et n’est-ce pas sur eux principalement que tombe la malédiction lancée par Jésus-Christ contre ceux qui sont une occasion de chute pour les petits et les faibles ?
Je ne puis vous exprimer le plaisir que cette Lettre m’a donné : car outre que tout le monde doit être édifié des sentiments humbles et chrétiens dont elle est pleine, je vois avec joie que quelques mots un peu trop forts qui m’avaient échappé dans les Discours ne tombent que sur un Fantôme, et sur un Auteur inconnu, qui pour défendre la Comédie, s’est servi mal à propos du nom ou du moins des qualités d’un Prêtre et d’un Religieux tel que le R.
« Les chefs-d’œuvre de Corneille et de Molière tomberaient aujourd’hui, et s’ils se soutiennent, ce n’est que par la honte qu’on aurait de se dédire, et non par un vrai sentiment de leurs beautés ; une bonne pièce, ajoutez-vous, ne tombe jamais que parce qu’elle ne choque pas les mœurs de son temps. »s Après vous avoir fait distinguer ce que Molière et Racine ont bien fait de ménager dans nos mœurs, il est question de vous prouver maintenant que Molière surtout n’a pas à beaucoup près respecté ce qu’il y avait réellement de vicieux en elles. […] Un homme reçoit un coup d’épée, il est en danger de la vie, il tombe de faiblesse, un passant charitable touché de son état vole chez un Chirurgien, l’amène et lui remet le blessé dans les mains, le Chirurgien tire cet homme d’affaire et lui sauve la vie : le passant en est-il moins la cause première du salut de cet homme ? […] La citation exacte de Rousseau est la suivante : « Pour peu qu’il anticipât, ce Molière lui-même avait peine à se soutenir ; le plus parfait de ses ouvrages tomba dans sa naissance […] » i. […] [NDE] Dancourt reformule ici librement l’argument suivant de Rousseau : « Aussi, le goût général ayant changé depuis ces deux Auteurs [Corneille et Molière], si leurs chefs-d’œuvre étaient encore à paraître, tomberaient-ils infailliblement aujourd’hui. […] On dit que jamais une bonne Pièce ne tombe ; vraiment je le crois bien, c’est que jamais une bonne Pièce ne choque les mœurs de son temps. » Ibid., p. 20.
Il nous donne tacitement à entendre que la Grandeur seroit vn defaut, si elle estoit où elle ne doit pas estre ; & qu’il ne faut pas que la Comedie pense hausser de prix en s’aggrandissant, puis que la Mediocrité luy est tombée en partage ; Et qu’il y a vne Mediocrité toute d’or, toute pure, & toute brillante, que l’Antiquité a reconnuë, qui est sans doute celle de Terence & de l’Arioste. […] Il ne tonnoit pas deuant le Peuple, quand il n’estoit question que de faire nettoyer les ruës de la Ville, ou de releuer vn pan de muraille, qui estoit tombé, ou de taxer la viande de la boucherie. […] On y voit de plus, Monsievr, cinq ou six hommes derriere les Satyres & les Nymphes, entre lesquels je m’imagine Menandre & Aristophane, les tablettes & le crayon à la main, & aupres d’eux vn chariot à demy renuersé, d’où sont tombez des habillemens de Theatre, quelques flustes, plusieurs brodequins, & force masques.