend l’esprit romanesque, l’assiduité au théâtre rend aussi l’âme tragique.

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