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206. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

Car, c’est là en effet, si je l’ose dire ainsi, leur pierre de touche pour le mérite : et celui qui n’en soutient pas l’épreuve, il est dès là rejeté. […] Ce n’est pas que je refuse ici à l’Auteur un aveu public de son bel esprit, dont je suis touché autant que qui ce soit : mais il me sera permis de lui avouer aussi que ses plaisanteries, si l’on peut ainsi les appeler, vont trop loin, et que son enthousiasme lui fait outrer les caractères.

207. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Où est celui qui peut dire qu’un tel Spectacle ne le touchera pas ? […] S’ils donnent l’aumône, tant mieux pour les pauvres qui la reçoivent : mais l’Eglise la leur conte pour rien, parce qu’elle sait que demeurant Comédiens, ils ne peuvent être touchés des biens qu’elle propose à ses enfants.

208. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Je ne touche point aux lauriers qui ceignent son front, élévation du génie, fermeté d’ame, étendue de connoissance, en un mot à toutes les perfections que lui prodigue la flatterie. […] En mourant elle défendit de toucher à son corps, & de le voir nud, afin qu’on ne perdit pas l’idée qu’on avoit de sa beauté, & qu’on ne fut pas instruit de ses défauts cachés qu’on dit avoir été grands. […] Notre Reine , disoit-on, nous fait voir beaucoup d’or & d’argent, mais il nous est défendu d’y toucher.

209. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

La différence est infinie entre Londres & Fontevrault ; Elisabeth n’auroit pas voulu de l’apologie & du parallèle ; le gouvernement monastique est d’institution humaine & arbitraire, le gouvernement de l’Eglise est d’institution divine à laquelle personne ne peut toucher ; qui peut donner les clefs du Royaume des Cieux, & le pouvoir de lier & de délier que Dieu seul ? […] On impute à Marie bien des choses, on n’en avoit point de preuves, & Londres n’y prenoit aucun intérêt ; mais la supériorité de beauté étoit évidente ; rien ne touche de plus près une Actrice. […] Quaud on vint le matin lui dire qu’il étoit temps de partir, elle se lève, prend son manteau, se couvre modestement de son voile, & marche vers l’échaffaud un crucifix à la main qu’elle ne cesse de regarder & de baiser avec le plus tendre respect ; quand elle y fut montée, ella adressa la parole à ses Juges & au peuple nombreux, que la curiosité y avoit attiré, elle proteste qu’elle est innocente du crime dont on l’a accusée, qu’elle meurt dans la Religion Catholique Apostolique & Romaine prête à perdre mille couronnes & mille vies pour cette sainte Religion qui fait tout son crime ; qu’elle pardonne de bon cœur tout le mal qu’on lui a fait ; qu’elle prie tous ceux qu’elle a pu avoir offensés de lui pardonner : le bourreau se jette à ses pieds pour lui demander pardon de ce que son devoir l’oblige de faire, elle lui pardonne volontiers, mais ne voulut point qu’il touchât à ses habits, se fit ôter son voile par ses filles, elle se mit à genoux, invoqua la Sainte Vierge & les Saints, pria Dieu pour le Royaume d’Écosse, de France & d’Angleterre pour le Roi son fils, la Reine Elisabeth, ses juges & ses persécuteurs, se banda les yeux, tend son cou au bourreau, récitant tout haut ses prières, & à ces paroles qu’elle répéta plusieurs fois : In manus tuas, commendo spiritum meum.

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