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34. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [M] » pp. 426-430

Le but de l’Eglise en rassemblant ses enfans, n’est pas de les attrister, par des idées sombres, & de les tenir immobiles plusieurs heures de suite, dans une posture gênante : elle cherche au contraire à les remplir d’une joie pure, dans la célébration des Fêtes, pour leur rapeler les bienfaits de Dieu ; Héliot (Hist. des Ordres Monastiques) raporte que les persécutions ayant troublé la sainte paix des Chrétiens, il se forma des Congrégations d’hommes & de femmes qui, à l’exemple des Thérapeutes, se retirèrent dans les deserts ; là ils se rassemblaient dans des hameaux les Dimanches & Fêtes, & y dansaient pieusement en chantant les prières de l’Eglise. […] Cette émotion, qui s’excite machinalement, quand nous voyons nos pareils dans le péril, est une passion, dont les mouvemens remuent l’âme, la tiennent occupée, & cette passion a des charmes, malgré les idées tristes & importunes qui l’environnent. Voila la véritable explication de ce phénomène, & pour le dire en passant, de beaucoup d’autres qui ne semblent point y avoir de rapport ; comme par exemple l’attrait des Jeux de hazard, qui n’est un attrait, que parce que ces sortes de Jeux tiennent l’âme dans une émotion continuelle, sans contension d’esprit ; en un mot, voila pourquoi la plupart des hommes sont assujétis aux goûts & aux inclinations qui sont pour eux de fréquentes occasions d’être occupés par des sensations vives & touchantes.

35. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

Il y a même bien de la différence entre jouer et lire des comédies ; les décorations, les danses, le chant, les gestes, le ton de la voix, la parure des Actrices, la compagnie, en un mot cette multitude de dangers qu’on y rassemble, contre lesquels la plus ferme vertu ne tient pas, ne se trouve point dans la lecture ; on lit les livres des Médecins et des Casuistes, voudrait-on en voir la représentation ? […] Tous les ouvrages solides qu’on a donné contre la comédie, ont quelque chose de trop sérieux, qui rebute le lecteur, et décréditea l’auteur par un air de sévérité, qu’on impute à misanthropie, ou à un intérêt de robe et de parti qui fait tenir ce sombre langage. […] Les circonstances de ma vie m’ont toujours tenu, pour mon bonheur, hors de portée d’y aller.

36. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VII. » pp. 36-41

Votre Ballet allégorique, Mes Pères, ne nous faisant voir que de l’empressement de son côté, si on s’en tient là, n’a-t-on pas sujet de croire qu’il n’a été poussé à faire ce changement d’un petit Evêché à un Archevêché considérable, que par un esprit d’avarice et d’ambition. « Apparet eos, dit le Concile de Sardique, avaritiæ ardore inflammari et ambitioni servire, et ut dominationem agant. […] L’exemple du Pape Hilaire qui suivant la résolution d’un Concile tenu à Rome cassa la translation d’Irénée à Barcelone quoi que faite par les Evêques de la Province de Tarracone, fait assez voir ce qu’il peut faire dans cette occasion où le Ballet des R.R.

37. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVI. Sentiment de Saint Antonin. » pp. 93-96

Nous pouvons tenir pour malhonnête tout ce qui flatte la concupiscence de la chair ; et si Saint Antonin n’a pas prévu le cas de nos comédies ni les sentiments de l’amour profane dont on fait le fond de ces spectacles, c’est qu’en ce temps on songeait à de toutab autres représentations, comme il paraît par les pièces qui nous en restent. […]  , qu’elles tiennent dans la vie humaine le même rang que le sel dans nos nourritures ordinaires, non seulement la dissertation n’y sera pas appuyée, mais encore elle y sera condamnée en tous ses chefs.

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